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D.P.G : et la révision constitutionnelle ?
Publié le dimanche 2 juillet 2017  |  Le Reporter
Déclaration
© Autre presse par DR
Déclaration de Politique Générale à l`AN
Bamako, le 12 juin 2017. Le Premier Ministre Abdoulaye Idrissa MAIGA a procédé à la présentation de sa Déclaration de Politique Générale à l`Assemblée Nationale.
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La déclaration de politique générale du Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga a été approuvée par l’Assemblée nationale le jeudi 15 juin 2017. Le document a été approuvé par 108 voix (plus de 30 par procurations), 35 contre et zéro abstention. La journée avait débuté par les questions et suggestions des députés membres des groupes parlementaires de la majorité : Rassemblement pour le Mali, Alliance pour le Mali, Alliance pour la démocratie au Mali et de l’opposition Vigilance Républicaine et Démocratique, ADP-MALIBA- SADI et 1 non inscrit. Ce sont vingt-et-un députés sur les 147 de l’hémicycle qui se sont succédé toute la journée pour jauger le document de 32 pages présenté le 12 juin par le Premier ministre.

Précédemment, ministre de l’Administration territoriale, Abdoulaye Idrissa Maïga a été nommé Premier ministre le 8 avril dernier. Parmi les interventions qui ont retenu l’attention du public, celle d’un ancien ministre de VRD qui voulait savoir si «d’ici au 30 juin, la mission de bons offices…» projetée par le PM sur Kidal, le Delta central et dans la Boucle du Niger, ira rencontrer les djihadistes et le prêcheur Amadou Kouffa. En attendant, par rapport à la situation au nord et au centre, il s’agit selon un professeur viré à l’opposition «d’une guerre contre l’État et ses symboles et non d’insécurité». L’ex-rpmiste ajoute que «l’application de l’accord débouchera à la partition du pays». Un autre recommande une meilleure distribution de la justice, «les mauvais jugements sont la cause de problèmes à Mopti et à Kidal».



Plus tard, Abdoulaye Idrissa Maïga dira au sujet de la mission de bons offices que «la délégation tentera de recoller le tissu social sans les armes…… ce sont les chefferies traditionnelles qui sont concernées. C’est une approche nationale». De l’espace géographique problématique, il dira qu’il s’agit «d’un continuum pour le trafic de drogue et de cigarettes. L’armée sera progressivement redéployée, d’abord sous forme de Mécanisme Opérationnel de Coordination…Pour anticiper sur les attaques, nous comptons sur le renseignement et les images aériennes, l’anticipation participe de la dissuasion».

Conformément à sa stratégie, le chef du gouvernement «a souligné le besoin de mettre l’accent sur le renforcement des capacités d’anticipation, d’intervention et de protection des forces de défense et de sécurité par l’acquisition d’équipements appropriés et modernes, notamment les aéronefs et les matériels de soutien pour l’armée de l’air. Cependant, l’orateur reconnaît que privilégier le vecteur aérien est «un engagement difficile, compte tenu de la modicité des ressources financières de l’Etat… Quant au déploiement de la force du G5 Sahel (NB : Burkina Faso, Niger, Mauritanie, Tchad et Mali), cette mobilité n’attend que l’adoption du mandat par les Nations unies. La force aura la capacité d’être beaucoup plus opérationnelle».

Après avoir informé de la mise en place «sans délai d’un plan intégré de sécurisation des régions de Ségou et Mopti», le Premier ministre s’est engagé «à faire bénéficier les enfants des militaires morts au front, déclarés ‘’pupilles de l’État et de la nation’’ par des textes officiels, d’une prise en charge des frais scolaires, médicaux, ainsi que l’octroi d’une bourse entière d’enseignement supérieur et le cas échéant du placement en des institutions spécialisées».

