Les migrants sont encore à l’honneur. En effet, après le chantier de la « Maison des Maliens de l’Extérieur » et l’étude de faisabilité de la Banque des Maliens de l’Extérieur, avec la révision de la Constitution, c’est leur représentation au sein du Parlement qui est désormais ouverte. Pour préparer le terrain de ces innovations d’envergure, le gouvernement a réuni du 15 au 17 juin 2017 à l’Hôtel Radisson Blu, sous l’égide du Ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration Africaine, l’ensemble des acteurs impliqués dans la gestion de la migration : gouverneurs de région, ambassadeurs et consuls généraux du Mali, chercheurs, Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur (HCME), ainsi que d’autres associations de migrants.
A l’issue de trois jours d’intenses travaux en plénière et au sein des ateliers, des recommandations fortes ont été faites qui aideront à la prise de décision pour la mise en œuvre de la Politique Nationale de Migration (PONAM). Dès l’entame des travaux, d’éminents experts ont fait des communications qui ont campé le décor. Ainsi, la Pr N’Dioro N’Diaye du Sénégal, ancienne directrice de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), présentera la dimension géopolitique du phénomène migratoire, pendant que Madame Aminata Dramane Traoré, alter mondialiste de renom fera un exposé captivant sur le rôle de la société civile face à la volonté des puissances occidentales d’imposer leurs conditions aux gouvernements africains. Enfin, l’ambassadeur Fafré Camara de l’Union Africaine passera en revue l’état de la législation nationale sur la migration. Les participants ont également suivi avec beaucoup d’intérêt les communications de trois conseillers techniques du ministère, en l’occurrence Salia Traoré, Boulaye Kéita et Mme Tangara Néma Guindo, qui ont mis en lumière l’apport des migrants, les efforts consentis par le gouvernement, l’état des relations avec les Partenaires Techniques et Financiers, la question genre et la féminisation de la migration. Ce sont donc des participants bien préparés qui vont se retrouver dans les ateliers pour débattre et faire des recommandations.
Les défis étant importants tant au plan national qu’à l’international, l’essentiel du débat sur la problématique a été axé sur la nécessité de développer les zones de départ des migrants, autant pour freiner le phénomène que pour faciliter la réinsertion de ceux qui reviennent (axe 3 de la PONAM). Les différents panélistes ont ainsi traité de questions pratiques qui ont donné l’occasion aux participants, sur la base d’expériences vécues et de témoignages souvent poignants, de faire des contributions pertinentes. Vingt-et-une recommandations sortiront finalement des journées de concertation, avec en point de mire les points suivants : la nécessité d’une législation nationale adaptée permettant de sécuriser les migrants et leurs investissements, le développement des zones de départ, une meilleure formation et un renforcement des capacités des associations de migrants, la valorisation du retour d’expériences de la diaspora, la prise en compte du genre et surtout un traitement approprié de la question des jeunes issus de la seconde et de la troisième générations de migrants. Les journées de concertation sur le phénomène migratoire ont été un véritable succès pour le département des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration Africaine qui crée ainsi les conditions d’une mise en œuvre harmonieuse de la Politique Nationale de Migration. Cependant, des moyens budgétaires importants et le rattachement effectif des Consulats au département seront nécessaires pour la réussite de ce programme aussi ambitieux que stratégique pour l’avenir du pays. L’espoir est permis.
Les travaux ont été couronnés par une cérémonie de remise de médailles au Radisson Blu après la rupture du jeûne. Naturellement, le Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur et ses démembrements ont été largement honorés.