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Mœurs et religion : Le réveil tardif des leaders musulmans du Mali
Publié le dimanche 16 juillet 2017  |  Maliexpress
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Tous ceux qui sont nés avant l’indépendance du Mali et même ceux dans les années 60, conviennent aujourd’hui d’une chose : les mœurs n’ont jamais été aussi relâchées que de nos jours. L’accès aux nouvelles technologies de la communication, particulièrement les réseaux sociaux où l’anonymat permet toutes les dérives est pointé du doigt par beaucoup d’entre nous. Il faut y ajouter aussi et surtout l’atmosphère scandaleuse de beaucoup de familles maliennes.
Les leaders musulmans viennent de se réunir « en conclave » ce jeudi, 13 juillet 2017 à la grande mosquée de Bamako pour en discuter. Sont-ils toujours les voix les mieux appropriées pour cela ?
Notre société est-elle à la dérive ? De nombreux signaux et comportements permettent de le penser. Tous ceux qui ont dépassé la cinquantaine se souviennent qu’il n’y a pas si longtemps, fumer de la cigarette était aux yeux des parents un acte très grave de la part des jeunes. A telle enseigne que de nombreux jeunes, la quasi-totalité, se cachaient pour satisfaire ce désir « snob » qui apparaissait à l’adolescence. Quant à l’alcool, c’était un délit très grave, symbole de perdition que seuls quelques jeunes se permettaient. Et c’était que de la bière. Quant à l’acte sexuel, il faisait fuir la plupart des jeunes filles quand on leur en parlait. Mais ça, c’était « hier ».
Je ne suis pas en train de dire que les « vieux et vielles » d’aujourd’hui étaient de saints jeunes gens autrefois. Car, déjà, nos parents nous considéraient comme des dévoyés, nous qui osions nous afficher en public avec les filles ou qui dansions des morceaux de slowdans l’obscurité totale lors des soirées dansantes. A notre temps, il y eut quelques cas de grossesses prématurées mais qui étaient considérées comme une honte familiale voire clanique. Il y avait quelques vieux coureurs invétérés de jupons connus de tout le quartier et même de la ville. Comme vous le voyez, il y avait à redire. Cependant force est de reconnaître que ces temps-là n’avaient rien de pareil avec les soleils d’aujourd’hui.
Cependant, soyons honnêtes. La déperdition des jeunes d’aujourd’hui est en grande partie la faute des adultes. Car les adultes que nous sommes ne donnent pas toujours le bon exemple à leurs enfants. En effet combien sommes-nous ces « vieux et vieilles » qui fricotons quotidiennement ? Combien sommes-nous de parents qui volons de façon éhontée au vu et au su de tout le monde ? Combien sommes-nous à nous comporter de façon scandaleuse dans nos familles, insultant grossièrement femmes et enfants et les battant en public ? Combien sommes-nous qui vivons de l’argent que nous apportent nos enfants, filles et garçons, de l’argent dont on ne se pose aucune question sur la provenance ? Combien sommes-nous de chefs religieux qui vivons de l’argent et du sang de pauvres citoyens musulmans ? Combien qui défrayons la chronique à travers des affaires de mœurs et d’argent que les « fidèles » donnent aux mosquées ? Combien sommes-nous de vieux drogués et buveurs invétérés d’alcool ? Nombreux. Et la liste n’est pas terminée.
C’est pour toutes ces raisons que beaucoup d’entre nous sont totalement disqualifiés pour donner des leçons de morale aux jeunes. Tel père, tel fils, dit-on. Ce dicton n’a jamais été aussi vrai que pour le Mali d’aujourd’hui. Si l’éducation familiale faillit, c’est vers l’école et la religion que l’on se tourne. Or l’école malienne est devenue de nos jours une immense fange de déshonneur où tout se monnaye. Quant aux responsables religieux, leurs discours enflammés tranchent tellement avec leurs comportements, qu’ils n’atteignent que très peu de jeunes maliens. Il faut le reconnaître, les références de la jeunesse malienne ne sont ni les parents ni les enseignants ni les religieux encore moins les hommes politiques dont beaucoup, majorité et oppositions confondues, sont compromis dans des scandales financiers et autres.
Les jeunes maliens d’aujourd’hui ont pour idoles Bob Marley et son discours révolutionnaire indémodable, et les rappeurs américains et maliens. Aucune personnalité malienne de quelque bord qu’elle soit ne peut enflammer la jeunesse du Mali. Malgré les maux dont elle souffre, la jeunesse malienne a soif de vérité, en témoigne l’engouement suscité par un certain Mohamed Youssouf Bathily dit Ras Bath dont les discours atypiques et insultants sont plus suivis que les prêches des mosquées. La jeunesse malienne a besoin de renouveau et dans la politique et dans la religion et dans la société civile. Les responsables religieux ont certes eu le mérite de se pencher sur le présent et l’avenir de la jeunesse malienne ce jeudi. Mais c’est un réveil qui semble quelque peu tardif du fait qu’ils se sont eux-mêmes longtemps combattus et vilipendés pour qu’on leur accorde aujourd’hui quelque crédit.
Les services sociaux sont devenus l’exutoire de tous ceux qui ne peuvent prendre la parole ailleurs. Comme l’a dit le poète, les réseaux sociaux sont comme « la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche ». Il y a des excès inhérents à toute prise de parole anonyme ou pas, quand on découvre que la seule censure est celle que l’on s’impose soi-même. Le spectacle désespérant des politiciens qui font de la rue leur principal vecteur de communication au lieu de s’écouter et de s’entendre autour d’une table pour l’unité et la cohésion nationale, n’est pas de nature à s’allier la jeunesse malienne qui est embourbée dans des problèmes insolubles qui hypothèquent dangereusement l’avenir de la plupart et les pousse vers les excès. Tous les excès.
Diala Thiény Konaté
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