Les chefs d’Etat et de gouvernement du continent ont décidé qu’il est temps de ménager un avenir acceptable pour la jeunesse. Ils ont estimé aussi que l’organisation panafricaine doit se donner une nouvelle crédibilité en renonçant à se faire financer par des partenaires
Les travaux du 29è sommet ordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine ont pris fin, hier après-midi, à Addis Abeba, la capitale éthiopienne. Le président Ibrahim Boubacar Kéïta s’est félicité de la qualité de la rencontre. « C’était un bon sommet », a jugé le chef de l’Etat au cours d’un entretien avec la presse. Ibrahim Boubacar Kéïta a tenu à rendre hommage au président guinéen Alpha Condé, qui a dirigé les travaux en sa qualité de président en exercice de l’UA.
Le président de la République s’est également étendu sur le thème du sommet, qui était relatif aux investissements dans la jeunesse afin de récolter le dividende démographique. « Quel avenir lui réserver, comment la former pour qu’elle affronte avec confiance les défis du temps nouveau ? », s’était-il interrogé.
Les questions d’intégration africaine, notamment la zone de libre-échange, ont été traitées par le président Mahamadou Issoufou. L’exposé du président nigérien a permis de prendre conscience de la faiblesse des échanges entre les pays africains, a indiqué le chef de l’Etat, ajoutant que le commerce à travers le continent ne représente que 13% des échanges mondiaux.
Le chef de l’Etat a rappelé par ailleurs que c’est le président rwandais Paul Kagamé qui a en charge la réforme de l’Union africaine. Le dirigeant rwandais a notamment proposé un mécanisme de financement de l’organisation panafricaine. Le mécanisme proposé demande à chaque Etat membre de prélever une taxe de 2% sur les importations hors d’Afrique. Ces fonds seront reversés ensuite dans les caisses de l’Union africaine. « Nous nous sommes aperçus qu’il n’était pas normal que l’essentiel du financement de l’Organisation, notamment son fonctionnement, soit assuré par nos amis de l’extérieur, singulièrement l’Union européenne. Là, c’est toute l’Afrique qui est interpellée », a expliqué Ibrahim Boubacar Kéïta qui rappellera que c’est à l’issue du sommet de Kigali que le président Kagamé a été chargé de ce volet. « Ainsi a-t-il mis en place un comité d’experts, présidé par l’ancien président de la BAD, Donald Kaberuka, qui n’est plus à présenter en Afrique pour avoir non seulement présidé avec bonheur aux destinées de la BAD, mais de l’avoir hissée là où elle est aujourd’hui », a précisé le chef de l’Etat.
Le président de la République a qualifié d’innovation majeure la démarche nouvelle initiée par le président Condé, qui a consisté à confier des thématiques à des chefs d’Etat, qu’il a appelés « des champions », afin qu’ils conduisent des réflexions stratégiques sur certains défis auxquels est confronté le continent.
S’agissant de la question de paix et de sécurité, le président Keita a indiqué que celle-ci a comme toujours tenu la vedette au cours des travaux. « Vous savez que du nord au sud et d’est en ouest, le continent est traversé encore par des crises de différentes natures.
C’est là que nous avons estimé de notre devoir, à la suite du ministre des Affaires étrangères, qui avait déjà rendu compte des évolutions actuelles à la conférence, de faire le point, avec mes pairs, sur la situation générale, non seulement au Mali, mais de manière générale dans l’espace sahélien, en ma qualité de président du G5 Sahel, surtout au sortir d’un sommet extraordinaire, qui a réuni le 2 juillet dernier, mes frères autour de moi, et le président français Emmanuel Macron comme invité », a expliqué le président Keita.
Pour le chef de l’Etat, le sommet extraordinaire de Bamako était très important pour la simple raison qu’il aura permis la mise en place de la force conjointe du G5 Sahel et son financement. « J’ai beaucoup apprécié l’appel du président Alpha Condé à accompagner l’effort de mise en place du financement du G5 Sahel », s’est-il réjoui.
Le président de la République a rappelé qu’il y a un gap assez important dans le financement de la force conjointe du G5 Sahel. Sur les 423 millions d’euros nécessaires, seulement 108 millions sont disponibles. Il s’agit de la contribution de l’Union européenne, qui se chiffre à 50 millions d’euro, plus les 8 millions d’euro annoncés par Paris en termes d’équipements et les contributions des principaux pays concernés, qui se chiffrent à 50 millions d’euros. « Avec ce montant faible, l’on est vraiment loin du compte », a souligné le président Keita qui a salué néanmoins le fait que les fonds déjà mobilisés permettront le démarrage des opérations. « Déjà, les hommes aguerris et quelques matériels sont disponibles. Ceux-ci peuvent être mobilisés. L’on sait déjà que le commandement des forces a été confié au général Didier Dacko qui va assurer la coordination à partir de sa base à Sévaré », a précisé Ibrahim Boubacar Kéïta.
Les chefs d’Etat ont décidé de tenir leur assise prochaine à Addis Abeba au mois de janvier 2018. Le second sommet de l’année 2018 se tiendra à Nouakchott en Mauritanie sur invitation du président Mohamed Abdoul Aziz.
Pour le président Keita, la tenue régulière des sessions de l’UA avant celle des Nations unies, qui se tient en septembre de chaque année, est une bonne chose. Car elle permet d’harmoniser les positions sur des questions internationales pour que l’Afrique parle d’une seule voix.