L’état-major ne craint pas le désengagement français, malgré les infiltrations récurrentes de djihadistes.
«Cet agenda est parfaitement convenable.» Pour le général Yamoussa Camara, ministre malien de la Défense, le retrait des troupes françaises tel que François Hollande l’envisage «ne constitue pas une source d’inquiétude». Le ministre affirme que le départ des soldats de l’opération «Serval» n’est en rien subi, et qu’il est envisagé en concertation avec l’état-major malien.
Engagée au Mali depuis la mi-janvier, la France y compte aujourd’hui plus de 4 000 hommes. Ils ne seront plus que 2 000 en juillet et un millier d’ici à la fin de l’année. C’est ce qu’a annoncé jeudi le président français, pour qui les objectifs militaires de la France ont été atteints. Le retrait commencera donc fin avril.
«D’ici là, assure le général Camara, l’essentiel des missions de reconquête seront terminées. Il ne s’agira plus que de prendre les dispositions pour réduire les petites poches de résistance disséminées par-ci par-là, et avec le déploiement progressif de la Misma (Mission internationale de soutien pour le Mali, NDLR), je crois que le retrait progressif des troupes françaises ne pourra pas constituer un handicap.»
16 véhicules et 2 000 treillis
Le désengagement des soldats français suivra la «montée en puissance» des troupes africaines de la Misma, bientôt transformées en forces des Nations unies. À terme, leur effectif total devrait atteindre les 12 000 hommes. L’armée malienne recevra également une formation dispensée par les troupes européennes, qui débutera le 2 avril et permettra, selon le ministre malien de la Défense, de «remettre à niveau le potentiel national».
Le général Dahirou Dembélé, chef d’état-major des armées du Mali, affirme surtout être soulagé par le maintien en place de l’aviation française. «L’appui aérien reste là et c’est ce qui rassure le plus, parce que l’allongement des distances à parcourir rend l’aviation nécessaire. Entre cet appui, l’arrivée de 6 000 hommes de la Misma et les 4 000 soldats maliens, je crois qu’on arrivera à bien tenir le terrain.» En tout état de cause, ce retrait est soumis aux mêmes règles que toute opération de terrain: rien n’est définitif.
«Si la situation reste comme elle est, rappelle le général Dembélé, le désengagement sera possible parce que le risque est moindre. Mais si arrive une menace sérieuse, on arrête tout et on continue les opérations.» Les infiltrations répétées de djihadistes à Tombouctou, où des combats ont fait deux morts dans leurs rangs et quatre blessés parmi les militaires maliens, rappellent ainsi que ces combattants n’ont pas dit leur dernier mot.
Côté français, il est important de ne pas donner l’impression de quitter le navire. «Les Maliens savaient que notre appui serait temporaire, rappelle le colonel Fagué, responsable de l’opération «Serval» en charge de la coordination avec les forces africaines. Ils ont fait la preuve de leur capacité à rétablir l’intégrité territoriale, avec l’appui de la Misma et des forces françaises. Je crois que l’organisation des terroristes est aujourd’hui à terre.»
Avant de partir, la France vient d’offrir seize véhicules et 2 000 treillis à l’armée malienne, des équipements de télécommunication suivront. Comme un cadeau d’adieu.