Le 30 juin dernier à Ilouk, dans le Cercle de Gao et le 3 juillet à Lellehoye-Haoussa (près d’Ansongo), le bureau régional de la MINUSMA à Gao, a visité plusieurs projets de Réduction de la Violence Communautaire (RVC). Financés par la Mission onusienne au Mali, ces projets ont pour but de réduire la violence communautaire en aidant la population, plus particulièrement les jeunes et les femmes, à développer des activités génératrices de revenus. Aujourd’hui, ces projets commencent à porter leurs fruits. C’est le sentiment Zeinaba, l’une des nombreuses bénéficiaires rencontrée à Lellehoye-Haoussa.
Zeinaba Yacouba est l’épouse d’Abdoul Maiga, chômeur à la recherche d’un emploi. Habitante de Lellehoye-Haoussa, mère de trois enfants, Zeinaba est une femme active, soutien de famille. Battante, elle fait partie des 150 femmes de sa localité à avoir bénéficié de deux projets RVC. Le premier projet vise à l’aménagement d’un périmètre maraîcher de trois hectares et le second, à l’installation d’un moulin multifonctionnel.
L’émotion saisi Zeinaba lorsqu’elle décrit la situation de sa famille, avant la mise en place des projets RVC. C’est à la foi avec pudeur mais aussi transparence qu’elle se confie. « Vraiment nous étions très pauvres et sans ressources. Ce qui a poussé nos deux garçons à rejoindre un groupe armé opérant dans notre zone. Ils avaient soudain adopté un comportement inapproprié et je ne percevais plus aucun espoir. Notre seule fille était tombée enceinte. Elle a un bébé de neuf mois. Mon mari et moi étions très affectés par la triste tournure des évènements dans notre foyer» explique Zeinaba.
C’est notamment pour faire face à ce risque d’enrôlement des jeunes dans les groupes armés mais aussi pour lutter contre la paupérisation des populations, que la MINUSMA, à travers sa section de la Réforme du Secteur de la Sécurité et, du Désarmement, de la Démobilisation et de la Réinsertion (RSS/DDR), initie et finance ces projets. Et, à entendre Zeinaba, dans son cas, cette initiative a été, pour elle et sa famille plus que salutaire…
« Nous avons passé de nombreux jours à pleurer en silence mais, il y a trois semaines, après que je sois allée au marché d’Ansongo pour y vendre quelques produits dudit périmètre maraîcher, j’ai gagné un peu d’argent. Dès mon retour à la maison, j’ai préparé un bon repas et j’ai remis quelques francs à mon mari pour qu’il achète des boissons sucrées pour toute la famille. C’était une soirée exceptionnelle pour nous car, depuis belle lurette nous n’avions pas connu de tels moments de joie en famille. Nos deux garçons sont rentrés tard le soir et ont remarqué quelque chose d’étrange : nous étions en train de prendre notre repas du soir avec des boissons. Ils étaient sans voix… » confie Zeinaba.
C’est alors qu’elle explique à ses combattants de fils, qu’elle pratique le maraichage dans le cadre d’un projet RVC. Un large sourire aux lèvres, elle poursuit en décrivant la réaction de ses enfants : « Ils m’écoutaient avec beaucoup d’attention et avaient tous leurs armes à feu rangées à leurs côtés et de façon non sécuritaire. Il y avait un silence inhabituel, c’était émouvant pour mon mari et moi, de voir nos fils et leurs amis s’intéresser à mon activité. Abdoul Idrissa, 18 ans, me dira qu’il était prêt à abandonner ses activités de combattant pour se concentrer sur une activité génératrice de revenus. Les autres ont aussi envisagé de lui emboiter le pas ».
C’est ainsi que, selon la maraichère de Lellehoye-Haoussa, dès le lendemain, ses enfants ont “rendu leurs tabliers” et bien sûr leurs armes au groupe armé dans lequel ils étaient enrôlés. Pour le plus grand plaisir de leur mère, Abdoul Idrissa, son frère et ses amis ont ainsi fait le choix d’une nouvelle vie : « Ils travaillent maintenant la terre. Mon mari les a aussi rejoints dans cette activité » se félicite Zeinaba, le regard plein d’espoir, avant de conclure : « La joie de vivre est revenue dans notre foyer ! ».