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Chronique du web : Nul n’est prophète en son pays !
Publié le lundi 17 juillet 2017  |  Infosept
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Donald Trump a une dent acérée contre la presse. Ce n’est ni un scoop, ni un secret que je dévoile. Pis, le président américain garde permanemment aux médias un chien de sa chienne et, dès qu’il a une minute de libre, il leur collectionne les meilleurs noms d’oiseaux dont regorge la riche langue américaine. Non pas en privé, mais sur les réseaux sociaux – Twitter en particulier- où ses saillies contre la presse ont fait exploser l’audience des principales chaines prises à partie. Curieusement, les managers de la presse se frottent les mains et notent que le courroux présidentiel a donné involontairement un coup de pouce inespéré aux recettes des médias brocardés. Mais là n’est pas le propos. Le monde entier a été abasourdi et garde encore en mémoire les images du montage vidéo diffusé le 02 juillet dernier dans lequel le magnat de l'immobilier roue de coups un journaliste de la chaîne d’information en continu, CNN, rebaptisée à l’occasion «Fake News Network» (Réseau de fausses informations). Après cet épisode burlesque, un couple de journalistes vedettes de la chaîne MSNBC - Mika Brzezinski et Joe Scarborough – ont été dans le collimateur du président Trump, qualifiant l’une de «la folle Mika au faible QI» et l’autre de «Joe le psychopathe». Le tollé suscité par ces attaques en règle a été si assourdissant que même dans les rangs des élus républicains, certains ont craint qu’elles n’entachent la dignité de la fonction présidentielle. Les journalistes de la chaîne MSNBC ainsi pris à partie ont dénoncé un président américain «à la dérive» et mis en doute sa santé mentale. Mika Brzezinski et Joe Scarborough ont fait une analyse largement partagée par les américains de plus en plus préoccupés par la vulgarité des propos de leur président : «Nous sommes convaincus que l’homme n’est pas mentalement équipé pour continuer à regarder Morning Joe», leur émission. Par contre, ils conseillent amicalement à Donald Trump de se contenter de «rester branché sur Fox&Friends», l’émission de Fox News qui lui est très favorable. Et de conclure leur plaidoirie par cette petite phrase assassine : «Ce sera mieux pour l’Amérique et le reste du monde». Et comme le locataire de la Maison Blanche ne conçoit guère sa gouvernance en dehors du people, il est au cœur d’une nouvelle polémique qui commence à enfler. En effet, une poignée d’utilisateurs de Twitter ont annoncé en début de semaine dernière qu’ils intentaient une action en justice contre le président américain Donald Trump qu'ils accusent d'enfreindre la liberté d'expression après s'être vus interdire l'accès à son compte. Ce n’est pas une blague, et l’annonce en a été faite par la très sérieuse organisation Knight First Amendment Institute, basée à la prestigieuse université new-yorkaise de Columbia. La vénérable organisation reproche au président Trump et à son service de communication d‘enfreindre le premier amendement de la Constitution américaine, protégeant la liberté d'expression, en bloquant l'accès d'utilisateurs au compte Twitter @realDonaldTrump parce, simplement, ceux-ci auraient critiqué le président ou sa politique. Knight First Amendment Institute fait le constat suivant : « la Maison Blanche utilise ce compte personnel pour faire des annonces officielles, défendre les décisions et les actions officielles du président, rendre compte des rencontres avec des dirigeants étrangers et promouvoir les positions du gouvernement sur la couverture santé, l'immigration, les affaires étrangères et d'autres sujets ». En conséquence, soutient l’association, le compte @realDonaldTrump est bel et bien un forum public au sens du premier amendement, ce qui veut dire que le gouvernement ne peut pas en exclure des gens, simplement à cause de leurs opinions. En outre, le Knight First Amendment Institute précise que « Les internautes bloqués ne peuvent ni lire les tweets du président ni interagir avec lui, concluant que ce blocage viole aussi les droits des utilisateurs du réseau social n'ayant pas été bloqués car l'espace de discussion a été purgé de voix discordantes. Précision importante, ladite plainte a été déposée devant un tribunal new-yorkais par Knight First Amendment Institute et pour le compte de sept utilisateurs bloqués. Outre M. Trump, elle vise le porte-parole de la Maison Blanche Sean Spicer et Daniel Scavino, chargé des réseaux sociaux auprès du président. De nombreux américains sont convaincus que les facéties de leur président n’ont rien à envier à celles du Roi Ubu passées, elles, à la postérité à travers l’œuvre théâtrale d'Alfred Jarry. In fine, l’observateur avisé aura remarqué, au passage, que chaque fois que le milliardaire est mal en point dans les nombreuses affaires qui impliquent, lui et ses proches, il redouble d’ardeur dans ses attaques contre la presse qu’il couvre d’opprobre. Les médias, bouc émissaire tout trouvé par le camp Trump qui se dit victime d'acharnement et qui, aux yeux de tous les observateurs, se justifie pleinement par l'amateurisme de la nouvelle administration et surtout de l'imprévisibilité déconcertante de son chef. Mais depuis quelques jours, c'est Trump Jr. qui prend le relais de son géniteur à travers un système de défense dont lui-même et, naturellement, son père sont les seuls convaincus de la pertinence. Accusé d'avoir rencontré en pleine campagne présidentielle l’année dernière une avocate russe, Natalia Veselnitskaya, pour le compte du Kremlin à l'effet de parasiter la candidature de Mme Clinton, le fiston anticipe le mardi 11 juillet dernier par la publication de mails fautifs sur Twitter. Et de finir, pour sa défense, par une plaidoirie pro domo risible et puérile. Malheureusement, cette affaire n’amuse pas tout le monde et prouve, à suffisance, combien la main des russes a pu peser sur l’issue de la dernière élection présidentielle américaine. A l’évidence, le fils Trump est autant pyromane que le père et confirme cet adage que j’affectionne : « bon sang ne saurait mentir ». Cette nouvelle affaire donne du grain à moudre à l’ancien directeur du FBI, Robert Mueller, nommé par le ministère de la justice comme procureur spécial en charge de l’enquête sur les suspicions d’ingérence russe dans la campagne électorale américaine. Il se dit que l’homme au parcours qualifié de « sans faute » a déjà recruté une bonne dizaine de limiers tous rompus aux enquêtes sensibles. Cerné de toutes parts et offrant volontiers à ses adversaires les armes que ceux-ci devraient utiliser pour le combattre et l’abattre, le président Trump suffoque dans les limites de son pays pourtant très vaste. Il doit une fière chandelle à Emmanuel Macron qui lui offre une brève planche de sauvetage en l’extirpant de la canicule américaine pour lui dérouler le tapis rouge à Paris. Les déboires du président Trump, réels ou virtuels, confirment cet autre adage français : « Nul n’est prophète en son pays ! ».
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