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A la Une: un projet de révision qui ne passe pas au Mali
Publié le mercredi 21 juin 2017  |  RFI
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Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta veut modifier la constitution par voie de référendum. La consultation est prévue dimanche 9 juillet. « Officiellement, précise Le Monde Afrique, l’objectif principal de cette révision est de donner une suite à l’accord d’Alger, signé en mai-juin 2015 entre le gouvernement et la Coordination des mouvements de l’Azawad. L’accord est toujours en souffrance et cette modification de la loi fondamentale, si elle est adoptée, devrait officiellement permettre une plus grande décentralisation et une meilleure représentation des populations du nord du pays dans les institutions nationales. »

Seulement voilà, poursuit Le Monde Afrique, « pour l’opposition, le président Keïta, en fonction depuis septembre 2013, veut surtout accroître ses prérogatives, alors que se profile, en 2018, la présidentielle. L’opposition au texte se concentre autour de deux points précis, complète le site d’information. Le premier concerne le président de la Cour constitutionnelle. Jusqu’ici désigné par les autres membres de la Cour, il sera, si la révision de la Constitution est acceptée, nommé par le président de la République. Or, le président de la Cour constitutionnelle compte, parmi ses prérogatives, la responsabilité de proclamer les résultats définitifs des élections. IBK est donc soupçonné de vouloir, par cette mesure, préparer sa réélection en 2018. »

Par ailleurs, pointe encore Le Monde Afrique, « la désignation des membres du futur Sénat, dont le nombre de membres n’est pas encore défini, cristallise aussi les mécontentements. Si deux tiers d’entre eux seront élus au suffrage universel indirect, le dernier tiers sera désigné par le président. Une répartition censée permettre au chef de l’Etat d’accroître, là encore, la représentation des autorités traditionnelles, notamment du Nord, au sein de cette seconde chambre. Mais bien que la majorité parlementaire ait annoncé que des lois permettraient d’encadrer cette mesure, rien n’empêchera, de fait, le président de nommer qui il veut. »

Levée de boucliers

Résultat, une bonne partie de l’opinion malienne et de nombreuses formations politique s’insurgent contre ce projet de révision constitutionnelle… Et la presse n’est pas en reste avec de nombreux éditos et tribunes.

Ainsi pour Le Démocrate, « IBK doit répondre au cri de cœur du peuple qui l’a porté à la Magistrature suprême du pays, en retirant purement et simplement ce projet machiavélique, monarchique et présidentialiste. Monsieur le président écoutez la voix de votre peuple et non la voix de vos conseillers, de vos proches et votre majorité présidentielle qui ne se soucient que de leur tube digestif ! »

Pour sa part, l’ancien ministre Demba Traoré lance cette mise en garde dans le Républicain : « au lieu de chercher à consulter le peuple sur ce qui n’a rien d’essentiel ni d’important et d’opportun, guérissons d’abord les maux qui le rongent à savoir la mal gouvernance, la gabegie, l’arrogance des gouvernants, la corruption, l’insécurité, la précarité ! »

Reculer pour mieux sauter ?

Face à cette levée de boucliers, IBK a annoncé hier que la consultation pourrait être reportée… Commentaire du quotidien Aujourd’hui au Burkina : « ce n’est point du funambulisme politique, mais une tactique d’un vieux briscard de la politique, une stratégie du " reculer pour mieux sauter " qui n’aura pas échappé aux autres crocodiles du Djoliba. » Toutefois, poursuit Aujourd’hui, IBK fait montre d’un certain « réalisme politique. Instruit sans doute par l’exemple de son voisin, le Burkina, IBK sait qu’à un an d’une présidentielle à laquelle il sera candidat, présidentielle risquée s’il en est au vu du bilan plus que mitigé de son quinquennat, il est inutile de gaspiller les dernières cartouches de baraka qui lui restent. »

Enfin, le site d’information Wakat Séra ne croit guère à un recul du président malien… « Si la date du 9 juillet pourrait être repoussée, Ibrahim Boubacar Keïta ne lâche pas pour autant l’affaire. Seul contre tous, dont des membres de son camp, le président, à qui l’on reproche de vouloir renforcer ses pouvoirs par le biais de cette révision, n’entend pas céder. Comme quoi, soupire le site burkinabé, les constitutions africaines seront toujours tailladées à souhait, tant que les appétits des gouvernants pour le pouvoir seront sans limite. Les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets, l’entêtement porte de moins en moins bonheur aux dirigeants africains ayant pour sport favori le tripatouillage de la loi fondamentale. »

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