Dans la matinée déjà, lors de la première série d’interventions, un autre député de l’opposition a fait remarquer que la révision constitutionnelle est omise dans le document de l’ancien directeur de campagne du candidat IBK (NB : le projet de révision a été approuvé par l’Assemblée nationale le 3 juin dernier et le référendum annoncé pour le 9 juillet 2017). De plus, l’élu juge «sa faisabilité incertaine compte tenu du temps imparti» (un mois). Le président du groupe parlementaire VRD, le soulignera de nouveau dans la soirée en justifiant sa consigne défavorable à la DPG. Dans l’après-midi, Abdoulaye Idrissa Maïga demandait à la plénière : «pourquoi revenir sur quelque chose déjà acté ? … L’assemblée nationale avait déjà adopté cette loi avant que je ne présente la DPG, c’est la raison pour laquelle elle n’a pas été mentionnée».

Dotations budgétaires ?

Toujours du côté de l’opposition, le député Mamadou Hawa Gassama a eu un discours plus structuré qu’à son habitude. L’interprète a laissé entendre qu’il attend du Premier ministre une explication du retour au gouvernement de Tiéman Hubert Coulibaly, ancien ministre de la Défense, «limogé pour contre-vérité à la suite de l’attaque du camp de Nampala». Parce que le gouvernement annonce de substantielles retombées de la récente visite du président de la République en Arabie Saoudite, le député de Yélimané a également voulu savoir «que sont devenus les 6 mille milliards annoncés tambour battant après une visite du président de la République en Chine !?» (NB : la nouvelle DPG prévoit la construction d’un aéroport à Kidal, d’un quatrième pont à Bamako, des infrastructures routières et un hôpital ultra moderne et la mise en circulation des trains voyageurs sur la voie ferrée entre Bamako et Kayes.

Pour la concrétisation de ce vaste programme, le Premier ministre a annoncé la mobilisation d’un ensemble de dotations budgétaires d’un montant de 2 201 ,164 milliards CFA). Selon un autre antagoniste, la DPG est simplement en déphasage avec les préoccupations des Maliens «compte tenu de nos soucis quotidiens et du marasme économique». Entamées à 10h30 les séries de questions-réponses (avec deux pauses), qui ont pris fin vers 21h30, ont abordé plusieurs autres sujets dont l’alimentation en eau potable et l’accès à l’énergie, le code du travail, la santé, l’éducation et les relations internationales.

Bien sûr que le chef du gouvernement veut travailler à une meilleure productivité agricole, un cadre de VRD demande donc si les responsabilités ont été tirées au clair par rapport aux engrais frelatés alors qu’un autre de l’ADP MALIBA SADI dénonce le projet qui destine les boues de vidange pour le site de recherche IER de Sotuba. Sur la question des engrais, AIM répondra : «une enquête préliminaire est en cours au pôle économique et financier et j’ai confiance en notre justice».

Incolore

Dans l’ensemble les travaux ont déçu les attentes tant le débat a manqué de hauteur ; l’opposition a semblé à court d’argumentaires et les députés de la majorité étaient emportés par l’esprit de corps, obnubilés par une fibre militante fouettée par le fait que le nouveau Premier ministre soit de leurs rangs. Félicitations et louanges à en gêner le chef de gouvernement. Toutefois, quelques-uns, tel un de l’APM, ont relevé des oublis comme le découpage territorial (la réforme administrative aussi, ajoutera un élu Adema) tout en demandant si le programme de logements sociaux va se poursuivre. Le chef du gouvernement rappelle que 2300 logements sociaux sont prêts et que 9000 sont en construction».

Le débat autour du document est conforme aux articles 57 et 95 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale. La présidence des débats a péché par l’imposition répétée de temps de pause après des séquences de seulement deux heures. Encore une fois, le règlement intérieur de l’hémicycle semble peu maîtrisé : s’il y a une restriction qui empêche l’élu de s’exprimer au pupitre plutôt que de son siège, il serait bon que cet article soit partagé dès la prochaine plénière (Alkaidi Touré du groupe VRD s’est abstenu de parole parce qu’il a été empêché de s’exprimer debout). De même, est-il indiqué de rappeler à l’ordre un parlementaire qui désigne le président de la République comme son Camarade de parti !? La polémique ne risque-t-elle pas de prendre le pas sur l’essentiel ?.

Moïse TRAORE (Ortm)

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