Difficile de dire si le quitus du Conseil de sécurité des Nations unies permet à la force du G5 Sahel de se déployer rapidement. La question du financement pose encore problème.
Au bout de 15 jours de négociations très difficiles, le Conseil de sécurité a finalement approuvé à l’unanimité le déploiement de la force antiterroriste du G5 Sahel, le mercredi 21 juin. Ce soutien politique satisfait les membres africains et la France qui portait ce texte, mais reste l’épineuse question du financement sur lequel les Américains restent totalement opposés. Ce sera la prochaine bataille.
Le Conseil de sécurité a donc fait front commun en obtenant un vote positif des Américains qui se sont montrés jusqu’au bout très réticents à voter une résolution. Le G5 Sahel obtient un soutien politique et légal qui satisfait néanmoins l’ambassadeur du Mali à l’ONU, Issa Konfourou.
“Cette force du G5 Sahel, une fois déployée, va lutter contre le terrorisme, va lutter contre l’instabilité qu’il y a dans la région et cela va contribuer forcément à la sécurité et au maintien de la paix dans le reste du monde, donc nous avions besoin de cette résolution”, a-t-il déclaré.
Mais ce soutien reste très prudent puisque la question du financement de cette force est renvoyée à l’organisation d’une conférence des donateurs. “Nous savons que cette guerre, c’est la nôtre, et nos chefs d’Etat ont décidé d’être à la ligne de front en mettant leurs efforts en commun et leurs moyens, modestes soient-ils, a-t-il poursuivi. Effectivement, nous avons besoin de l’appui international. Nous allons rapidement nous mettre en relation avec le secrétaire général des Nations unies pour voir dans quelle mesure nous pouvons rapidement organiser cette conférence internationale”.
Ce sera la prochaine étape et les Africains comme les Occidentaux comptent bien rappeler aux Américains qu’ils ont levé la main pour approuver le déploiement de cette force.
Malgré les félicitations du Conseil
Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté mercredi 21 juin 2017 à l’unanimité une résolution dans laquelle il se félicite du déploiement de la Force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S) sur l’ensemble du territoire des pays qui y participent, avec des effectifs en personnel militaire et personnel de police pouvant aller jusqu’à 5000 personnes, en vue de rétablir la paix et la sécurité dans la région du Sahel.
Le G5 Sahel, créé en 2014 et qui inclut le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad, a adopté une résolution le 6 février 2017 dans laquelle il a décidé de créer une force conjointe. C’est par un communiqué du 13 avril 2017 que le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a entériné le concept stratégique des opérations et autorisé le déploiement de la FC-G5S.
Dans la résolution 2359 (2017) adoptée mercredi, les membres du Conseil de sécurité de l’ONU prient instamment la force du G5 Sahel et les forces françaises déployées dans le Sahel dans le cadre de l’opération Barkhane “de veiller, au moyen des dispositifs pertinents, à l’échange d’informations et à la bonne coordination de leurs opérations, dans les limites de leurs mandats respectifs”.
Ils prient de nouveau le Secrétaire général de renforcer la coopération entre la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) et les Etats membres du G5 Sahel, y compris grâce à la fourniture à la Minusma de données de renseignement utiles et d’officiers de liaison issus des Etats membres du G5 Sahel.
Le texte rappelle, en outre, “que c’est aux Etats du G5 Sahel qu’il incombe de donner à la FC-G5S les ressources dont elle a besoin”, et “salue l’engagement pris par l’Union européenne d’apporter un soutien financier de 50 millions d’euros à la FC-G5S”.
La résolution “engage les partenaires bilatéraux et multilatéraux à apporter davantage leur appui, notamment par la fourniture d’une assistance suffisante à la FC-G5S sur les plans logistique, opérationnel et financier, et les engage également à convoquer rapidement une conférence de planification visant à assurer la coordination des efforts d’assistance des donateurs à la FC-G5S”.
Le représentant du Mali auprès des Nations unies, Issa Konfourou, qui s’exprimait au nom des membres du G5 Sahel, a déclaré qu’il ne s’agissait “pas d’une force de plus, ni d’une force de trop”. Selon lui, cette force conjointe va créer un environnement propice à la pleine réalisation du mandat de la Minusma.
Cette Force, a-t-il poursuivi, participe de la volonté commune des chefs d’États de la région de coordonner leurs efforts et moyens pour lutter efficacement contre le terrorisme, le crime organisé et les trafics d’êtres humains.