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La diplomatie algérienne face au jeu trouble de Paris dans le Sahel
Publié le mercredi 5 juillet 2017  |  tsa-algerie.com
Réunion
© AFP par Farouk Batiche
Réunion d’urgence des pays membres de la médiation
Bamako, le 19 janvier 2016 l`Algérie a tenu Réunion d’urgence des pays membres de la médiation sur la crise malienne.
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Depuis son élection, le 14 mai 2017, le président français Emmanuel Macron porte un intérêt particulier à la région du Sahel et au Mali plus précisément. Pour son premier déplacement hors-Europe, Macron, en chef de guerre, s’est rendu à Gao, au Nord-Mali, le 19 mai 2017, pour rencontrer les troupes françaises de la force Barkhane et les militaires maliens. À Gao, se trouve la plus importante base militaire française à l’extérieur avec 1600 soldats.

Emmanuel Macron a profité de son passage au Mali (il a évité la capitale Bamako) pour critiquer l’Algérie en des termes clairs. « J’aurais une exigence renforcée à l’égard des États du Sahel et de l’Algérie. On ne peut pas manifester quelque faiblesse que ce soit à l’égard de groupements terroristes, quelles que soient les raisons politiques d

Son propos suggérait que l’Algérie « fermait les yeux » sur l’action de certains groupes terroristes dans la zone Sahel. Cela a été mal perçu à Alger. L’Algérie déploie, depuis le début de la crise au Nord-Mali, d’énormes efforts diplomatiques et politiques pour essayer de rapprocher les points de vue des différentes parties aux fins d’appliquer efficacement l’accord de paix d’Alger signé en 2015.

Alger, qui préfère les solutions dans un cadre africain, a toujours plaidé pour lier les aspects sécuritaires aux questions de développement économique des zones du Nord-Mali.

Création d’une force militaire au Sahel

En moins de deux mois, le Président français a appelé à trois reprises au téléphone le chef de l’État algérien pour lui parler plus du Mali que des relations bilatérales. Paris semble insister pour « l’accélération de la mise en œuvre de l’accord d’Alger ».

L’Algérie, qui a grandement contribué et facilité le dialogue inter-malien, est chargée du suivi de l’application de cet accord avec « d’autres partenaires internationaux » du Mali comme la France. Mais, Paris donne l’impression de vouloir doubler l’Algérie dans la région Sahel et imposer ses propres règles.

Emmanuel Macron est revenu au Mali, le dimanche 2 juillet, pour annoncer et parrainer la création d’une force militaire conjointe de 5000 hommes regroupant cinq pays de la zone sahelo-saharienne : Tchad, Niger, Burkina Faso, Mali et Mauritanie. Appelée G5 Sahel, cette force va, selon des médias français, soutenir les troupes françaises Barkhane et les Casques bleus de la Minusma au Nord-Mali, zone réputée riche en ressources minières.


L’opération Barkhane coûte cher à l’État français, presque 800 millions d’euros par an. Donc, Paris cherche également une voie de sortie pour éviter une présence militaire durable au Mali sans résultats notables. La France n’a pas pu obtenir une couverture onusienne à la G5 Sahel, en raison d’un refus américain.

L’Algérie, toujours attachée au principe de la souveraineté des États, refuse de faire partie d’une force militaire conjointe dont la création a été décidée dans un cadre non africain et par une ancienne puissance coloniale. Alger rejette toute implication de son armée en dehors des frontières et refuse l’ingérence étrangère dans les affaires des pays. L’Algérie a, pendant plusieurs années, tenté de rassembler les pays du Sahel autour de l’objectif de combattre le terrorisme et les crimes transfrontaliers d’une manière concertée, efficace et continue. Mais, des interférences extra-africaines ont empêché la réalisation de cet objectif.

La diplomatie algérienne doit s’adapter à la situation

Paris ne s’est pas contentée des manœuvres opérationnelles, mais a fait usage « d’une arme » diplomatique pour augmenter la pression sur l’Algérie. Pire, la France cherche visiblement à isoler l’Algérie dans la zone sahélienne malgré son rôle central et incontournable.

Lundi 3 juillet, les ministres de l’Intérieur du Portugal, de l’Espagne et du Maroc se sont réunis à Séville, en présence de l’ambassadeur de France, pour discuter de la manière de lutter contre le terrorisme, la migration clandestine, le crime organisé et la drogue avec le soutien du G5 Sahel, une force sous-équipée et sans financements.

Pourtant, ces questions ont été maintes fois abordées et discutées dans un cadre africain, dans le cadre méditerranéen informel du 5 + 5 et dans le cadre bilatéral. Pourquoi la France fait-elle dans le double emploi ? Et quelle signification a « la lutte contre le terrorisme et le crime organisé » sans l’Algérie, le pays qui a le plus de frontières avec le Sahel et qui a le plus de moyens et d’expertise pour contrer les groupes terroristes et les réseaux criminels dans la région ?


Il est évident que sans l’Algérie, avec son poids diplomatique, militaire et politique en Afrique, le G5 Sahel ne fera rien. Mais, la diplomatie algérienne doit s’adapter à la situation en engageant un nouveau plan de déploiement dans la région avec tous les moyens possibles, en ayant comme objectif les intérêts de l’Algérie d’abord. Une Algérie qui partage des frontières avec des pays instables comme la Libye et le Mali.

À la menace sécuritaire permanente, s’ajoute le jeu trouble de Paris avec qui il faut compter désormais comme un facteur déstabilisant avec un nouveau président français dont la vision des relations internationales est encore floue. Paris semble s’engager sur une voie dangereuse en voulant jouer la carte d’un pays contre un autre ou une démarche politique contre une autre dans un dossier considéré comme très sensible par les autorités algériennes.

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