Même si le président de la République et sa Cour constitutionnelle veulent faire avaler aux patriotes que le Mali ne fait face qu’à une insécurité résiduelle, les attaques ne cessent de se multiplier contre les symboles de l’Etat (Forces armées et de sécurité…) sur l’ensemble du territoire national. Et la paix devient chaque jour davantage un mirage parce que l’essentiel est occulté par le gouvernement sous la pression de la France, pardon, de la communauté internationale.
Le dimanche 9 juillet, vers 14 h GMT, un convoi des FAMa est tombé dans une embuscade à Aguizranah et Inkadagotan à 60 km de Ménaka (au sud-ouest de Ménaka). Le bilan provisoire est de 4 véhicules détruits ou emportés avec 13 hommes. Quatre véhicules ont pu regagner Ménaka. Ce même dimanche dans les environs de 22 h GMT, le poste de Bandiagara était sous l’emprise des feux nourris des terroristes.
La veille, samedi 8 juillet 2017 aux environs de 20 h 30, des hommes armés non identifiés ont attaqué les postes frontières de la gendarmerie et de la douane à Bénéna dans le cercle de Tominian. Les éléments de ces postes ont vaillamment riposté et repoussé les agresseurs.
Des attaques qui interviennent après de violents combat entre la CMA et Gatia qui ont fait 15 morts la semaine dernière (le jeudi 6 juillet 2017), dont 12 dans les rangs de la Coordination des mouvements de l’Azawad. Des affrontements que la force Barkhane porte l’entière responsabilité pour avoir désarmé des éléments de Gatia avant qu’ils ne soient attaqués par leurs ennemis de la CMA.
“La position attaquée par la CMA a été presque entièrement désarmée, quelques jours avant, par Barkhane. Ils ont saisi les armes lourdes et ils nous ont dit que la CMA n’allait pas nous attaquer. Le jeudi, la CMA a quitté Kidal devant Barkhane et ils est venu nous attaquer”, dénonce Fahad Ag Almahmoud, secrétaire général du Gatia dans un entretien accordé à Journal du Mali (JDM).
Pourquoi la CMA et le Gatia se sont encore affrontés alors qu’à Bamako les différentes parties travaillaient ensemble à la préparation du retour de l’armée et de l’administration à Kidal ?
En attaquant les positions de Gatia hors de Kidal, l’ambition de la CMA n’est autre que de bouleverser une fois de plus le chronogramme de l’installation du Moc, prévue le 20 juillet prochain et des autorités intérimaires, le 31 juillet 2017.
Ayant été contrainte de libérer le Camp I et l’Assemblée régionale, la CMA n’a jamais caché sa volonté de maintenir Kidal hors de l’exercice de la souveraineté de l’Etat d’autant plus que cette ville, voire cette région est devenue sous son contrôle un sanctuaire “où se croisent, groupes armés, jihadistes et trafiquants de drogues”, selon Journal du Mali (JDM).
“La communauté internationale a conditionné notre retour à Kidal à celui du gouvernement malien. Une fois que le Moc sera installé, Kidal fera son retour dans le giron de la République. Cela veut donc dire que tous les citoyens pourront, s’ils le souhaitent, s’y rendre. Donc je ne vois pas pourquoi, nous qui souhaitons y retourner, nous voudrions perturber le retour du Moc et de l’administration à Kidal”, se défend Fahad Ag Almahmoud, appelant les uns et les autres à analyser la situation avec le bon sens.
Aller à l’essentiel : désarmer les groupes armés
La CMA veut tout faire pour saboter le processus en cours car, comme accuse Fahad Ag Almahmoud, “la base principale de l’organisation d’Iyad (Iyad Ag Ghali) et de ses alliés, c’est Kidal. Tout ce qu’il a comme armement est à Kidal. C’est connu de tout le monde, y compris des officiers français”.
“Il arrivera un moment où le Conseil de sécurité sera amené à prendre des mesures…”, menace Mahamat Saleh Annadif, le Représentant spécial du secrétaire général des Nations unies au Mali et chef de la Minusma, dans un entretien avec RFI le vendredi 7 juillet 2017 d’autant plus que les populations, au nom desquelles les groupes armés ont pris des armes ne sont en réalité que “leurs otages et leurs victimes”.
La paix et la réconciliation deviennent de plus en plus un mirage parce que les parties signataires de l’accord ne sont que très rarement dans le même état d’esprit. Et nous avons toutes les raisons de croire que le gouvernement est le seul à tenir ses engagements sous la menace de la France.
“Nous notons, avec beaucoup de satisfaction, que depuis la nomination d’un nouveau Premier ministre, une dynamique positive s’est instaurée. Beaucoup de choses sont en train d’être faites. Mais, pour faire la paix, il faut être à deux ou à trois ; il faut qu’il y ait la même volonté, la même détermination et la même confiance entre les trois parties”, déplore M. Annadif.
Cette mauvaise volonté des groupes armées, notamment de la CMA, explique pourquoi malgré la robustesse de la Minusma sans cesse renforcée au fil des mandats et l’efficacité tant médiatisée de Barkhane ainsi que la soumission du gouvernement malien au diktat de la France, l’accord a toujours du plomb dans l’aile.
“Cette paix ne sera réalisable que quand les groupes armés seront désarmés. Le gouvernement est en train d’essayer d’appliquer les textes et autres de l’accord sans parler de l’essentiel : le désarmement et le cantonnement des groupes armés. Les autorités intérimaires, la révision de la Constitution, tout ça doit intervenir après le désarmement des groupes armés”.
Et telle a toujours été notre conviction parce que c’est la solution pour réellement distinguer les terroristes des rebelles et, du coup, mieux contrôler les mouvements des réseaux criminels.
“Tout ce que j’espère, c’est que la communauté internationale prenne ses responsabilités pour permettre aux uns et aux autres d’aller vers la mise en œuvre de l’accord… Si les Nations unies donnaient un mandat à la Minusma pour désarmer tout le monde, ce serait un plaisir pour moi. Tout ce qui peut contribuer à l’avènement de la paix chez nous on est pour”, assure Fahad Ag Almahmoud
Dans son entretien avec RFI, M. Annadif ne manqua pas de le rappeler : “Plus nous perdons le temps, plus les terroristes gagnent du terrain et en efficacité. Et si nous affrontons, c’est encore du pain béni pour les terroristes”.
Mais, visiblement, tout le monde ne voit pas l’urgence de désarmer les groupes armés pour ramener Kidal sous l’autorité de la République du Mali ! A commencer par l’ancienne puissance coloniale dont la présence militaire vise des buts inavoués.
Au lieu de soutenir IBK à violer la Constitution de son pays, Emmanuel Macron doit faire du désarmement et du cantonnement des groupes armés sa priorité absolue pour stabiliser le Sahel. C’est la condition sine qua non pour voir clair dans le jeu de tous les protagonistes !