Le 28 mai dernier, les cadets maliens remportaient la Coupe d’Afrique des nations de football U17 à Libreville, en battant le Ghana en finale 1-0. La communauté malienne au Gabon a joué sa partition dans ce deuxième sacre consécutif du Mali, après celui du Niger en 2015. Le président du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur, Habib Sylla, résidant au Gabon, tire le bilan de la participation des Aiglonnets à cette compétition. Pour lui, « au moment où notre pays traverse une zone de turbulence, cette victoire des Aiglonnets est l’occasion de retrouver notre unité nationale et notre fraternité ».
Monsieur le président, les cadets maliens ont participé brillamment à la Coupe d’Afrique de leur catégorie. Vous avez fait un geste pour les jeunes. Qu’est-ce qui a motivé une telle générosité de votre part et quelle leçon tirez-vous de cette compétition ?
Effectivement, l’équipe cadette du Mali vient de participer à la 12è édition de la coupe d’Afrique des nations U17. On a assisté à une très belle compétition. Nos jeunes enfants se sont vraiment battus. Il y avait 8 équipes et pas les moindres. Notre poule était basée à Libreville dans un stade de l’amitié où il fait bon jouer au football. L’équipe cadette du Mali a livré cinq matches et je vous assure que nous avons été comblés par rapport à la prestation des jeunes. On a joué un match contre la Tanzanie avec un score vierge. On a enchaîné avec le Niger qu’on a battu 2-1, puis l’Angola, battu 6-1.
Contre la Guinée en demi-finale, on a gagné aux tirs au but.
La finale contre le grand Ghana a été très, très dure. Mais au finish, les nôtres ont gagné par le minimum 1-0. L’ensemble de la communauté malienne du Gabon s’est fortement mobilisée pour assister à cette ultime manche comme elle l’a fait à toutes les rencontres. Même si les Aiglonnets avaient joué au 26 Mars ou au Stade Modibo Keïta ça ne pouvait être mieux. Dès qu’ils sont arrivés, j’ai su que ces enfants ont de l’avenir et qu’ils allaient réussir une belle compétition malgré l’incertitude que laissait planer la suspension de la FIFA jusqu’à quelques jours de l’événement.
Pour les motiver à bien aborder le tournoi, je leur ai donné deux millions, tout en leur promettant qu’on se reverrait en cas de victoire finale.
La colonie malienne, aidée par le peuple gabonais, a mis les petits plats dans les grands pour mettre dans les meilleures conditions les jeunes et toute la délégation malienne en termes de déplacement pour aller au stade et revenir, de sécurité, de restauration etc. Durant tout leur séjour, il n’y a eu aucune fausse note. Et, cerise sur le gâteau : mission accomplie pour les enfants qui ont fait leur part du boulot en remportant avec brio la coupe. Il était donc tout à fait normal que j’accomplisse ma parole donnée. Après le sacre, je leur ai remis la somme symbolique de 10000 euros, soit 4 millions de FCFA ; donc 6 millions en tout.
Ils méritaient mieux puisque pendant trois semaines, l’hymne national du Mali a vibré au stade de l’Amitié, et le drapeau du Mali flottait partout. Il faut féliciter le ministre, les garçons, l’ensemble de l’encadrement et la fédération.
Le football, c’est un art qui permet aux peuples de consolider leur amitié et surtout à un peuple de s’unir. Au moment où notre pays traverse une zone de turbulence, cette victoire des Aiglonnets est l’occasion de retrouver notre unité nationale, notre fraternité. C’est très important. Nous n’avons pas un pays d’échange contre notre Mali, il faut vraiment que tout le monde se donne la main.
En plus, les champions d’Afrique vont jouer la coupe du monde de leur catégorie. Il faut continuer à les soutenir, il faut continuer de croire en eux parce que ce sont les seniors de demain. Si la dynamique actuelle est maintenue, je pense qu’on peut obtenir avec eux ce qu’on n’a pas pu avoir avec les générations qui les ont précédés.
Au nom des Maliens du Gabon, au nom des Maliens qui sont venu d’autres pays, comme la RDC, de la Guinée Equatoriale je félicite la fédération malienne de football, le ministère des sports, les ministres médiateurs désignés par le Premier Abdoulaye Idrissa Maïga et l’ensemble des acteurs du football malien qui ont eu le bon sens de ne pas laisser la chance échapper à ces jeunes en mettant de coté leurs désaccords pour se retrouver. En tout cas c’est cette retrouvaille qui a permis à l’équipe de venir au Gabon et de remporter cette coupe. Nous prions pour que la paix puisse régner entre toutes les deux entités qui composent le football malien. C’est une seule maison, c’est une seule famille.
Un point important à souligner : en 7 ans, le Gabon a pu abriter trois compétitions africaines ; ce qui nous a permis d’être proches de nos joueurs et de notre équipe nationale. C’est un honneur. Tout ça, c’est grâce à la politique sportive du Gabon, grâce au président de la République du Gabon, Ali Bongo Ondhimba, qui a mis des infrastructures sportives à la disposition de la jeunesse gabonaise en particulier et de la jeunesse africaine en général.