Libre au plaignant selon le président de reformuler sa plainte ou d’interjeter appel devant la Cour
d’appel
Le procès en « diffamation » et complicité de « diffamation » opposant le président de la Commission défense et sécurité de l’Assemblée nationale, Karim Kéita au directeur de publication de l’hebdomadaire « Le Sphinx », Adama Dramé, a connu hier une étape très importante au tribunal de Grande instance (TGI) de la commune III du District de Bamako.
Le président du tribunal, Faradji Baba a, conformément à la loi, confirmé les exceptions de nullité reprochées et soulevées le 14 juin dernier par les avocats de notre confrère Adama Dramé. Le tribunal a donc fait droit à ces exceptions en prononçant la nullité des poursuites initiées par le député Karim Kéita contre le directeur de publication de l’hebdomadaire «Le Sphinx», explique-t-il.
Autrement dit le tribunal a jugé irrégulière la citation directe (l’acte de saisine du tribunal) du président de la Commission défense et sécurité de l’Assemblée nationale. Et l’article 61 de la loi sur la presse donne des mentions que l’acte de saisine doit contenir.
Cette procédure n’a pas été respectée. En pareille circonstance, dira Faradji Baba, le fond de l’affaire ne sera pas abordé et jugé. Ce qui veut dire que le procès en «diffamation» contre Adama Dramé s’arrête donc là au niveau du TGI de la Commune III du District de Bamako, souligne le président du TGI. «S’ils ne sont pas satisfaits de ma décision, Karim Kéita et ses avocats peuvent réformuler une nouvelle citation directe (plainte) pour la reprise du procès en « diffamation » ou interjeter appel devant la Cour d’appel», explique le président du tribunal. Après ce verdict, les journalistes présents au procès ont explosé de joie car leur confrère venait d’être relaxé par le juge. «Il y a beaucoup de magistrats, mais il y a peu de juges. J’étais un peu désespéré de la justice malienne.
Mais aujourd’hui le président du tribunal, Faradji Baba m’a rassuré, car il a été un excellent magistrat et juge. Malgré les pressions politiques et familiales qui pesaient sur lui et sur mes avocats, il a été à la hauteur du procès et a dit le droit», s’est réjoui Adama Dramé.
Le directeur de publication de l’hebdomadaire « Le Sphinx » a, par ailleurs, précisé que le procès qui lui est intenté concernait aussi le chroniqueur Mohamed Bathily dit Rass Bath.
Il était organisé pour lui faire peur et le faire taire. Au Mali, soutient le prévenu, il y a plus de 200 milliards de Fcfa qui sont détournés par an.
«Le malfrat protégé par Karim Kéita, Seydou Bathily a détourné 5 milliards de Fcfa. Il a remis à la douane 4 faux chèques. Pourquoi cet homme est en liberté, s’il n’est pas protégé ?», s’est-il interrogé. «Chers confrères, on est à la croisée des chemins. Nous sommes un certain nombre de journalistes qui sont ciblés pour avoir dénoncé ce détournement. La loi sur le délit de presse est régie par des lois. On ne peut pas les contourner car elles sont votées par le législateur et il faut les respecter», a conclu Adama Dramé.