Pour la énième fois, des milliers de personnes ont répondu à l’appel de la Plateforme ‘’Antè, A banna’’ contre le projet de réforme de la Constitution du 25 février 1992. Ses leaders (Kadidia Fofana, Mohamed Youssouf Bathily dit Ras Bath, Amara Sidibé, …) syndicalistes et hommes politiques ont encore réclamé le retrait pur et simple du projet. Occasion pour le Dr. Oumar Mariko de fustiger la ‘’trahison’’ de notre pays mais aussi de sonner le tocsin.
Après la gigantesque marche du samedi 17 juin, la Plateforme ‘’Antè, A banna’’ ou camp du ‘’Non’’ au projet de réforme constitutionnelle a tenu un meeting. C’était le samedi 1er juillet sur la place du Cinquantenaire, sise à Hamdallaye ACI 2000. Malgré l’interdiction annoncée par le pouvoir, la Plateforme a tenu et gagné son pari. Dix, Quinze mille personnes, du beau monde mais moins que lors de la marche du 17 juin, ont bravé le vent et la pluie pour faire entendre leurs voix. ‘’Non au référendum !’’, pouvait-on lire sur les banderoles.
Les jeunes leaders associatifs, Ras Bath, Kadidia Fofana, Amara Sidibé, … ont tenu en haleine le public. Les syndicalistes étaient largement de la fête. Du premier responsable de la CSTM, M. Hammadoun Amion Guindo, aux Magistrats, enseignants, tout le monde chantait l’hymne national avant de condamner l’entêtement des autorités. L’opposition presqu’au grand complet s’est manifestée : Tiébilé Dramé, Zoumana Sako, Oumar Hammadoun Dicko, le Député Amadou Thiam, son collègue Oumar Mariko, Abou Bakar Traoré (ancien Ministre), Daba Diawara (ancien Ministre), Djibril Tangara (également ancien ministre), le jeune maire de la Commune IV, (Hassane Sidibé), etc.
Tour à tour, les orateurs ont relevé les incohérences dans le projet du Gouvernement, qualifié au passage de ‘’texte élaboré de l’extérieur’’ du pays, l’inopportunité de la tenue d’un référendum pendant que l’insécurité perdure. Et que la souveraineté nationale était plus que compromise. Zoumana Sako, par exemple, a rappelé qu’avec le texte qui s’annonce, le Président de la République concentrerait l’ensemble des pouvoirs dans ses mains. Soumaïla Cissé, Chef de file de l’opposition a surtout insisté sur les difficiles conditions de vie des Maliens, l’insécurité persistante, la fermeture de centaines d’écoles dans le centre du pays, le sort réservé à la région de Kidal, etc. Avant d’ajouter : ‘’Nous ne lâcherons pas sinon le pays serait partagé’’. Même point de vue partagé par le Dr. Oumar Mariko. Selon lui, les conditions d’une modification de la Constitution étaient loin d’être réunies. Fustigeant la ‘’trahison’’ qui planait sur notre pays, le Dr. Oumar Mariko dira : ‘’Qu’IBK sache que c’en est fini pour lui au pouvoir !’’. Histoire de sonner le tocsin. Une alerte donc au pouvoir en place.
Chouala Bayaya Haïdara a tenu à clarifier ses positions. ‘’Nous ne sommes d’aucun parti, nous ne sommes contre personne, nous sommes seulement pour la vérité’’, a-t-il asséné.
Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath a relevé les ambigüités contenues dans le préambule du projet de nouvelle Constitution. Auparavant, ses camarades (Kadidia Fofana, Amara Sidibé) ainsi que le maire de la Commune IV ont réitéré leur rejet de toute modification constitutionnelle. Le meeting a pris fin aux environs de 11 heures, dans le calme et sans incident. Rendez-vous est pris très prochainement !
B.Koné
Ils ont dit :
Les éclairages de Chouala Bayaya Haïdara
Le jeune érudit a profité de l’occasion pour battre en brèches les allégations colportées par le pouvoir à son encontre. Prenant le micro, Chouala a dit ceci : ‘’ Nous ne sommes contre personne. Nous ne sommes d’aucun parti politique. Seulement, nous défendons la vérité’’. Apportant son soutien indéfectible au camp du ‘’Non’’ à la révision constitutionnelle, il ajouta : ‘’Sortons massivement, mobilisons-nous pour dire ‘’non’’ en référence à l’entêtement du pouvoir. C’est sous des ovations qu’il formula enfin des vœux de paix pour le Mali entier.
Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath
Il a une fois encore été la vedette de ce rassemblement contre la révision de la Constitution du 25 février 1992. Leader du Collectif pour la Défense de la République (CDR), animateur attitré de divers mouvements associatifs et de radios-télévisions, Ras Bath s’est appesanti sur le préambule de la mouture du projet de révision de la Constitution. Selon lui, ce préambule en faisant référence à la Charte africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, ouvrirait la voie au ‘’mariage des homosexuels’’ dans notre pays. D’autant plus que le ‘’peuple souverain du Mali’’ s’engagerait avant tout à respecter cette Charte. Pour étayer son argumentaire, il informa le public du passage sur ses antennes du grand Imam de la ville Sainte de Djenné.
Des flics dans la masse
Si le nombre des manifestants restait à déterminer, le meeting ayant eu lieu sur une place publique, l’on pouvait tout de même tabler sur les 10 à 15 mille. Au fil des minutes, leurs rangs grossissaient malgré la diffusion d’un communiqué officiel interdisant tout regroupement. Militants associatifs et opposants politiques ont réussi le pari de défier le pouvoir par leur mobilisation et leur détermination.
Mais, dans leurs rangs, il y avait des corps étrangers, autrement dit des porteurs d’uniformes. De jeunes policiers et gardes avaient pris le risque d’arborer des t-shirts à l’effigie du regroupement ‘’Antè, A bana’’. Des flics en somme dont la présence n’a pas échappé aux organisateurs du meeting. Certains furent d’ailleurs reconnus par des proches qui ne se donnèrent point la peine de les dénoncer. Ils ont tout de même espérer qu’un compte-rendu fidèle serait rendu et acheminé vers qui de droit.