Le département d’État américain a publié mardi 27 juin son dernier rapport sur le trafic d’êtres humains. En Afrique subsaharienne, la Guinée, le Mali, le Congo Brazzaville et la RDC font leur apparition sur la liste noire.
Au total, treize États africains apparaissent comme de mauvais élèves en matière de lutte contre le trafic humain dans le dernier rapport du département d’État américain en la matière. Des pays qui sont, généralement, à la fois pourvoyeurs et receveurs de personnes victimes d’exploitation. Les femmes et les enfants restent les plus vulnérables, victimes le plus souvent du travail forcé et de la prostitution. Cette année, quatre pays ont franchi la ligne rouge selon les critères du département d’État, équivalent du ministère des Affaires étrangères aux États-Unis. Si la RD Congo est une habituée de la liste noire, c’est la première fois que le Congo Brazzaville, le Mali et la Guinée y sont inscrits depuis dix ans.
Les enfants, force de travail dans les mines…
Plus vulnérables, les mineurs font l’objet de trafics qui se résument dans la plupart des cas à du travail forcé. Au Congo Brazzaville, il s’illustre particulièrement dans les tâches domestiques chez les particuliers, les filles de plus de sept ans originaires du Bénin constituant le gros de la force de travail. Les enfants du Congo n’échappent pas non plus au labeur dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche. Au Mali et en Guinée, les sites d’exploitation minière regorgent d’enfants qui travaillent aux côtés des adultes. « Les sites d’orpaillage traditionnel, au sud dans la région de Sikasso par exemple, sont de véritables zones de non-droit, dénonce Me Moctar Mariko, président de l’Association malienne des droits de l’homme (AMDH). Dans les mines de Morila, les enfants ne viennent pas tout seuls, ils accompagnent leurs parents qui les mettent à contribution dans la recherche de l’or. Un travail extrêmement difficile même pour les adultes. » Il suffit de traverser la frontière guinéenne à l’ouest pour faire le même constat dans les préfectures de Siguiri, Mandiana ou Kouroussa.
« Les parents profitent des vacances scolaires pour amener leurs enfants à travailler avec eux dans les mines, explique Sanaba Kaba, la ministre guinéenne de l’Action sociale, de la promotion féminine et de l’enfance. Certains peuvent y passer un mois sans retourner une seule fois à la ville, et finissent par s’y installer plus durablement. » Le phénomène se caractérise également par l’absence de cadre réglementaire, les exploitations artisanales étant souvent auto-gérées sur la base des traditions ancestrales. « Kouroussa était auparavant connu pour son vivier d’intellectuels. Désormais, il y a plus d’enfants orpailleurs que d’élèves. Partout où il y a des mines, il y a une hausse du risque de déscolarisation. »
La ministre assure actuellement une campagne de sensibilisation à travers le pays sur les dangers du travail des enfants dans les mines, et lance un premier plan pour sortir 250 mineurs des sites d’exploitation. Une action de l’État guinéen que Me Mariko souhaiterait constater dans son pays : « Au Mali, nous avons de jolis textes de lois mais nous ne les appliquons pas. Il y a aussi un manque de volonté politique, car l’État n’intervient que lorsqu’il y a des débordements ou lorsque les orpailleurs empiètent sur les sites que couvrent les grosses sociétés minières. »