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Révision constitutionnelle: Le passage en force se dessine
Publié le jeudi 13 juillet 2017  |  Le Point Hebdo
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Est-ce une révision constitutionnelle ou tout simplement une nouvelle constitution ? Beaucoup de Maliens avertis penchent pour la seconde hypothèse. Mais peu importe que ce soit l’une ou l’autre. Cela revient au même dans le contexte actuel. La nouveauté sur la question se rapporte au discours tenu par le président IBK lors du sommet du G5. En effet, pour le paraphraser, IBK a affirmé haut et fort que « renoncer à ce projet, ce serait trahir mon peuple, et cela, je ne le ferai pas », a-t-il dit en substance.
Ces quelques mots en disent long sur la détermination du chef de l’Etat à faire passer ce projet de constitution. Et ce, malgré l’impression de compromis qu’il avait laissé entrevoir en acceptant de suspendre le processus. Pour revenir à la fameuse déclaration, d’autant plus que le recul signifierait pour lui une trahison de son peuple, disons plutôt des amis groupes armés de la France (dont le président détiendrait aussi la nationalité), cela veut dire clairement que l’issue du scrutin est connue d’avance.
Peu importerait la majorité rejette, comme on peut s’y attendre au regard de la tension ambiante et de la mobilisation chaque jour plus déterminée des patriotes. IBK conforte d’ailleurs les partisans du NON qui sont convaincus que s’ils laissaient le referendum se tenir, leurs voix largement majoritaires ne serviraient à rien. C’est le OUI qui l’emporterait, on peut supposer, « avec une courte avance », histoire de donner le change, de faire croire que le vote a été serré mais que c’est quand même le Oui qui l’a emporté.
Les propos du président sont sans ambiguïté, car en aucun moment il n’envisage la possibilité que le Non pourrait l’emporter. Il serait prêt à tout soi-disant honorer ses engagements vis-à-vis de l’Accord d’Alger. Un Accord qui est tout sauf celui du peuple. Qu’on invoque aujourd’hui pour justifier le projet de révision, alors même que ce peuple a été mis simplement devant le fait accompli. Pour reprendre un observateur, « l’Accord et la Constitution, c’est comme acheter une chaussure et tailler son pied pour l’adapter à la chaussure ».
Une application sélective de l’Accord
Par ailleurs, en affirmant que le projet va dans le sens du respect des engagements pris vis-à-vis de l’Accord, IBK semble nous faire comprendre que seul l’un des protagonistes est obligé d’honorer sa part de contrat, en l’occurrence la partie gouvernementale. En effet, au moment où le pas est à nouveau divisé à cause de cette révision, les groupes continuent de circuler avec leurs armes, n’ont jamais accepté d’être cantonnés, ont empêché la tenue des élections communales dans plus localités.
Les gouverneurs des régions du Nord sont eux « cantonnés » à Gao. Le président IBK a déclaré publiquement qu’ « aucune fanfaronnade ne l’amènera à se rendre à Kidal ». Qui l’en empêchait ? la CMA, qui a aussi tué beaucoup de Maliens lors de la visite de l’ancien Premier ministre, Moussa Mara. Si aujourd’hui donc, ces mêmes groupes armés laissent entendre que les abominables dispositions de ce projet sont les leurs, c’est parce qu’ils peuvent compter sur le président de la République prêt visiblement à enchaîner ceux qui représentent plus de 99% de la population, pour le seul plaisir de la France et de quelques bandits armés.
Qui sont loin d’être représentatifs des populations du Nord qui disent ne pas se reconnaître dans ce fameux Accord qui, pourtant, leur fait la part belle, puisqu’en matière de recrutement et de représentation dans les institutions, eux sont toujours prioritaires. Une violation flagrante de la constitution de 1992 (et des précédentes) qui prône l’égalité de tous les Maliens. La division née de cette disposition a d’ailleurs commencé puisque lors du dernier recrutement dans l’armée, des jeunes de régions du Nord ont brandi ce « privilège » pour écarter des jeunes du Sud.
En somme, le concept Nord-Sud, préfabriqué par les médias occidentaux (RFI en particulier) prend déjà forme. Et c’est celui qui est supposé être le Garant de l’unité nationale, qui a juré de respecter et de faire respecter la Constitution, qui encourage aujourd’hui ce qui désunirait davantage les Maliens. On aura tout vu de 2012 à maintenant.
Sorry Haïdara
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