Héritier de la France coloniale, le général De Gaulle revenu aux affaires en 1958, fustigeait l’ONU qui, à chacune de ses assemblées générales mettait son pays au ban de la société. Excédé, le président français, boudait les assemblées générales, son ministre des affaires étrangères ne s’y rendait plus. C’est à cette époque qu’il a qualifié l’organisation internationale de « Machin qu’on appelle l’ONU » une formule qui a fait florès dans le langage diplomatique. Mais quelques années plus tard, à partir de 1964, la même France gaullienne a commencé à participer activement aux travaux de ce « machin ». Il est vrai qu’entre temps, la décolonisation était pour l’essentiel achevée.
La France, pour asseoir sa politique d’indépendance, surtout vis-à-vis des Etats Unis, s’appuiera désormais sur ce « machin ». N’étant pas une super puissance, elle utilisera ses relations particulières avec ses ex-colonies pour appliquer invariablement cette politique gaullienne. C’est le sens qu’il faut donner à toutes les interventions françaises sous couvert de l’ONU dont l’une des dernières est celle au Mali en 2013.
La destabilisation de la Libye et des pays du Moyen Orient dont l’Irak et la Syrie ont eu des effets collatéraux ; notamment une démultiplication du nombre de réfugiés à l’assaut de l’Europe. L’objectif est d’interrompre ce flux migratoire en même temps que de lutter contre le terrorisme.
Pour amener les européens à participer à sa lutte contre les « terroristes » et les narcotrafiquants, la France allègue que son action au Mali en particulier et au Sahel en général, est une action au bénéfice de toute l’Europe. Cette opération devenant matériellement, financièrement et humainement de plus en plus onéreuse, la France tente d’impliquer l’Europe et notamment sa puissante voisine l’Allemagne, dans son « jihad » contre les « terroristes » et narcotrafiquants au Sahel, afin de réduire ses dépenses.
Quant à la minimisation des pertes en vie humaine, elle sera réalisée grâce à l’opérationnalisation des forces du G5 dont la France aurait suscité la création et dont elle a assuré le parrainage à l’ONU, avec plus ou moins de bonheur ; car américains et britanniques restent sceptiques quant à l’efficacité de ce nouveau « machin », budgétivore et inefficace.
Pour convaincre l’Allemagne à verser dans la cagnotte destinée aux forces du G5, la France laisse entrevoir quelles serviront aussi à lutter contre l’immigration clandestine des africains au sud du Sahara. C’est un argument qui peut faire mouche auprès d’Angela Merkel.
En effet, on s’en souvient que la chancelière, dans le but de trouver une solution à la question migratoire, avait effectué une tournée en Afrique notamment au Mali, au Niger, en Ethiopie du 09 au 11 octobre 2016 et en Tunisie et en Egypte en mars 2017.
Et, pour la rasséréner davantage, à l’issue du sommet de Bamako du 02 juillet 2017, le président Macron a assuré que les forces du G5 seront épaulées, pour ne pas dire encadrées, par la force Barkhane. Ainsi, comme au temps des colonies, les soldats des forces du G5 seront des supplétifs et seront utilisés pour une politique que leurs dirigeants n’auront pas définie. Alors, pour les sahéliens, les forces du G5 ne seraient-elles donc pas « un machin» de plus ?