Tous les regards étaient tournés le jeudi 13 juillet 2017 vers la grande mosquée de Bamako où se tenait la rencontre des leaders de la communauté musulmane du Mali sur la crise politique qui divise en ce moment les fils du pays. Attendue pour être l’ultime solution qui satisfera les parties en belligérance, la montagne de la rencontre a finalement accouché d’une souris. La déclaration qui en est issue ressemble plus à un sermon d’imam qu’à une proposition de sortie de crise. Les leaders musulmans maliens, connus ces dernières années pour leur franc-parler et leur prise de position courageuse face aux grandes questions de la nation, vont-ils être des simples spectateurs dans cette crise dont nul ne peut mesurer les conséquences ?
Nombreux sont les maliens qui sont restés sur leur faim après la déclaration de la communauté musulmane sur la crise consécutive au projet de révision de la Constitution. Commençant par une référence au Coran, verset 103 de la sourate 3, les chefs religieux, après rappel des valeurs sociétales et de l’importance de l’unité nationale et de la paix sociale, ont exhorté toutes les parties à la retenue, et invité tous les protagonistes à privilégier l’intérêt de la Nation. Autant dire que, dans un camp comme dans l’autre, la déclaration des leaders religieux a déçu. Cependant, lors de l’écoute des parties en belligérance, les responsables musulmans avaient poussé l’empathie jusqu’à laisser chaque camp croire qu’ils étaient acquis à leur cause. Nos ulémas, ont botté la balle en touche ? Sont-ils restés dans leur rôle de pompiers moraux et sociaux ? Ou bien ont-ils tout simplement raté une occasion de redorer leur image écornée, à tort ou à raison, auprès de bon nombre de citoyens ? Cette déclaration très attendue, devrait donner la position des leaders musulmans sur la révision de la constitution qui divise aujourd’hui les maliens dans leur grande majorité. Elle aurait dû être la thérapie à la grande crise de confiance entre les partisans du Oui et ses adversaires. Mais à analyser de près, la déclaration a créé plus de confusion, parce qu’elle ne fait même pas allusion à la révision constitutionnelle. L’imam Dicko et ses camarades ont laissé le problème entier. Les supputations vont bon train; entre ceux qui pensent que, par leur déclaration, ils ont pris fait et cause pour le Oui parce que le gouvernement leur a fait miroiter l’espoir de nommer tous les leaders religieux et les traditionnelles au Sénat, d’une part; et ceux qui demeurent convaincus que les ulémas sont restés à équidistance des protagonistes, évitant ainsi de tomber dans le piège des hommes politiques, d’autre part.
A la différence du Code de la famille, l’Imam Mahmoud Dicko, n’a pas pris parti, alors qu’il est encore attendu pour mettre fin à cette guerre de la constitution, afin que les Maliens puissent se tourner vers l’essentiel, qui est la paix et le développement du Mali.
Youssouf Sissoko