Empêtrée dans une affligeante indigence argumentaire ; l’Opposition broie du noir. Entre positions défendues hier et celle d’aujourd’hui, face au projet de révision constitutionnelle, c’est un gouffre sur lequel plane une logique de défiance de l’autorité.
Le Gouvernement a justifié le projet de révision constitutionnelle par la nécessité d’adaptation des textes qui remontent à 25 ans ; les tentatives antérieures qui n’ont pas abouti ; la prise en compte des termes de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger.
Sur ce dernier point, l’on assiste à une évolution ahurissante des positions des leaders de l’Opposition. La Preuve ? Dans une interview exclusive accordée à Roland KLOHI, le Président du PARENA, Tiébilé DRAME, déclarait : « Malgré certaines des dispositions de cet accord qui portent les germes de la division et de nouveaux conflits, le PARENA a invité le pays à l’endosser, à le considérer comme une étape dans la longue quête de paix durable au Mali, un processus difficile, appelant à beaucoup de patience et de compromis ».
En faisant cette déclaration, le président DRAME endossait l’Accord, quand bien même il a émis quelques réserves. Ce qui, du reste, est de bon droit pour se ménager une issue de sortie. Il l’a encaissé et a invité les Maliens à faire de même. Mieux, il argumente : « Car comme la Constitution adoptée par le peuple souverain du Mali en 1992, l’Accord d’Alger ne saurait être ni le Saint Coran ni la Sainte Bible. D’ailleurs, il a prévu les conditions de sa relecture et de son éventuelle révision ».
Ainsi, M. DRAME reconnaît que la Constitution adoptée par le peuple souverain du Mali est susceptible de modification, tout comme l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.
Paradoxalement, c’est la révision de cette Constitution du 25 février 1992 qui donne lieu à une véritable levée de boucliers quand bien même il est question d’intégrer des éléments de l’Accord. Pourquoi un tel revirement ? S’agit-il de s’opposer pour s’opposer ? Cherche-t-on à mener le pays vers le chaos ? Autant de questions qui méritent des réponses sincères pour être crédible aux yeux des Maliens.
De même, il est sidérant de constater que des hommes politiques qui se proclamant républicains et démocrates foulent du pied les lois de la République. En effet, l’article 94 de la Constitution du 25 février 1992 dispose : ‘’Les décisions de la Cour constitutionnelle ne sont susceptibles d’aucun recours. Elles s’imposent aux pouvoirs publics, à toutes les autorités administratives et juridictionnelles et à toutes les personnes physiques et morales’’.
Or, suite à la saisine de la Cour par l’Opposition, pour déclarer l’inconstitutionnalité de la Loi devant être soumise à référendum, un Arrêt a été rendu le 4 juillet dernier. Cette décision de justice s’impose à tout le monde. Cependant, cela ne semble pas être le cas. Il y a même comme une espèce de défiance vis-à-vis de l’autorité judiciaire. Quand l’Arrêt de la Cour constitutionnelle a été rendu, des plumitifs s’en sont donnés à cœur joie à tenter de le détricoter ; une nouvelle marche est annoncée pour le 15 de ce mois… Tout est mis en œuvre par ‘’les républicains’’ et ‘’démocrates’’ pour passer outre un Arrêt qui, pourtant, s’impose à eux. Dans cette posture, sont-ils fondés à exiger quoi que ce soit de qui que ce soit ? Assurément pas.