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Bien que traquée: La jeunesse malienne achète sa drogue à la pharmacie…
Publié le mercredi 5 juillet 2017  |  L’Indicateur Renouveau
Incinération
© aBamako.com par A S
Incinération des stupéfiants
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La Codéine et le Tramadol sont des produits utilisés abusivement par les jeunes de nos jours. Mais, de l’usage à l’adduction, il n’y a qu’un pas.

Utilisé comme analgésiques de niveau II, la Codéine et le Tramadol servent désormais de drogue pour de jeunes. Son trafic illicite et son utilisation détournée et abusive sont devenus un problème social. Plusieurs études font état d’une progression de l’utilisation de ces médicaments à des fins non médicales par les adolescents et les jeunes adultes.

“Le Tramadol tout comme la Codéine sont des calmants prescrits pour de fortes douleurs. Par exemple, les gens qui ont des céphalées extrêmement douloureuses. Leur trafic illicite et leur utilisation détournée sont très mauvais pour la santé. Ils peuvent entraîner des problèmes neurologiques, psychologiques et rénaux. Le coma et le décès sont aussi prévisibles”, met en garde Dr. Sékou Kéita de la clinique Nouna de Sirakoro.

Ici au Mali, ce phénomène a concerné d’autres médicaments comme Benzodiazépines, Trinitrine, Testostérone, Dapsone, Rétinol. Le Tramadol est devenu aujourd’hui la substance psychoactive la plus consommée, en raison de son agrément populaire.

Pour les consommateurs qui ont bien voulu répondre à nos questions, les raisons de la consommation de Tramadol et la codéine varient selon les personnes. Ainsi, ils serviraient à améliorer la performance au travail physique, à prévenir la fatigue liée au travail, la recherche de sensation et le plaisir, la délinquance et la dépendance, la recherche de performance sexuelle. Consommé, le Tramadol a pour cible principale le cerveau et devient toxique pour l’organisme en cas d’abus.

“Depuis 4 ans déjà je prends le Tramadol. Au début je prenais deux comprimés pour mes maux de têtes. Le résultat était satisfaisant jusqu’à un moment. Je me suis donc attaqué au Tramadol avec 200mg/jour. C’était une sensation géniale de bonheur. J’ai bien fait quelques tentatives d’arrêt. J’ai toujours fini par en reprendre. Je peux vous dire que je souffre, j’ai des coups de chaleur, etc. Mes nuits sont horribles”, témoigne Mamoutou Diarra, étudiant.

La bonne affaire des vendeurs

“Nous pouvons vendre plus de dix boites entre 8 h 16 h. Nous avons trois équipes, je ne pourrais dire avec certitude combien de boites sortent la nuit. Les Tramadol sont vendus uniquement sur ordonnance. Quant aux codéines, leurs accès est plus faciles. N’importe qui peut se les procurer”, confie Boubacar Cissé, un pharmacien de la place.

La fréquence de la douleur varie selon la personne et la raison pour laquelle elle se manifeste. Ainsi, plus de 90 % des Maliens ont à un moment donné consommé au moins une fois la Codéine et le Tramadol. Utilisés comme analgésiques, leur consommation en soit n’est pas un problème. Cet antidouleur dérivé de l’opium est très apprécié pour calmer le mal de dos et les douleurs articulaires.

Ils peuvent pourtant avoir des effets secondaires redoutables si par malheur leur utilisation est faite de façon abusive. En effet, le Tramadol a pour cible principale le cerveau et devient toxique pour l’organisme en cas d’abus. Cette consommation abusive a malheureusement des conséquences incalculables tant pour l’individu, pour la famille que pour la société.

Pour plus de sensation, les jeunes l’associent avec d’autres médicaments comme le Prométhazine sirop + Euphon, le Néocodion ou l’Efferalgan codéine. Présentement beaucoup de ces médicaments sont retirés du circuit et la prescription pose d’énormes problèmes. “Ils sortent du cadre médical lorsqu’ils sont associés à d’autres médicaments”, assure Dr. Kéita.

Selon Dr. Cissé Abdoul, psychologue, la consommation régulière de ces médicaments peut progressivement entrainer soit une tolérance qui est la nécessité d’augmenter les doses pour ressentir le même effet soit une dépendance qui est l’impossibilité de s’abstenir de consommer sous peine de malaise, de souffrance psychologique et ou physique.

