Il a tiré sa révérence, le 12 juin dernier, mais nous ne l’avons appris qu’une dizaine de jours plus tard. Aussi, nous ne pouvons rester sans réaction devant cette nouvelle qui attriste, singulièrement, le monde du football malien et, surtout, les nostalgiques de l’épopée de «Yaoundé 72».
Karl, comme nous l’appelons, affectueusement, a pourtant débarqué presque sur la pointe des pieds dans notre football, dans le dernier trimestre de l’année 70, au titre de la coopération allemande, dans le domaine du sport. Le régime militaire, deux ans après son installation, balaya le dernier vestige du socialisme, en remerciant l’entraîneur hongrois de la sélection nationale, George Toth, l’un des héros de l’équipe de Hongrie des années 50. Les Maliens n’avaient pas d’opinion prononcée sur le football de l’époque.
La démobilisation gagnait les éléments de l’équipe nationale, comme nous l’avait confié feu Ousmane Traoré «Ousmane Bléni» qui avait tenté, avec son ami Moussa Diallo «Ballani», une escapade en Côte d’Ivoire (1969).
Bref, Karl, qui avait un physique de travailleur des forges, s’attaqua à sa tâche de relever l’EDM dès le mois de novembre 1970, avec, comme objectif, la qualification pour la CAN de «Yaoundé 72». Une compétition qui, il est vrai, avait été négligée au profit des Jeux Africains que le pays aurait dû abriter, en 1969. L’Allemand commença par une courte victoire (0/1) à Niamey face au Niger confirmée (3/1) au match retour. Karl, qui avait fait de Kidian Diallo son capitaine emblématique, poursuivit son parcours glorieux par une élimination, sans contestation, de l’Algérie de la route des JO de Munich. Et comme Cheick Kouyaté s’activa à lui trouver un renfort de poids, en la personne de Bakoroba Touré, l’obstacle guinéen fut franchi avec une certaine aisance, à l’issue de deux duels homériques.
Le Mali tenait ainsi sa 1ère qualification à une phase finale de la CAN (la 8è). Les Aigles naissaient, de cette manière, sous sa férule.
Dans leur nouveau costume, ils effectueront un parcours qui ne s’acheva qu’en finale, le 5 Mars 1972, par une défaite (2/3) contre le Congo-Brazza. Un épisode, glorieux malgré tout, du football malien qui fera dire à Karl-lors de son passage au pays, en 89-«..si, c’était à refaire, je n’amènerais pas l’équipe à la CAN». Notre confère Souleymane Bobo Tounkara, qui a recueilli ses propos, en resta estomaqué.
Mais il a fallu vivre cette période pour comprendre l’amertume de l’Allemand à qui on avait refusé un staff médical compétent, au point qu’il se retrouva seulement avec … 7 joueurs valides, le jour de la finale. Et même s’il s’en défend, une large intrusion d’un dirigeant du Comité militaire, sans compter un certain désordre, savamment entretenu autour de l’Hôtel durant tout le tournoi, a beaucoup pesé sur les Aigles. Ce qui perturbera la sérénité des joueurs, comme nous l’a confié Kidian Diallo, joueur majeur d’un tournoi dont on n’a retenu, avec du recul, que les excès de l’environnement extra-sportif.
Karl-Heinz Weigang, né il y a 82 ans, aura servi au Sud-Vietnam, de 1966 à 1968, avant de prendre pied chez nous, de 1970 à 1974, temps pendant lequel il a dirigé 30 fois les Aigles. Après le Mali, il fit un court intermède au Ghana, avant d’aller en Malaisie, de 79 à 82 puis, encore, au Viet-nam, de 95 à 97. Il reçut, en 1998, l’Ordre du mérite de la FIFA pour son rôle de pionnier. Mais, c’est notre pays que sa mort rend orphelin puisqu’après son départ, le Mali resta aux portes des phases finales durant … 21 ans, mais, surtout, il demeurera le seul entraîneur qui a réussi à hisser les Aigles à une finale de la CAN. Le football lui sera toujours reconnaissant. Dors en paix, Mister Weigang.
Mad DIARRA
—
FIFA : «AUCUNE ENQUÊTE» SUR INFANTINO
Claudia Rojas, nouvelle présidente d’une des deux chambres de la justice interne de la FIFA, «a confirmé que tous les dossiers en suspens lui ont été transmis et qu’il n’y a aucune enquête préliminaire ni aucune procédure ouverte concernant», Infantino, peut-on lire dans un communiqué.
«Il est dans l’intérêt de la FIFA que le travail de la commission d’éthique ne soit perturbé par aucune conjecture», ajoute l’instance mondiale du foot, qui de ce fait «n’apportera plus de commentaires sur des spéculations dénuées de fondement». Selon des sources concordantes contactées par l’AFP, avant que son mandat arrive à son terme en mai dernier, Cornel Borbély, président d’une des deux chambres de la justice interne, avait ouvert une enquête préliminaire. Elle concernait de possibles agissements de M. Infantino en faveur de l’élection du Malgache Ahmad Ahmad en mars à la présidence de la CAF.
Cette investigation découlait d’éléments envoyés par des représentants africains, selon une source proche de la FIFA. Plusieurs témoins africains devaient se déplacer à Zurich, mais la convocation d’au moins l’un d’entre eux a été annulée alors que Borbély avait quitté la chambre d’instruction, a indiqué cette même source.
Selon The Guardian, Infantino aurait promis à plusieurs présidents de fédérations africaines d’accélérer le versement d’aides à leur fédération en échange de leur soutien à Ahmad. La FIFA a décidé lors de son congrès en mai de ne pas renouveler les mandats de Cornel Borbély et Hans-Joachim Eckert, respectivement présidents de la chambre d’instruction et de jugement de la Commission d’éthique de la FIFA. Borbély avait vivement réagi en assurant que «des centaines de dossiers» restaient en souffrance.
La FIFA avait précisé récemment qu’«une transition a commencé entre l’ancienne équipe de la commission d’éthique et la nouvelle et les deux nouveaux présidents ont commencé à travailler». «Il n’y a eu aucune transition», a affirmé une source proche de l’ancienne équipe de la commission d’éthique.