Le Tribunal de grande instance de la Commune III, en son audience du 14 juin dernier, a annulé toute poursuite contre notre confrère Adama Dramé, directeur de publication du journal d’investigations “ Le Sphinx“ pour non-respect de la procédure de mise en accusation.
Pour rappel, le directeur de publication du journal ” le Sphinx”, Adama Dramé avait publié un article faisant état de l’achat de l’hôtel “Les Hirondelles de Bamako “, rebaptisé hôtel Sofeto par l’honorable Karim Keïta à hauteur de 4 milliards de F CFA. Mécontent de cette nouvelle, le fils du président de la République porta plainte contre M. Dramé. Ce procès en diffamation contre M. Dramé avait débuté le 30 mai dernier par la fixation de la consignation à 250 000 F CFA et le verdict était renvoyé au 14 juin dernier. Après de nombreuses plaidoiries par la défense, le juge M. Baradji, en charge du dossier, a blanchi notre confrère Adama Dramé à son audience solennelle du 14 juin 2017 pour non-respect de la procédure normale.
A l’issue de ce procès, Me Diop, avocat de la défense, est revenu sur le vice de forme du dossier introduit par la partie civile. « Il faut noter que la partie civile n’a pas été en mesure d’apporter toutes les preuves convenables et le délai de la procédure n’a pas été respecté. C’est courageux de la part du juge en charge du dossier. Il est grand temps que les Maliens sachent que la première garantie des droits d’un citoyen c’est la responsabilité du magistrat. La République est un équilibre entre les citoyens. J’en suis fier du juge et fier d’être Malien”, a déclaré ce fervent défenseur des droits dans notre pays, Me Diop.
Il a invité les magistrats à faire preuve de sincérité dans le travail afin que le peuple malien soit fier d’eux. Me Diop avait du reste la conviction claire que l’exception formulée par la défense serait retenue par le juge. Et d’ajouter que “C’est le contraire qui nous aurait étonné. Je ne suis pas surpris mais je doutais surtout de la responsabilité du magistrat. Les conséquences juridiques de cette procédure, c’est que c’est fini. Quand on porte plainte contre quelqu’un, on s’assure surtout que cette plainte a été formulée par des professionnels. Ils doivent s’assurer et tout mettre en œuvre pour la recevabilité de leur demande. Le droit, c’est surtout la procédure. Si on n’est pas capable de réunir tous les éléments de forme, on perd le bénéfice de son droit. Voilà pourquoi, le juge a sanctionné.
Le directeur de la publication du journal “Le Guido”, Bassidiki Touré s’est également dit fier de la justice malienne. “C’est un sentiment de joie, une fierté pour la presse malienne. On est tombé sur un président de séance qui connait le droit. Il a accepté d’annuler ce procès faute de preuve”, a analysé M. Touré.
La partie civile n’entend pas lâché du lest, elle envisage de recourir à l’appel en juillet prochain auprès de la Cour d’appel de Bamako.