La salle de conférence du Gand hôtel de Bamako a servi, hier jeudi, de cadre pour le débat télévisé en direct sur Africable, entre partisans du OUI et du NON, au sujet du référendum sur la révision constitutionnelle, un sujet occupant le devant de l’actualité dans notre pays. Organisé par le mouvement trait d’union, qui insiste sur la nécessité d’un exercice participant à mieux informer les Malines et les Maliens sur les enjeux du referendum de révision constitutionnelle, cet exercice démocratique a enregistré la participation d’un public nombreux.
Ladite conférence était animée par Me Kassoum TAPO, ministre en charge des Droits de l’homme et de la réforme de l’État, porteur du projet. Sur la table, il y avait également le Pr Abdoulaye NIANG, membre du Réseau « Djogo ni Maaya », M. Sidi Ali Ould BAGNA, représentant de la société civile (Plateforme « Antè A Bana ») et Ben Cherif DIABATE, du Réseau des communicateurs traditionnels (RECOTRAD).
Participaient à cette rencontre les représentants des familles fondatrices de Bamako, les représentants des corps diplomatiques accrédités et les représentants de la société civile.
Informer les téléspectateurs du contenu de la nouvelle loi constitutionnelle qui fait l’objet de polémique, tel était l’objectif de cette conférence-débat télévisé. En plus du direct de la télévision Africable, l’ORTM était représentée par une forte délégation de cameramen de techniciens du son et de journalistes qui ont suivi le débat en intégralité pour retransmission en différé.
« Cela permettra au plus grand nombre de Maliens de s’imprégner du contenu de la constitution et de prendre la décision qui leur convient », Mme Oumou SALL SECK, présidente du mouvement « Trait d’union ».
À l’ouverture des débats, la présidente du Mouvement Mme Oumou SALL SECK, a remercié les débatteurs d’avoir répondu à son appel et s’est réjouie de la bonne volonté du gouvernement pour sa disponibilité à informer les populations sur le contenu de ladite constitution. Elle a ainsi expliqué que cette conférence-débat était une occasion pour les téléspectateurs d’écouter les idées des uns et des autres sur une question qui suscite autant de débats houleux que de passions.
« En initiant ce débat, le Mouvement souhaite que la population puisse être informée ou mise à jour sur le contenu de ce texte fondamental », a-t-elle martelé. Elle a aussi soutenu qu’à travers cet exercice, l’ONG « Trait d’union » entend faire en sorte que le débat sur ce projet de révision quitte la rue pour se tenir dans un cadre formel. Il s’agit, poursuit-elle, d’engager un débat non passionné entre les différentes positions. Elle a ainsi expliqué que leur démarche n’était pas d’appeler les gens à voter Oui ou Non.
« Nous voulons comprendre le contenu de la révision, c’est notre droit. Comprendre afin de décider en toute indépendance, sans nous laisser emporter par la vague des expertises qui tirent leur source de la rumeur », a-t-elle dit. La présidente a souligné que son mouvement restait fidèle à son crédo qui est : « le dialogue en toutes circonstances ».
Me TAPO, dans son exposée, a commencé par appeler à dépassionner le débat autour d’un sujet aussi brulant de l’actualité que celle de la révision de la constitution de 1992. Il a conseillé aux populations de s’intéresser au contenu du texte avant de suivre des rumeurs qui ne sont pas constructives.
« Nous sommes là pour lever toute équivoque sur le sujet pour que vous puissiez savoir de quoi il s’agit. La preuve, nous sommes là ce matin. C’est dans cette logique de vous informer et de vous sensibiliser pour que vous ne tombiez plus dans les pièges des débats de la rue », a-t-il dit. Il a, à cet effet, rappelé qu’il y a eu plusieurs tentatives de révision de la constitution avant celle-ci.
« Cette fois-ci, elle fait peur parce qu’elle va aboutir, si la cour tranchait. Car l’opposition a déposé une plainte devant. Si elle tranche à la faveur du retrait du texte, nous allons surseoir au referendum. Dans le cas contraire, nous allons faire ce référendum, In challah », a-t-il martelé. Pour lui, il s’agit tout simplement d’adapter la constitution à la réalité du moment. Il a expliqué que cette révision ne concerne pas le mandat du Président de la République.
« Dans cette nouvelle constitution, nul ne peut faire plus de deux mandats. Mieux, les droits humains y ont été renforcés. L’accent est aussi mis sur la décentralisation. Contrairement à ce que disent les gens, il n’y a pas de pouvoir monarque dans ce texte. Le fait pour le Président de la République de nommer les 1/3 des membres du sénat ne pose pas de problème », a-t-il expliqué. Me TAPO a rassuré les téléspectateurs que cette révision ne met pas en cause le caractère laïc, républicain, démocratique de l’État. Il a, à cet effet, insisté sur le fait que cette constitution n’était pas une constitution de confort, mais une exigence, compte tenu de la situation du moment. Il a, par ailleurs, expliqué que seule la Cour constitutionnelle a le pouvoir de décider du retrait du texte.
De son côté, le Pr Abdoulaye NIANG a indiqué que notre pays doit très rapidement aller au referendum pour appliquer cette constitution. Il explique que c’est à travers cette nouvelle constitution que le Mali pourrait véritablement bénéficier de ses richesses.
M. Sidi Ali Ould BAGNA, pour sa part, a soutenu que le Mali n’avait pas besoin de révision constitutionnelle dans le contexte actuel d’insécurité. Il pense plutôt que les populations ont besoin d’autres choses qu’une revue constitutionnelle.
« Les populations souffrent de la pauvreté, les écoles sont fermées, l’administration n’est pas présente dans la plupart de nos localités. Je crois qu’il faut faire face aux vrais problèmes et laisser cette révision constitutionnelle », a-t-il dit.
Quant à Ben Cherif DIABATE, il a, dans son rôle de griot, appelé les deux camps au calme et à la sérénité.
« Nous, en tant que griot, n’avons pas de camp, nous ne sommes dans aucun parti politique. Nous sommes là pour départager les camps en conflit, pour apaiser les tensions. Je demande aux deux camps de mettre le Mali au-dessus de tout. Car sans le Mali, plus d’opposition, plus de majorité, plus de société civile », a-t-il rappelé.
Les discussions ont porté sur le mandat du président de la République dans le texte révisé et surtout la possibilité d’organiser un referendum dans ce contexte d’insécurité.