Plus d’une fois j’ai constaté que le sens d’un mot va différer en fonction de notre culture. Cela me rappelle un discours d’Yves Texier (philosophe) : traduire est-ce trahir ? Il est vrai que la langue française est variée et donc riche même si son vocabulaire est moindre par rapport à la langue anglaise.
L’anglais ou langue technique possède plus de mots que la langue française, car c’est une langue plus précise. En revanche cette précision ne lui permet pas la diversification qui consiste à jouer avec les nuances des mots en français étant donné que bien souvent un seul mot possède à lui seul plusieurs sens.
La langue russe, elle ne connait pas la conjugaison du verbe être puisque son sens premier ne nécessite pas une transformation étant donné qu’il est impossible de le confondre avec un autre mot. Au Mali, la langue ne devrait pas, pour ceux qui maîtrisent le français, être un barrage. Et pourtant…
Je ne tiens pas compte du parler de chaque ethnie qui, pour moi reste, un imbroglio même si je comprends vaguement par déduction. Logiquement le français ne devrait pas me causer de problème puisque je le pratique depuis très longtemps. Pourtant, je constate que certaines phrases ont cette saveur particulière qui est la vôtre.
Tout d’abord cette coutume d’avoir des chéris ou des chéries ! Ecrire sur Facebook : “Je suis libre et j’invite toutes mes chéries à venir chez moi” est peu commun pour ne pas dire hors norme là où je réside. Si dans la rue un individu m’appelle chérie, je prends mes jambes à mon cou pour fuir le plus loin possible, car l’interprétation est tout autre que la vôtre.
En effet, dire à une inconnue “Ma chérie”, signifie tout simplement que votre intention est de l’avoir au lit pour un moment agréable. Ce petit mot, chéri (ou chérie) au singulier est uniquement réservé aux amoureux et ceux qui s’aiment d’un amour que l’on ne partage pas.
Même si je connais le sens du mot polygame, il faut quand même avoir une santé de fer pour avoir des chéries à ne plus savoir quoi en faire. Imaginez donc ma surprise quand je constate que vos chéries sont toutes présentes sur Facebook et en redemande : j’accuse le coup.
Et, pour me rassurer, je pense à la phrase d’un ami qui un jour m’a dit ceci : observe avant de porter un jugement ! Viens ensuite les homonymes où là encore je me dis que les Maliens sont de bien étranges individus avec des pères et des mères un peu partout.
Pénurie d’eau : ma petite mère très courageuse est allée toute seule chercher de l’eau pour me la rapporter ! Commentaire accompagné d’une photo montrant une petite fille de 4 ou 5 ans. Là, je me dis qu’il y a vraiment un truc à comprendre à moins que ce soit le soleil qui vous a fait perdre la tête (insolation). Et puis au fil des mois, ma famille devient la vôtre et vice-versa : un honneur pour l’étrangère que je suis avec mes défauts et qualités.
Même si j’ai pas mal voyagé vous êtes quand même le seul peuple que je connaisse qui a cette subtilité des relations amicales ou plus si affinité (qui ne tente rien n’a rien). Je ne suis pas née de la dernière pluie non plus. Disons que l’amour tel que je le conçois demande beaucoup de tact et de l’attention de la part du chéri, la courtoisie à la française, une belle et vraie complicité.
Oui j’aime cette galanterie avec des notes subtiles qui vont faire tout le charme de la délicatesse. Les Maliennes ne sont pas pour autant en reste car, à leur manière, elles savent elles aussi obtenir les faveurs de leurs compagnons. Au final, chacun y trouve son compte même si les chemins empruntés sont différents.
Donc, oui, notre philosophe Yves Texier a bien raison quand il dit qu’il y a dualité des pensées qui sont à traduire : le fond et la forme ! Une vieille expression littéraire, comparable en informatique au software (la partie intelligente d’un ordinateur) et au hardware (le matériel informatique).
Le fond, c’est le ressenti, ce qui apparait d’un texte, la forme, ce sont les mots employés. Que ce soit dans une même langue ou d’une langue à l’autre, notre interprétation devra tenir compte de nos différences si l’on ne veut pas trahir le sens. Toutes ces petites subtilités donnent à votre pays cette saveur si particulière qui fait de vous un peuple unique et précieux.