Le Procureur général a rendu hommage aux soldats des pays frères et amis tombés sur le champ de bataille pour la libération de notre territoire. Les travaux de la première session de la cour d’assises de Bamako ont débuté hier à la Cour d’appel à Banankabougou en Commune VI. La cérémonie d’ouverture était présidée par Moussa Sara Diallo, magistrat à la cour, en présence du procureur général près la cour (PG), Daniel A. Tessougué. Les avocats étaient représentés par leur bâtonnier, Me Issaka Keïta. Des assesseurs et nombre de magistrats et auxiliaires de justice étaient également présents.
110 dossiers seront traités au cours de cette session qui va durer environ un mois. Ils concernent 168 accusés (dont 16 femmes) et 144 détenus. Dans les dossiers, on retrouve 21 cas d’infractions contre les biens, dont 4 atteintes aux biens publics, 62 cas d’infractions contre les personnes et les mœurs (coups mortels, assassinats, parricide, pédophilie et.), 5 cas de trafic de drogue, etc.
Comme il fallait s’y attendre, la situation de guerre que vit notre pays a dominé le discours de Daniel A. Tessougué. Celui-ci a rendu hommage aux soldats des pays frères et amis tombés sur le champ de bataille pour la libération de notre territoire. Il s’est insurgé contre ceux qui ont imposé la guerre à notre pays et « leurs lobbies » qui veulent mettre à mal notre patrie avec des accusations plus ou moins réelles. Il a expliqué les efforts consentis par le parquet pour tirer ces accusations au clair. « Nous sommes un peuple malien, et nous n’avons jamais connu ni blanc, ni noir, ni jaune. La nation malienne a vibré chaque fois que le pays a été en danger. Ceux qui ont semé la graine de la guerre et de la division dans ce pays, et qui ont été vaincus, sont les mêmes qui crient à la discrimination ».
Citant Aimé Césaire, et en rapport avec la situation actuelle du pays, il dira que « le Mali s’est effondré un instant, mais ces hommes n’ont pas pour autant perdu la raison ou poussé des cornes ». Il a réaffirmé la nécessité pour nous de faire ensemble de la justice le vrai socle du renouveau de ce pays.
Revenant au sujet du jour, Daniel Tessougué a rappelé que « les sessions d’assises, constituent un temps fort ou la justice est rendue réellement au nom du peuple malien. Le jury populaire en est la manifestation la plus éclatante ». Il a réaffirmé sa ferme volonté de respecter la loi et de dire le droit en paraphrasant le 1er pluviôse an IX : « Les lois ne sont pas des purs actes de puissance, ce sont des actes de sagesse, de justice et de raison. Le législateur exerce moins une autorité qu’un sacerdoce. Il ne doit point perdre de vue que les lois sont faites pour les hommes, et non les hommes pour les lois, qu’elles doivent être adaptées aux caractères aux habitudes, à la situation du peuple pour lequel elles sont faites ».
Le PG s’est présenté comme celui qui fait remonter les cris de millions de nos compatriotes, qui veulent que leur justice soit une vraie justice et que leurs magistrats, répondent aux vœux qu’un peuple qui a consenti des sacrifices et continu à les consentir est en droit d’exiger de ces femmes et de ces hommes, qui disent le droit en son nom. « Ne pas le faire, ne pas dire le bon droit au nom du peuple souverain, c’est le trahir ».
Le bâtonnier Issaka Keïta a assuré, pour sa part, que les avocats joueront leur rôle et tout leur rôle au cours de cette session. « Nous sommes des avocats porteurs de valeurs universelles. Ce qui nécessite un savoir et un savoir-faire. Les avocats joueront leurs rôles ». Il a plaidé pour qu’au cours de ces assises les accusés puissent bénéficier d’une « totale défense ». Selon lui, on saurait parler de défense si elle n’est pas totale et complète. D’où la nécessité d’une aide juridictionnelle, à savoir de l’assistance des accusés de l’instruction du dossier jusqu’à la barre. Le bâtonnier en a appelé au professionnalisme des juges pour que justice soit rendue.
Parlant de la construction d’un Etat de droit, Me Issaka Keïta a estimé que « cela ne saurait se faire sans justice juste et saine ». Pour ce qui est du respect des libertés fondamentales, il dira qu’on ne saurait en parler sans le respect de certains droits fondamentaux. Notamment ceux relatifs à la presse. « Il faut que les violences et les tortures soient bannies à jamais dans notre pays », a-t-il recommandé.
Moussa Sara Diallo a, lui, fait l’amer constat du règne et de la persistance de l’insécurité dans la cité. Après avoir rappelé la composition de la cour, le rôle dévolu à chacun de ses membres et leur importance tel que prévu par la loi, il réaffirmé la ferme volonté de dire le droit. « La puissance n’est pas de frapper fort. Mais de frapper juste », a-t-il conclu.