Après plus de trois ans d’intervention militaire des forces étrangères, le Nord et le centre du Mali restent toujours la cible des rebelles islamistes selon les analyses.
Difficultés économiques, insécurité et attaques barbares contre les civils, le Mali est plongé dans la crise depuis la mutinerie de 2012. Pas un jour ou presque sans attaque au Mali. Forces gouvernementales et populations civiles, rebelles touareg et arabes de l’Azawad la partie septentrionale du pays qu’ils revendiquent, casques bleus de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) et soldats français de l’opération “Barkhane” sont les cibles quasi-quotidiennes de la guérilla menée par les groupes djihadistes toujours implantés sur notre territoire. Et tous s’accusent mutuellement.
Tout a commencé un dimanche 6 novembre au matin. Un soldat de la paix togolais et deux civils maliens ont été tués dans une embuscade à une quarantaine de kilomètres de Douentza, dans le Centre du pays. Sept casques bleus ont été blessés dans l’attaque, renforçant davantage le statut de la Minusma de mission la plus périlleuse pour les militaires qui la servent.
A peine quarante-huit heures plus tôt, un sous-officier de l’opération “Barkhane” succombait à ses blessures après que son véhicule eut sauté sur une mine aux environs de Kidal. Une mort qui porte à dix-huit le nombre de soldats français tués au Mali depuis janvier 2013 et le déclenchement de l’opération “Serval”.
Un autre lundi, à Banamba, à moins de 150 km de la capitale, des hommes armés ont fait irruption, attaquant la gendarmerie et libérant des détenus de la prison. La même source a indiqué que dans la nuit de samedi à dimanche, une base de l’armée malienne avait été prise d’assaut dans la région de Tombouctou, confirmant une fois de plus qu’en dépit des formations dispensées par l’Union européenne les militaires déployés par Bamako se révèlent le plus souvent incapables de résister aux combattants islamistes.
Après ces cybers attaques qu’a connues notre pays le visage enturbanné d’un homme à multiples facettes figure des rébellions touareg des années 1990 et 2000, converti depuis au jihadisme, Iyad Ag-Ghali apparaît comme le principal filet de la lutte contre les autorités maliennes et les forces internationales.
Coup politique ou bluff ?
Or, le président du Haut conseil islamique du Mali, Mahmoud Dicko, qui n’a jamais caché ses contacts avec l’insaisissable rebelle, révélait être en possession d’une lettre du chef d’Ançar Eddine. Iyad Ag-Ghali y affirmait accepter “le cessez-le-feu que vous nous avez demandé”, reconnaissait “l’intégrité territoriale du Mali”, mais repoussait “toute personne qui rejette la charia”.
En effet bien que le gouvernement a accepté de dialoguer avec le filet principal des attaques et menaces, la population du Mali reste sur le qui-vive. Pour ce faire, il a été signalé par certaines sources que, les signaux envoyés par ce dernier ne vont pas forcément dans le sens de la paix. Ançar Eddine a revendiqué, selon le site mauritanien Alakhbar, plusieurs attaques dans un communiqué, sa détermination à poursuivre le combat “contre les croisés et leurs alliés”.
Coursier du glaive dans les zones désertiques autour de Kidal, dans le Nord-est du Mali, où il profite des déchirements au sein de la communauté touareg sur fond de rivalités claniques, politiques et mafieuses, Iyad Ag Ghali fait également office de parrain de l’instabilité qui se développe depuis plus de trois ans sur les terres de l’ancien empire peul du Macina, dans le centre du pays.
Dans un article publié en 2016, l’anthropologue Boukary Sangaré a affirmé que “les forces gouvernementales ont mené dans la zone des opérations militaires contre les groupes armés islamistes, qui ont fréquemment débouché sur des arrestations arbitraires et des actes de torture”.
Pour sa part, il écrit que “dans le Macina, et par ailleurs, des pasteurs transhumants, ne voulant plus se soumettre aux règles établies (…), se sont armés et ont décidé de ne plus payer de taxes pour avoir accès aux plantes fourragères. Le djihad apparaît ainsi comme une simple option instrumentale en vue d’objectifs autres que la diffusion de la foi sévère”.
Alors que l’armée française demeure engagée depuis près de quatre ans au Mali et que son retrait semble loin d’être programmé, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a appelé le président Ibrahim Boubacar Kéita à prendre les “initiatives nécessaires pour assurer l’intégration des peuples du Nord dans la communauté malienne”.