La Coordination des Mouvements de l’Azawad(CMA) et le Groupe d’Autodéfense Imghad et Alliés (GATIA) se sont, à nouveaux, violement affrontés, hier mardi 11 juillet 2017 à Tidjachiwen et à Anefif, dans la région de Kidal. Selon des sources locales, après d’âpres combats, le Gatia, membre de la Plateforme, ne contrôlerait plus Anefif, localité située à une centaine de kilomètres de la ville de Kidal. Ces nouveaux combats meurtriers entre les deux groupes armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali fragilise davantage le processus de paix.
Reprise des hostilités, hier mardi 11 juillet 2017, entre la Coordination des Mouvements de l’Azawad(CMA) et le Groupe d’Autodéfense Imghad et Alliés (GATIA), dans la région de Kidal. Selon des sources locales, depuis le matin, des violents combats ont éclaté, dans la région de Kidal, plus précisément à Tidjachiwen et à Anefif, entre les deux groupes armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. A la suite de plusieurs accrochages meurtriers, le Gatia qui contrôlait Anefif depuis 2015 a dû quitter la ville au profit de la CMA. « Pour l’instant ici c’est l’accalmie avant la tempête. Tout porte à croire que les combats vont reprendre », témoigne un habitant d’Anefif. Si aucun bilan n’est encore disponible, il y a eu, selon nos sources, plusieurs morts et des blessés.
Le jeudi 6 juillet dernier, après les combats entre les deux groupes armés au sud d’Aguel’hoc et qui ont fait plus d’une dizaine de morts, la Minusma avait condamné des « violations de l’Accord de paix et des résolutions du Conseil sécurité. » « Si elles persistent, a indiqué le chef de la Minusma Mahamat Saleh Annadif, elles affecteront non seulement la mise en œuvre de l’Accord de paix, profitant ainsi au terrorisme pour gagner davantage du terrain, mais elles risquent également de saper la confiance des maliennes et maliens et de la communauté internationale toute entière en la bonne foi des mouvements signataires en tant que partenaires sérieux et crédibles dans la quête du Mali pour une paix durable »
Mécontentement de quatre mouvements signataires de l’Accord
La 19ème session ordinaire du Comité de suivi de l’accord (CSA) qui devait se tenir le lundi dernier n’a pu se tenir qu’hier. Mais auparavant, quatre mouvements signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issue du processus d’Alger avaient adressé une lettre au président du CSA, l’Algérien Ahmed Boutache. Ces quatre mouvements (CPA, CMFPR2, MSA et CJA) ont attiré l’attention du président du Csa sur le dysfonctionnement qui existe au sein de la CMA. Dans cette lettre en date du 30 juin 2017, les quatre Mouvements dénoncent leurs marginalisations.
«Au nom des mouvements membres de la CMA, signataires du 15 mai de l’Accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger, j’ai l’honneur d’attirer votre haute attention sur la persistance du dysfonctionnement au sein de la CMA. Depuis l’adoption de l’article 10 du règlement intérieur du CSA qui reconnait l’appartenance de la CPA et de la CMFR2 à la CMA, celle-ci n’a jamais voulu les associer aux réunions et aux prises de décisions et n’ont jamais reçu d’information concernant les activités auxquelles ladite coordination est invitée à participer soit par le Gouvernement malien, soit par la Médiation Internationale elle-même », c’est en substance ce qui ressort de la lettre des quatre Mouvements signataires de l’accord adressée au président du CSA. Selon le porte-parole des quatre Mouvements, Mohamed Ousmane AG MOHAMEDINE, cette situation contraire au principe d’inclusivité prôné par l’Accord pour la paix avait déjà conduit à un blocage et pourrait porter vers une situation encore plus dramatique et une véritable impasse dans la mise en œuvre de l’Accord. Il a informé le président du CSA que toute décision qui sera prise en leur absence ne saurait les engager. Et d’ajouter qu’ils utiliseront, par conséquent, tous les moyens dont ils disposent pour y faire échec. « En outre nous souhaitons qu’il vous plaise de bien vouloir faire figurer à l’ordre du jour de la prochaine session du CSA le statut définitif et les modalités de participation à la mise en œuvre de l’Accord des mouvements de la CMA signataires du 15, à la demande des Nations Unies et qui, depuis, ont été rejoints au sein d’une coalition dite « Entente du 25 janvier » par des mouvements dissidents de la CMA. En vous renouvelant, notre volonté indéfectible de contribuer de façon efficiente au succès de la mise en œuvre de l’Accord, nous vous prions d’accepter l’expression de notre profond respect », a conclu le porte-parole des 4 Mouvements.
Plus de deux ans après sa signature, l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali n’a pas connu de grandes avancées. Les groupes armés continuent aussi de s’affronter régulièrement et très violemment pour le contrôle de Kidal qui est toujours interdit aux autorités maliennes. Les réfugiés et les déplacés ne sont pas encore de retour, le MOC (Mécanisme opérationnel de coordination) et le DDR (Démobilisation, désarmement et réinsertion) rencontrent aussi des problèmes. Pire, on assiste à une recrudescence d’actes terroristes contre les forces militaires maliennes et étrangères. Les conflits intercommunautaires au Centre du pays prennent des proportions inquiétantes.