Enlevée le 24 décembre 2016, dans le nord du Mali, cette femme de 71 ans dirigeait depuis une vingtaine d’années une ONG venant en aide aux orphelins.
Elle s’appelle Sophie Pétronin, elle aura bientôt 72 ans, et elle est la seule otage française dans le monde. Elle a été enlevée par des hommes armés en 2016, à la veille de Noël, dans le nord du Mali, où elle dirigeait l’Association d’aide à Gao (AAG), une petite ONG franco-suisse qui vient en aide aux orphelins.
Personne n’a revendiqué le kidnapping et personne ou presque n’a entendu parler d’elle. Pas de portrait géant affiché ici ou là, pas de rassemblement. Son comité de soutien se réduit à quatre personnes : son fils et ses deux cousins, son mari. Quatre membres de sa famille qui se mobilisent, entreprennent des démarches auprès des autorités françaises, vont au Mali, avec plus ou moins de succès, raconte son fils Sébastien Pétronin, au sortir d’une réunion au Quai d’Orsay. « Pendant un moment, il n’y avait plus d’otage français dans le monde », rappelle-t-il ; et puis voilà.
Aucune revendication pendant six mois
Entre le 24 décembre 2016 et le 1er juillet, Sophie Pétronin a tout simplement disparu de la circulation. Jusqu’à samedi : ce jour-là, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), une alliance formée en mars 2017 par plusieurs mouvements islamistes armés du Mali, dont Ansar Dine, Al Mourabitoune et l’Emirat du Sahara, une émanation d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), a diffusé une vidéo dans laquelle apparaît Sophie Pétronin, aux côtés de cinq autres otages occidentaux.
A la fin du message, un homme assure aux familles qu’« aucune véritable négociation n’a commencé » pour leur libération, tout en affirmant que des discussions sont « toujours actives ». Concernant l’otage française, il dit qu’elle espère que le président français, Emmanuel Macron, aidera à son retour auprès de sa famille.
Accusée de « prosélytisme religieux »
Pour justifier l’enlèvement, les ravisseurs de Sophie Pétronin l’accusent de « prosélytisme religieux », tout comme la Suissesse Béatrice Stockly, une missionnaire enlevée en janvier 2016 par des hommes armés à son domicile de Tombouctou, et la religieuse catholique colombienne, sœur Gloria Cecilia Narvaez Argoti, enlevée en février dans le sud du Mali. Son fils Sébastien relativise : « Elle est croyante. Mais elle n’a jamais essayé de convertir qui que ce soit. Elle dit autant “que Dieu vous bénisse” que “inch Allah” ».
Au surlendemain de l’enlèvement de Sophie Pétronin, son mari, Jean-Pierre, s’interrogeait : « C’est quand même dingue d’en arriver là, après tout ce qu’elle a fait ces dernières années à Gao pour les enfants de 0 à 4 ans. » Ses propos faisaient écho à ceux de Seydou Traoré, le gouverneur de Gao, qui a raconté sur RFI : « Après les événements de 2012 [l’offensive salafiste], elle était rentrée [en France] et ensuite revenue. Elle a repris ses activités. Elle ne se cache pas, elle est assimilée à la population de Gao. »
« Une vie sauvée est une vie qui vit »