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Oumar Mariko du parti SADI : “IBK, en imposant cette Constitution, trahit le peuple malien”
Publié le lundi 10 juillet 2017  |  L’Indicateur Renouveau
Oumar
© Autre presse par DR
Oumar Mariko
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Le député élu à Kolondiéba, Oumar Mariko, ne manque pas de qualitatifs pour attaquer la décision de la Cour constitutionnelle. Pis, il s’en prend au chef de l’Etat qui, selon lui, “en imposant cette Constitution trahit le peuple malien“.

Le ton est guerrier, les gestes ressemblent à un meeting, le président du parti Sadi, Oumar Mariko, a fait une sortie enflammée contre l’arrêt rendu par les juges constitutionnels, vendredi dernier à la Maison de presse. Morceaux choisis : “Je pense que cet arrêt de la Cour constitutionnelle est une victoire de l’opposition sur toute l’étendue du territoire. La démocratie a eu une victoire. Mais, à mon avis, la Cour constitutionnelle n’est pas allée au fond, elle s’est laissée encore embrigader par le politique. C’est ce qui est dommage. C’est très dommage dans la mesure où dans un pays le recours du citoyen ne dit pas la loi jusqu’au bout. Ce recours constitue véritablement le problème, parce qu’il devient fauteur de trouble. Je souhaiterais que la Cour constitutionnelle revienne là-dessus”.



L’ancien leader estudiantin ne s’arrête pas en si bon chemin. “A mon avis, la Cour constitutionnelle, dirigée par une dame qui, en 1992 lorsqu’elle était au prétoire pour parler au nom du peuple malien contre le régime défunt, a évoqué de façon magistrale l’état de la justice dépendant du politique. Qui d’autre au Mali pourrait donner des leçons d’indépendance aux politiques maliens et au peuple malien que Mme Danioko ? Je n’en vois pas. Je me suis fait force de lui envoyer en 2013 sa plaidoirie quand elle est venue à la Cour constitutionnelle pour lui demander de bien vouloir écouter cette plaidoirie, et de juger l’état actuel de la justice. Je suis loin d’imaginer qu’elle puisse elle aussi tomber dans les méandres de la politique politicienne pour endeuiller le peuple malien, parce que tout ce qui va se passer endeuillera le peuple malien”, a laissé entendre Oumar Mariko.

“On ne gère pas un pays avec état d’âme personnel“

Et à Oumar Mariko de s’adresser vertement au chef de l’Etat : “Le président Ibrahim Boubacar Kéita doit comprendre qu’on lui a menti, qu’on lui ment pour lui faire plaisir. Et puisque lui aussi aime se faire plaisir, il a accepté le plaisir et il aime le mensonge. Que le président IBK comprenne qu’on ne gère pas un pays avec des états d’âme personnels, sinon on ferait plus de destruction”.

Très inspiré, l’ancien allié de la mouvance présidentielle ne s’arrête pas là : “Je dirai que la Constitution, c’est le peuple. S’il (IBK) trahit déjà la Constitution, il a trahi le peuple. En réalité, ce qu’il dit : ‘ne pas appliquer ses engagements internationaux serait une trahison vis-à-vis du peuple malien’. Il n’a qu’à choisir entre trahir ses engagements internationaux et trahir le peuple malien, parce que quelque chose ne va pas. Il doit plutôt respecter le peuple malien. Et respecter le peuple malien, c’est respecter la Constitution”.

Pour donner de la valeur à ses réserves, M. Mariko estime que sur les 703 communes, les élections communales se sont déroulées dans six cent et quelques : “A partir de cet instant, lorsque la Constitution dit qu’il ne faut pas la toucher, lorsque les Maliens vont être sevrés de leurs droits de voter alors qu’ils en ont envie, qu’il ne faut même pas engager un processus référendaire, Ibrahim Boubacar devrait savoir raison garder. Mais il ne l’a pas fait. Quand tu passes quatre ans de ta vie au pouvoir à ne pas écouter les cris d’alarme, et de l’opposition et de ses composantes, et du peuple malien, ce n’est pas au soir d’une fin de règne que vous allez courir dans tous les sens pour rattraper ce qui n’a été fait en quatre ans”.

“Des milices pour embraser le Nord”

Selon Oumar Mariko, avant la révision constitutionnelle, il y avait beaucoup d’actes qui devraient être posés par le pouvoir, notamment le retour de la paix et de la sécurité. Mais, déplore-t-il, le pouvoir s’est amusé à créer dans le pays des milices pour embraser davantage le Nord : “Qui a joué dans les conflits intracommunautaires ? Qui a joué à diviser le Mali et les Maliens en pro-Mali et en anti-Mali, en ceci, en cela ? Qui a fait ce travail ? Et maintenant, lorsque la communauté internationale tape du poing sur la table pour dire qu’on a besoin d’une gouvernance de réforme radicale, en cela, avant d’avoir terminé de poser les jalons de la paix, on va encore poser d’actes qui vont nous ramener dans une situation beaucoup plus meurtrière”.

Pour ainsi dire, le Dr. Oumar Mariko est formel : “Je pense là que le président IBK devrait beaucoup faire son mea culpa et essayer de ressouder avec le peuple malien, en revenant purement et simplement sur sa Constitution-là. Ce qu’un ministre a qualifié de brochure. Sur la brochure, que la Cour Constitutionnelle veut imposer au peuple malien”.

“Non seulement il y a des armées, même si elles ne s’affrontent…“

Les déclarations du président français Emmanuel Macron lors du sommet du G5 Sahel n’ont pas échappé à Oumar Mariko. “Notre combat de 91 pour le multipartisme est un combat de l’affirmation de la dignité de chaque Malien qui ne saurait prendre des leçons ni à Paris, ni à Washington, ni ailleurs. Les Maliennes et les Maliens sont des hommes débout. Je pense que leur vie ne se dessine pas à Paris. D’ailleurs, quand Paris décide de nos vies, nous savons ce que ça vaut pour nos émigrés en France, pour nos fameuses garanties de convertibilité. Mais lorsqu’un chef d’Etat africain, un chef d’Etat malien ne regarde que de ce côté-là, je pense qu’il a trahi le peuple malien”, lance-t-il.

Les charges du député Oumar Mariko contre le locataire de Koulouba sont nombreuses : “Ibrahim Boubacar Kéita, en imposant cette Constitution, en imposant le vote dans ces conditions-là, qu’il réfléchisse qu’il trahisse le peuple malien, parce que s’il le fait au profit de ses engagements internationaux, nous devons savoir que l’étape constitutionnelle n’est qu’une étape, pas prioritaire, pas première par rapport donc à ses engagements internationaux. Il n’a pas respecté ses engagements internationaux parce qu’à la date d’aujourd’hui, il ne devrait pas avoir deux ou trois armées qui s’affrontent. Non seulement il y a des armées, même si elles ne s’affrontent pas, il y a des milices qui sont créés par-ci, par-là. Il y a une situation sécuritaire dont le contrôle même du pays échappe complètement au pouvoir”.

Une constance dans les propos du président du parti Sadi, le régime d’IBK fait du surplace. “Ibrahim Boubacar Kéita doit prendre la mesure de la situation et se réveiller un peu, et de pouvoir rentrer dans des discussions sérieuses pour éviter cette situation à notre peuple”, tranche Oumar Mariko.

A. M. C.

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