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Art et Culture

“Ton Spectacle” du Centr’art Don Sen Folo : Redonner à la femme une mission de promotion artistique
Publié le vendredi 14 juillet 2017  |  le Reflet
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A travers sa nouvelle création, “Ton Spectacle”, l’Association Don Sen Folo (premier pas de danse en bambara) ambitionne d’amener l’art dans les quartiers, chez l’habitant. Et c’est par le Ton Benkadi Kouloubleni Commandant Carré que la tournée de présentation a débuté le 29 juin 2017 grâce au soutien de la Coopération suisse au Mali et de l’Association Acte Sept. Sa mise en œuvre tourne autour de la danse, du théâtre, des marionnettes, des contes, de la musique et des projections vidéo.

Œuvrer à créer des liens entre habitants et artistes afin de faire découvrir l’Art aux populations ! C’est la vocation de l’Association Centr’Art Don Sen Folo. Un lien qu’il a réussi à créer par le biais d’échanges et de dialogues à travers des initiatives comme “Grin Spectacle” en 2016.



“Cette série de spectacles a été donnée dans la rue autour d’un verre de thé. Le grin est un lieu important au Mali. C’est un réseau social fort dans la rue pour échanger et discuter. Cette action fut pour nous une première expérience qui nous a révélé que la population n’était pas du tout familière avec l’art contemporain”, explique Lassina Koné, danseur/chorégraphe et promoteur du centre.

“C’est après l’expérience du Grin Spectacle que nous avons décidé de travailler avec les Tons (groupes socioprofessionnels). Comme les grins, les tons sont des réseaux sociaux forts car rassemblant un très grand nombre d’individus. Et c’est pour cela que nous avons décidé d’aller à leur rencontre”, ajoute-t-il.

Le Ton est un principe de prêt entre femmes au sein d’un même groupe sur la base d’un pot commun. C’est aussi l’occasion pour ces femmes de se réunir quotidiennement pour partager un repas et discuter des problèmes du secteur, du quartier, voire de la commune.

“C’est un moment important entre les femmes. En dehors de toute fête ou événement particulier, elles se réunissent régulièrement entre elles. Ainsi, l’union de ces femmes, devient celle des familles impliquant aussi les enfants. C’est l’union d’une population et l’art ne saurait se développer sans cela. Le Ton reste un moment prestigieux pour valoriser l’art”, explique Lassina Koné.

Et cela d’autant plus que, ajoute-t-il, “les femmes ont une forte présence dans nos vies quotidiennes alors qu’elles sont très souvent absentes de la vie artistique”.

Une initiative citoyenne d’éducation artistique

Ce nouveau spectacle a comme objectif de “redonner de la place à ces femmes, à ces mères qui nous donnent la vie et qui veillent sur nous en les rejoignant dans leur quotidien, dans leur monde”.

En effet, rappelle, M. Koné, “ces tontines sont des espaces privilégiés de regroupement et c’est là que nous devons aussi être en tant qu’artistes afin de leur montrer et de leur expliquer notre art. Car l’éducation artistique comme l’éducation à la vie doit passer aussi par les femmes”.

Il ne cache pas sa conviction que de “cette rencontre et de la discussion naitront la connaissance et la compréhension et alors elles deviendront les spectatrices et les mères des spectateurs de demain… L’art pourra, pleinement rayonner au Mali, car il sera considéré par son peuple. La population deviendra consommateur des créations artistiques et financera naturellement le travail des artistes”.

Pour ce faire, un médiateur passe dans les tontines pour expliquer le projet et sa mise en action. Ainsi, 15 tontines ont été sélectionnées pour recevoir chacune un spectacle en après-midi. Des prestations suivies chaque fois dans la soirée d’une projection d’un film. Le médiateur sera accompagné à chaque visite par le poète et le photographe pour qu’ils puissent exécuter leur série de portraits “Muso Kan”.

Après chaque spectacle, et chaque projection, il y a un temps d’échange des organisateurs et des artistes avec le public autour des prestations et des messages véhiculés, sur le métier d’artiste et ses œuvres en général…

Pour le talentueux danseur et bien inspiré chorégraphe, Lassina Koné, “il est important qu’il y ait cet échange direct entre artistes et habitants afin que naisse la compréhension”.

Impliquées dans l’organisation des spectacles et des projections, ce sont les femmes qui choisissent où cela se passe, chez qui cela se passe, à partir de quelle heure, quel jour, qui sont les personnes invitées et surtout ce qu’elles vont voir. Les spectacles tournent autour de la danse, du théâtre, des marionnettes, des contes, de la musique et des projections vidéo.

“Muso Kan” (paroles de femmes)

Les prestations sont offertes par les compagnies Nama (Marionnettes), Don Sen Folo (Danse) et Côté Court (théâtre) ainsi que l’Association Sac à paroles (Conte) et l’artiste Adama Yalomba (musique). Les films projetés sont des fictions et des documentaires sélectionnés parmi la jeune création malienne.

La tournée des Tons a commencé le jeudi 29 juin à Benkadi Kouloubleni Commandant Carré. Elle prendra fin le 15 juillet 2017 au Centr’Art Don Sen Folo de Kalabancoro-Kouloubleni avec la Compagnie dudit centre et la Compagnie Côté Court. L’animation musicale sera assurée par Adama Yalomba

A l’issue de cette série de Ton-spectacles et fort des rencontres réalisées auprès des femmes, il sera constitué un corpus d’images et de poèmes intitulés “Paroles de Femmes” ou “Muso Kan” en bambara.

“Tout au long de nos échanges et de nos actions, le poète Bakary Koné va collecter la parole des femmes et le photographe Lassine Coulibaly va prendre des images. Ce corpus, en 30 portraits photos et poèmes, présentera leurs souvenirs, leurs rêves, leurs doutes, leurs espoirs afin de poursuivre et de faire partager ces rencontres. Ce temps passé avec le poète est un moment unique pour que chacune de ces femmes s’exprime afin que du poème naisse une parole commune vivante et profonde”, précise Lassina.

Et d’ajouter, “ces femmes nous ouvrent leurs cœurs et livrent une confession intime à travers leurs portraits. Ce travail de mise en lumière est là pour rendre visibles ces femmes à elles-mêmes et à d’autres. A travers leurs combats, leurs mots, elles parlent d’elles-mêmes et de toutes les femmes. Nous leur donnons la parole à travers notre travail artistique car nous leur devons bien cela” !

Ce sont donc des séances de partage entre les femmes qui luttent chaque jour pour voir le lendemain, qui se soutiennent et dont le portrait livré par les artistes permettra de transmettre leurs messages à d’autres femmes qui se battent également au quotidien dans le monde.

Ce corpus prendra non seulement la forme d’un livret, mais sera également présenté sous forme d’exposition sur bâche afin que ce travail puisse voyager à travers les différentes manifestations du pays et à l’étranger.

A noter que l’association Don Sen Folo milite pour un accès à la culture pour tous. Créée en 2010 par le chorégraphe Lassina Koné, l’association possède depuis 2012 un espace de formation, de production et de prestation dénommé Centr’Art Don Sen Folo dans le quartier de Kalabancoro.

Ce lieu dédié à l’art et à la culture se donne pour mission l’accès à la culture pour tous. “Une seule goutte de sueur d’un artiste peut créer un océan”. Telle est sa devise ! Un noble engagement !

Moussa Bolly




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