Le Mali, à l’instar de la communauté internationale, a célébré le 13 juin dernier la Journée mondiale de sensibilisation à l’albinisme. Un événement décrété le 18 décembre 2014 par l’Assemblée générale des Nations unies à travers la résolution 69/170 (2014). La Minusma compte célébrer cette troisième édition après le mois de ramadan. Mais elle a déjà commencé la sensibilisation notamment avec l’artiste Salif Kéita, l’un des albinos les plus célèbres dans le monde, sur Mikado FM, la radio des Nations unies.
Aux côtés du Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations unies, M. Koen Davidse, la star de la musique Salif Kéita était en entrevue exclusive sur les ondes de MIKADO FM, le mardi 13 juin 2017. Et fidèle à son engagement, le rossignol du Mandé a dénoncé le sort réservé aux albinos au Mali où, a-t-il expliqué, ils sont malheureusement encore trop souvent victimes de crimes rituels.
«À un an des élections générales maliennes, il y a eu déjà deux sacrifices humains perpétrés sur des albinos. L’un à Kita et l’autre à Sanankoroba», a dénoncé celui que l’on surnomme le Cheval blanc de la musique malienne voire mandingue.
Toutefois, a reconnu la star, la sensibilisation commence à porter ses fruits. Et cela grâce à l’implication des albinos eux-mêmes. «Avant, les albinos avaient peur de se regrouper pour qu’on ne vienne pas les enlever pour aller les sacrifier. Mais, maintenant, il y a tellement d’associations d’albinos faites par des albinos eux-mêmes… Donc, ils ont compris le problème et c’est ce que nous voulions..», a déclaré l’enfant prodige de Badougou Djoliba.
Des propos d’autant plus véridiques qu’il a lui-même mis sa notoriété et ses ressources au service de cette cause, en tant que membre fondateur et président de la «Fondation Salif Kéita» pour les albinos.
Engagé et concerné au plus haut point, Salif Kéita, comme beaucoup de noirs à la peau blanche, œuvre pour que soient reconnues les multiples souffrances qui accompagnent l’albinisme et les violations de droits dont sont victimes ceux qui en sont atteints. En effet, menacés, les albinos ne le sont pas que par des crimes liés à de vieilles croyances.
De lourdes spécificités et des droits à défendre
Particularité visible, l’albinisme se définit comme un dysfonctionnement dans la fabrication du pigment qui colore la peau, les yeux, les poils et les cheveux : la mélanine ! Il existe plus d’une dizaine de types d’albinisme. On distingue les albinismes oculo-cutanés, où la peau, les yeux, les cheveux et les poils ne sont pas pigmentés ; et les albinismes oculaires où seuls les yeux sont pigmentés. Ainsi, vivre avec cette pathologie en provoque d’autres et amène les personnes sujettes à avoir des besoins spécifiques qui rendent leur vie difficile. Et ce, dès la naissance.
Les mamans des nouveau-nés albinos sont souvent congédiées par leurs maris ; les enfants eux-mêmes risquent l’abandon les exposant très rapidement aux sacrifices rituels. Les préjugés auxquels les albinos sont confrontés rendent difficile leur accès aux soins de santé adaptés et à l’éducation, aux services sociaux, à une protection juridique et à la réparation en cas de violation de leurs droits.
Les formes de discrimination auxquelles font face les personnes atteintes d’albinisme sont nombreuses. Leur droit à l’éducation, par exemple, est affecté par leur déficience visuelle qui les contraint parfois à abandonner l’école. Un niveau d’éducation faible peut à son tour déboucher sur le chômage et entraver leur droit à un niveau de vie approprié, les reléguant ainsi souvent à la pauvreté.
La pire expression de la discrimination à l’encontre des personnes vivant avec l’albinisme est leur déshumanisation qui est à l’origine de terribles agressions physiques dont elles sont victimes. Comme on les prend parfois pour des êtres magiques ou des esprits, on les mutile, quand on ne les tue pas pour utiliser des parties de leur corps dans des rituels de sorcellerie. Les victimes des ces agressions sont nombreuses. Et celles qui survivent ainsi que leurs familles subissent de graves traumatismes.
Les personnes atteintes d’albinisme méritent qu’on protège leurs droits à la vie et à la sécurité ainsi que leur droit de ne pas être soumis à la torture et aux mauvais traitements. Les campagnes d’éducation et de sensibilisation peuvent contribuer à la lutte contre la superstition et la stigmatisation associées à l’albinisme.