Ibrahim Issaka, le vice-président de Gao Lama Borey estime que les jeunes tombés à Gao le 12 juillet 2016 sont les avant-gardistes de la lutte citoyenne menée actuellement contre la révision constitutionnelle. « Ces jeunes résistants à l’invasion rebelle ont vu assez tôt qu’il profilait à l’horizon, il y a déjà plus d’un an, le piège implacable de l’Accord d’Alger se refermer inexorablement sur le Mali », a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse le 11 juillet.
Les victimes doivent à ce titre être saluées comme les martyrs de la République, selon les responsables de Gao Lama Borey. La paix mainte fois promise est autant de fois remise aux calendes grecques, sur fonds d’accord d’Alger toujours mis en œuvre au détriment du Mali et des citoyens républicains. Hélas, déplorent les militants de Gao Lama, cet accord est toujours mis œuvre en faveur de ceux qui renient la République et continuent de le faire.
Pour les jeunes de Gao, l’Etat a imposé les autorités intérimaires aux populations du nord sans concertations ni débats. «Que n’a-t-on pas promis avec la mise en place des autorités intérimaires ? Que dis-je, des autorités criminelles puisque composées de criminels ou de leurs affidés. Alors que la loi modificative du code des collectivités et son décret d’application ont été royalement ignorés dans le seul dessein de mettre une petite minorité au déçu de l’écrasante majorité désespérément accrochée aux principes républicains », interroge le vice-président de Gao Lama Borey.
Et même mises en place au mépris de la légalité républicaine, les autorités intérimaires n’ont pas encore apporté la paix tant promise. Selon Ibrahim Issaka, la mise en place du Mécanisme opérationnel de coordination(MOC) avec 600 éléments répartis entre FAMA, CMA et Plateforme et majoritairement issu des minorités armées.
Les populations des régions du nord avaient jeté leur dévolu sur la conférence d’entente nationale pour avoir la quiétude. « Mais la paix demeure chimérique avec à la clé la remise en cause de l’avis de la majorité des participants sur la question de l’Azamachin. Je ne voudrais pas prononcer ce terme », a affirmé Ibrahime Issaka.
Gao Lama Borey trouve inadmissible que les groupes rebelles bien qu’ayant signé l’accord d’Alger n’ont ni désarmé, ni accepté de se cantonner, ni concédé quoi que ce soit. « Kidal demeure un centre interdit pour l’Etat du Mali. Cette façon de faire a causé trop de tort à notre pays, à nos populations laissée pour compte et dont les préoccupations se situent ailleurs que dans une révision constitutionnelle, des autorités intérimaires, des MOC et que sais-je encore », a déclaré le vice-président de Gao Lama Borey.
Les responsables de l’association soutiennent que les citoyens de Gao avaient vu venir le piège et avaient prévenu « en tombant sous les balles scélérates » de la République qu’ils ont naguère défendue les mains nues. «Finalement, tous ceux qui ont cautionné la signature de l’accord, mais surtout la mise en œuvre bancale et illogique dudit accord se sont retrouvés face aujourd’hui à un dilemme, celui de la révision constitutionnelle à laquelle ils ne s’attendaient certainement pas », indiquent les membres de Gao Lama Borey.
Pire, ils estiment que les Maliens ne sont pas au bout de leurs surprises, puisque le préalable d’une compréhension commune n’est pas fait. Ainsi, le contenu de l’accord et les conséquences qui en découleront seront découverts au fur et à mesure, morceau par morceau. « Opérer une révision constitutionnelle dans ce contexte au mépris de l’article 118 de la Constitution créera à coup sûr les conditions d’une partition rampante du territoire national, une division des communautés constituant l’ensemble national », craignent les membres de l’association.
Gao Lama Borey prédit d’ailleurs que la composition du tiers des membres du controversé sénat annoncé dans le projet de révision constitutionnelle se fera essentiellement sur une base déséquilibrée. Ce sera au détriment des populations sédentaires des régions du nord, à l’image de la panoplie d’organes de mise en œuvre de l’accord : le CSA (Comité de suivi de l’accord), la commission DDR, la commission de réforme du secteur de sécurité, les comités de rédaction de la charte de la paix et de la cartographie des terroirs.
Soumaila T. Diarra