Faciliter les procédures d’extradition et l’exécution des commissions rogatoires, mener des enquêtes conjointes, partager les informations sur des suspects ou auteurs d’actes de terrorisme ont été les principaux sujets au cœur du Colloque international de lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière de Bamako.
Face aux menaces terroristes transfrontalières, au trafic de drogue, d’armes et d’êtres humains, le Mali, le Niger et le Tchad se sont unis à travers la signature d’une convention de coopération judiciaire, à Niamey, le 9 mai dernier, qui vise à renforcer la sécurité et le contrôle aux frontières. Qualifiée d’«Accord historique», cette convention tripartite raye toutes les frontières en matière judiciaire, pour permettre qu’un Ressortissant des pays signataires puisse être jugé indistinctement dans l’un des trois Etats, partager les informations sur des suspects, mener des enquêtes conjointes, etc. Ce sont là une série de mesures pour mettre la justice de ces trois pays signataires en phase avec la réalité du terrain, pour une réponse plus rapide, efficace et coordonnée contre ces fléaux, mais aussi pour soutenir le développement socioéconomique dans la Région du Sahel en général et dans les pays signataires en particulier.
Pour mettre en contact les Experts dans cette lutte, les moyens humains et financiers conséquents à cette justice transnationale, les Experts judiciaires des trois pays ont tenu un Colloque international du vendredi 30 juin à hier, dimanche 2 juillet, dans notre capitale, à l’Hôtel Radisson Blu, sous le thème : «La Coopération judiciaire en matière de lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière : cas de l’Accord Mali-Niger-Tchad».
La cérémonie d’ouverture de ce colloque, présidée par le Directeur de Cabinet du Premier Ministre, Me Hamadou Touré, a réuni les Ministres de la Justice des trois pays (à savoir Me Mamadou Ismaël Konaté du Mali, Marou Amadou du Niger et Ahmat Mahamat Hassan du Tchad) et le Maire de la Commune IV du District de Bamako, Adama Berthé. Y étaient également présents, des Représentants du Burkina Faso et de la Mauritanie, des Procureurs Généraux du Mali, du Niger et du Tchad, des agents de la police judiciaire et des services secrets.
Selon le Représentant du Premier Ministre, Me Hamadou Touré, l’objectif recherché à travers ce Colloque est de promouvoir cette coopération judiciaire.
«La question de la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière est fondamentale dans un monde aujourd’hui perturbé par les attaques terroristes aussi sanglantes qu’inhumaines », a déclaré Me Touré.
Auparavant, le Ministre malien de la Justice, Garde des Sceaux, Me Mamadou Ismaël Konaté, a fait comprendre que, désormais, les durées de 8 à 12 mois que prennent les procédures d’extradition entre ces trois pays sont révolues. «Ce temps que nous mettons tue, pour une deuxième fois, après être tué par une bombe, par une arme, par une arme blanche », a dénoncé le Ministre Konaté, pour qui «nos pays n’ont plus le droit de dormir, nos Gouvernants n’ont plus le droit de mettre en rupture par rapport aux situations qui ravagent pour nos populations et pour l’individu ».
On peut se sentir paisible à Bamako, mais si on est autant paisible à Bamako, ce n’est pas le cas à N’Djamena, et la balle que l’on tire à N’Djamena peut avoir une résonnance à Niamey.
Aux dires du Ministre Konaté, le crime est partout, au niveau du contrôle d’identité, c’est pourquoi les officiers et les agents de la police judiciaire ne doivent absolument rien banaliser, parce que la personne qui est en contrôle est probablement la personne que l’on cherche ou qui est un des recherches.
«L’ouverture d’un compte bancaire est aussi suspecte que de se balader avec une arme en bandoulière, en plein jour, dans nos villes. Aller demander un agrément pour créer une association de bienfaisance humanitaire est aussi suspect que porter une arme », a renchéri le Ministre Konaté.
Le Ministre malien de la Justice, Garde des Sceaux, Me Konaté a souhaité qu’il soit possible pour nos Etats de se réveiller par rapport à nos pratiques et que les dispositifs législatifs et règlementaires puissent donner la possibilité aux pays d’être présents, actifs et capables partout, en tout lieu et en toute circonstance.
Le Ministre Konaté a promis de prendre son bâton de pèlerin pour Nouakchott et Alger pour demander, respectivement, au Président Aziz d’apposer la signature de la Mauritanie et à son homologue algérien pour qu’à défaut de signer l’Algérie puisse apporter son appui.
Les débats ont porté sur la facilitation des procédures d’extradition et d’exécution des commissions rogatoires, sur les enquêtes conjointes, le partage des informations sur des suspects ou auteurs d’actes de terrorisme.
Cyril ADOHOUN