En piétinant les principes et les règles de transparence dans le recrutement du personnel et en prenant unilatéralement la décision de déconcentrer l’ITIE dans les régions contre l’avis du comité de pilotage, le ministre des Mines, Pr. Tiémoko Sangaré, et la secrétaire permanente, Mme Fatoumata Traoré, conduisent le Mali aux portes de la suspension de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE).
Bien que toutes les parties prenantes de l’ITIE : le conseil d’administration de l’ITIE et son secrétariat international, les partenaires techniques et financiers comme la Banque mondiale, la Coopération allemande (GIZ), le FMI et tout acteur impliqué directement et indirectement dans la mise ne œuvre de cette initiative en République du Mali sont édifiées sur le fonctionnement récent de l’ITIE, des anomalies à même d’affecter ses principes fondamentaux et des pratiques de nature à disqualifier le Mali sont légion.
Le constat est amer aujourd’hui quand toutes les informations relatives à des mauvaises pratiques, contraires à la gouvernance du comité de pilotage, deviennent des anomalies. Il s’agit des recrutements massifs de jeunes, sans aucune expérience professionnelle, proches du ministre Sangaré au secrétariat permanent de l’ITIE. Lors de la session du comité de pilotage, le 22 juin 2017 à la DNGM, des jeunes se promenaient fièrement dans la salle de réunion. Certains ont confirmé avec fierté leur engagement comme agents à l’ITIE-Mali.
Tant d’irrégularités sont révélées à ce niveau. Le cadre organique du décret fixant le cadre institutionnel de l’ITIE publié sur le site de l’ITIE ne prévoit pas autant de personnel. Si l’objectif est de renforcer l’effectif de l’ITIE, il faut dire que l’avis du comité de pilotage n’est jamais demandé sur plusieurs décisions et sur ces cas de recrutement. Cette irrégularité touche également la procédure de recrutement de la nouvelle secrétaire permanente, Mme Fatoumata Traoré, et d’un informaticien à la place du chargé de communication.
Dans l’un ou l’autre cas, il s’agit de postes créés fictivement pour placer des proches, sans appel à candidature pour permettre aux compétences maliennes de tenter leur chance. En matière de transparence cet élément est incontournable, sinon l’ITIE n’aurait plus sa raison d’être. Ces recrutements n’ont rien de transparent et de bonne gouvernance surtout au moment où le conseil d’administration de l’Initiative a souligné les progrès mitigés du Mali au président de la République.
A cette allure où c’est le premier acteur qui piétine les principes et les règles de l’Initiative, rien n’assure point que les ressources financières et matérielles mises à disposition par l’Etat et les partenaires ne seront pas dilapidées.
Recrutements massifs fictifs
Autre anomalie, pas la moindre, est la décision prise unilatéralement par le ministre Sangaré de déconcentrer l’ITIE dans les régions, alors que le comité de pilotage s’y est opposé. Nonobstant les demandes de toutes les parties prenantes de retirer le dossier, celui-ci suit bien son cours au niveau du gouvernement, à en croire la secrétaire permanente.
Ce mode de fonctionnement sort des exigences de l’ITIE qui requièrent une implication de tous lors de la prise de décision. Est-il orthodoxe que la société civile et beaucoup d’acteurs du comité de pilotage demandent d’une initiative que le PV le mentionne, que le ministre unilatéralement fait avancer le dossier ?
Le président du conseil d’administration de l’ITIE, Friedrich, le Premier ministre, qui est le président du comité de supervision de l’ITIE, les partenaires techniques et financiers tels que la Banque mondiale et la GIZ et les organisations nationales et internationales de la société civile impliquées dans la transparence et la bonne gouvernance se doivent de jeter un regard sur la gestion de l’ITIE, car tous ces recrutements massifs fictifs pouvaient être évités au profit du financement des objectifs essentiels de la norme ITIE pour le bien-être des communautés.
Sinon cautionner des telles dérives qui enfreignent à la transparence des ressources financières et à la bonne gouvernance dans le secteur minier, surtout des recrutements sans utilité et sans postes, c’est cautionner la corruption.