SociétéHonorable Amadou Araba Doumbia à propos de la réforme constitutionnelle : « Cette révision constitutionnelle n’est pas l’aspiration profonde du peuple malien »
Publié le dimanche 9 juillet 2017 | Nouveau Réveil
Dans une interview qu’il nous a accordé, l’Honorable Amadou Araba Doubmbia, élu du cercle de Niono, sous les couleurs du Parti SADI et non moins Secrétaire à la communication du dit parti nous a donné ses impressions sur le projet de loi portant révision constitutionnelle votée par l’Assemblée Nationale du Mali.
Le Nouveau Réveil : pourquoi autant de protestation contre le projet de loi portant révision constitutionnelle au Mali ?
Honorable Amadou Araba Doumbia : merci de m’avoir donné l’occasion d’expliquer mon point de vue sur cette révision constitutionnelle qui suscite beaucoup de débat. Si cette constitution est adoptée, il y a beaucoup de choses dedans qui n’arrangeraient pas le peuple malien. Cela va amener le pays dans une situation inattendue. Je m’explique : la constitution de 1992 est une constitution qui a été mise en place par le peuple malien à partir d’une large concertation et après une conférence nationale. Donc c’est une constitution historique qui a mis tout en œuvre pour préserver les droits fondamentaux des citoyens maliens. Elle respecte le peuple malien. Maintenant, la situation dans laquelle nous sommes ne permet pas à un pays de réviser la constitution comme le stipule l’article 118 alinéa 3. La majeure partie du territoire échappe au contrôle de l’État et l’insécurité devient de plus en plus endémique. Donc les conditions ne sont pas réunies pour que tous les maliens puissent jouir de leurs droits de vote. Nous trouvons cela injuste et on risque d’avoir un referendum bâclé. Les résultats qui seront obtenus ne seront pas l’avis du peuple, parce qu’il y aura des parties du pays qui n’auront pas participé à ces élections référendaires.
Quel jugement faites-vous par rapport aux propos du président IBK qui dit d’une part que le Mali est sous une insécurité résiduelle et d’autre part que le pays n’est pas occupé par des forces étrangères ?
On dit que le pays n’est pas occupé par des forces étrangères, certes mais il est occupé d’une manière ou d’une autre dans la mesure qu’il y a plusieurs localités où l’État ne peut même pas s’y rendre pour exercer son pouvoir. Dans ces zones les écoles sont fermées, les gens ne peuvent pas aller et revenir librement. Cela signifie clairement que les conditions ne pas réunies pour faire un referendum digne de ce nom et qui peut nous permettre d’avoir une constitution aussi solide que la constitution de 1992. Après tous ces constats, nous, on se pose la question pourquoi le président de la République veut faire de cette révision une urgence ? Comme si sans laquelle rien ne peut marcher dans ce pays.
Comparativement à ce projet de loi qui sera soumis au referendum dans les jours à venir, quel avantage le peuple malien a-t-il tiré de la constitution de 1992 ?
La constitution de 1992 a donné au peuple malien un droit de regard sur sa constitution. Elle a permis à la population de s’approprier de sa constitution. Mais on veut dire aujourd’hui que le Sénat et l’Assemblée Nationale, à la demande du président peuvent modifier la constitution, sans avoir recours à un referendum. Nous disons que cela est un grand risque. C’est un piège que le peuple malien ne doit dévier. C’est pourquoi nous adoptons cette position par rapport à la constitution et parce que nous sommes censés être des hommes avertis par rapport à la majorité de la population qui ne savent pas lire le français ni le comprendre. C’est notre devoir de lire et comprendre, ensuite expliquer en langue vernaculaire, quels sont les enjeux ou les risques en acceptant ce referendum. Parce que si jamais il y a referendum dans cette situation critique, le peuple malien va se retrouver dans une situation la plus difficile de son histoire. Et on dira certainement qu’il y a eu un referendum pour adopter la constitution. En cas de désobéissance on dira que tu n’as pas respecté la loi alors qu’en réalité elle a été trichée pour nous mettre une camisole de force. C’est pour cela que nous disons qu’on ne veut même pas un referendum.
Quel est votre dernier ultimatum concernant le retrait de ce projet de loi ?
Comme on le dit en langue Bambara, un homme averti en vaut deux : Son Excellence Ibrahim Boubacar Keita, a déjà été averti à travers des marches et des meetings de protestation de la société civile et des partis politique de l’opposition pour qu’il retire ce projet de révision de la constitution. Nous aussi en tant que députés de l’opposition, avons fait un recours à introduire une requête auprès de la cour constitutionnelle pour demander le retrait de ce projet de révision constitutionnelle, parce que nous la trouvons illégale. En attendant la décision de la cour constitutionnelle.
Adama Coulibaly