Deux modes de consommation de ces substances ont été répertoriées. Il y a la consommation collective au cours des regroupements dans les grins (hommes et femmes) et une consommation individuelle souvent dépendante de l’âge et du sexe. L’administration se fait par voie orale sous forme de comprimé. Il peut être consommé seul ou dilué dans des boissons (sucreries, café, thé, etc.)

“Les étudiants maliens au Maroc pour la plupart se droguent la nuit. Ils cotisent pour acheter quelques médicaments qu’ils mélangent ensuite avec Spirit, une boisson. Pour s’en procurer ici, ils se payent une ordonnance à quelques dirhams. D’autres repartissent les tâches et chacun se procure le ou les médicaments qui lui ont été demandé d’apporter. Ceci dans le seul but de ne pas attirer les soupçons des pharmaciens”, dévoile Nian, une étudiante en Master à l’Université publique de Fès.

Ces substances perturbent dans un premier temps l’activité mentale de la personne qui les consomme et engendrent une déviation des jugements avec distorsion dans l’appréciation des valeurs de la réalité. Elles s’attaquent ensuite au système nerveux et périphérique en causant des vertiges, tremblements, dépressions respiratoires et convulsions épileptiformes.

Elles causent des troubles psychiques : hallucinations, confusion, trouble du sommeil, cauchemar, trouble de l’humeur, modification de l’activité. Lorsqu’on est accroc on est en proie aux troubles visuels (flou visuel), aux troubles respiratoires (dyspnée) et troubles gastro-intestinaux (nausées, vomissements, constipation, sécheresse de la bouche, diarrhées).

S’y ajoutent les troubles cutanées et appendices (sueurs, prurit, éruption), les troubles du système neuro musculaire (faiblesse musculaire), les troubles hépatobiliaires, les troubles urinaires et rénaux (dysurie et rétention urinaire).

Calvaire de consommateurs

” A cause d’une méchante lombalgie, j’étais à presque 400 mg par jour depuis six mois. Avant ces six mois, je prenais soit de la Codéine (30 à 120 mg/jour) soit du Tramadol (50 à 180 mg/jour) uniquement pour le plaisir en simulant des maux de dos et/ou migraines… Et ce, depuis une dizaine d’années avec des arrêts par-ci par-là de quelques semaines à quelques mois. J’ai commencé après un accident de moto (qui ne m’a laissé finalement aucune séquelle) en 2008.

C’est vrai que depuis cet accident, j’ai eu des migraines et autres maux de dos, mais ces douleurs n’ont jamais justifié des doses pareilles et pouvaient disparaître avec d’autres médicaments beaucoup plus soft. Depuis ma lombalgie (vraiment réelle celle-là), je me suis rendu compte de la crasse que sont ces dérivés morphiniques !!! J’avais une prescription médicale “à volonté’ pour ce genre de produit. Je l’ai brûlé et je l’ai signalé à mon pharmacien et mon médecin traitant pour être sûr de ne plus en avoir”, nous confie Sophie.

“Je vis à Bamako et cela fait 5 ans que je suis dépendante de Tramadol. Ma dépendance est physique et psychologique. Quand je n’ai pas ma dose, je tremble de partout, comme les alcooliques. Il y a exactement un an, j’ai pris une dose très forte et je suis tombée sur mon enfant. Il ne s’est plus jamais réveillé. Il est décédé ainsi. Mon mari sait que j’ai tué notre enfant, mais il me soutient toujours. Pour lui, je ne suis pas responsable. Il désire juste une chose : que je sorte enfin de cet enfer. J’ai commencé la prise de Tramadol après un accident grave. Les douleurs étaient insupportables. Petit à petit j’ai constaté ma dépendance. Je suis comme une esclave, j’ai besoin d’aide”, témoigne, larmes aux yeux, une jeune dame qui a souhaité garder l’anonymat.

La consommation détournée et abusive de Tramadol contribue à détruire la société et particulièrement la jeunesse, pilier de développement.

Lutter contre ce fléau, c’est sauvegarder les ressources humaines, matérielles, financières pour le plein épanouissement de tous.

Eu égard à la gravité et des conséquences, les conditions de vente et la prescription de ces substances peuvent être revues dans notre pays.

Hawa Sy
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