NANTERRE, Une jeune femme qui avait accusé ses parents, maliens, de l’avoir mariée de force en 2005 à un proche de la famille en échange de 150 euros s’est rétractée mercredi à leur procès devant les assises des Hauts-de-Seine, en reconnaissant "pas mal de mensonges".
Environ un an après le mariage coutumier, la jeune femme, alors âgée de 18 ans, s’était confiée auprès du service éducatif de Montrouge (Hauts-de-Seine).
Outre les accusations de mariage forcé, elle avait décrit sa mère comme quelqu’un de violent, expliquant qu’elle la battait avec un manche à balai ou du fil électrique.
Elle avait aussi fait état d’agressions sexuelles et de tentatives de viols de son époux trentenaire et craignait que l’une de ses jeunes soeurs, âgée de 15 ans, ne soit mariée de force en Afrique.
"Contrairement à ce que j’ai pu dire à l’époque dans mes dépositions, il y a eu pas mal de mensonges", a affirmé à la barre la jeune femme, 24 ans aujourd’hui, expliquant avoir accepté le mariage pour pouvoir quitter le domicile familial.
"Je voulais juste profiter de la vie et sortir. Ma mère était très à cheval sur les cours et moi je voulais arrêter l’école. Me marier avec lui c’était
une aubaine", a-t-elle dit, ajoutant que son ex-mari travaillait beaucoup et ne pouvait donc pas la "surveiller".
"Il me faisait des cadeaux. Avec son argent, je m’achetais des chaussures, des téléphones. J’étais contente et j’en profitais un peu", a-t-elle ajouté.
Concernant les rapports sexuels avec ce dernier, elle a assuré qu’ils étaient consentis.
Quant aux violences présumées de sa mère, elle a expliqué que c’était parce qu’elle-même était "agressive et très violente" à l’époque, ce que ses parents ont confirmé à la barre mais n’avaient pas dit lors de l’enquête.
"Je poussais ma mère et la giflais. Je pense qu’elle avait peur d’être en contact avec moi. Elle se protégeait", a-t-elle raconté, précisant avoir porté un coup de couteau à son ex-mari un jour où elle était "mal lunée".
Au cours de sa période conjugale, elle passait "(ses) journées au basket". "Si je n’y étais pas, je trainais dehors", a-t-elle précisé, disant ne pas avoir apprécié que son ex-mari contacte sa mère pour "tout lui raconter".
"Pourquoi avoir utilisé un couteau puisque vous dites qu’il ne vous violentait pas ?", lui a demandé l’avocat général.
"C’est de cette façon que je m’exprimais. A l’époque, cela ne me paraissait pas disproportionné", a répondu la jeune femme.
Fiancée à 13 ans, elle n’aurait pas été mariée si elle avait refusé, selon son père, âgé de 58 ans.
"Elle a très mauvais caractère mais elle reste ma fille", a affirmé sa mère, 48 ans.
Les parents encourent jusqu’à 10 années d’emprisonnement pour le mariage forcé présumé.
Jugé à leurs côtés, son ex-mari risque quant à lui jusqu’à 15 ans de prison pour les tentatives de viols supposées.