C’est sous une forte pluie que le sommet extraordinaire du Groupe des 5 Pays du Sahel (G5 Sahel) a démarré le dimanche 2 juillet 2017 à Bamako. Ce sommet a regroupé les Chefs d’Etat des 5 pays membres du G5 Sahel (Burkina, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) et l’invité d’honneur, le président de la République Française, Emanuel Macron. Pour des raisons de sécurité, les travaux du sommet se sont déroulés à Koulouba.
À l’ouverture, les interventions ont porté sur la nécessaire coopération bilatérale pour faire face aux menaces sécuritaires dans le Sahel et plus largement dans le continent et en Europe. Dans son intervention, le président français, Emmanuel Macron, a souligné que la force conjointe en préparation pour lutter contre le terrorisme «est un mouvement de solidarité face aux défis communs». Selon lui, «la force conjointe du G5 Sahel ne se substitue ni à Barkhane, ni à la MINUSMA. Elle vient en appui aux autres forces».
Les terroristes de la région que le chef de l’Etat français a qualifiés de voyous, qui détournent l’image de l’islam pour lui donner celle de l’obscurantisme : «Nos ennemis sont lâches mais sont plus déterminés. Ils veulent nous détruire». Il a cité notamment la dernière attaque meurtrière contre le campement Kangaba (le 18 juin 2017), à la périphérie de Bamako. «Toutes ces attaques renforcent notre détermination à lutter contre le terrorisme», a-t-il dit.
En plus de l’engagement de l’UE pour 50 millions d’euros, le président français a fait des annonces pour l’opérationnalisation de la force conjointe du G5 Sahel. À savoir, l’engagement financier de la France pour 8 millions d’euros jusqu’en 2018 et un soutien financier de 200 millions euros pour le développement de l’éducation, l’agriculture, le changement climatique, la gouvernance et la justice pendant les 5 prochaines années. Ce chantier quinquennal de développement du Sahel sera piloté par l’Agence française de développement à travers une coordination régionale qui sera basée à Ouagadougou, au Burkina Faso. Emanuel Macron estime que «les résultats doivent être au rendez-vous pour convaincre les autres partenaires financiers» du G5 sahel. La rencontre de Bamako a pris fin par une conférence de presse co-animée par les présidents français et malien.
Sur le financement de la force conjointe, le président malien, Ibrahima Boubacar Keita, a indiqué que le budget de la force conjointe du G5 est estimé à 423 millions d’euros. À l’issue de la rencontre de Bamako, «les chefs d’Etat du G5 Sahel ont décidé d’allouer une enveloppe initiale de 50 millions d’euros destinée au démarrage effectif des activités de la force conjointe du G5 Sahel», soit 10 millions d’euros pour chacun des 5 pays membres du G5 Sahel. S’y ajoutent le soutien financier initial de 50 millions de l’Union européenne et les 8 millions d’euros annoncés aujourd’hui par le président français à Bamako.
Le président français «a appelé à la mise en place rapide d’une alliance pour le Sahel visant à trouver des mécanismes innovants à même de renforcer l’efficacité des actions menées avec leurs partenaires dans l’ensemble du Sahel». Il a souhaité «développer cette alliance pour le Sahel, notamment avec l’Allemagne, l’Union européenne et ses Etats membres, le Systèmes des Nations Unies, la Banque mondiale…».
S’agissant de la situation des otages retenus au Sahel, Emanuel Macron a déclaré que ceux qui les retiennent «sont des terroristes, des voyous et des assassins». Il promet de «tout mettre en œuvre pour les éradiquer». «C’est la complémentarité de nos actions qui fera la différence», ajoute-t-il.
L’état-major de la force conjointe sera installé à Sévaré et le déploiement effectif des troupes est attendu au plus tard au mois de septembre prochain.
Kassim TRAORE