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Encore Non !
Publié le lundi 17 juillet 2017  |  L’aube
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La contestation du projet de révision constitutionnelle continue. Ce samedi 15 juillet 2017, de la place de la liberté à la bourse du travail, des centaines de milliers de manifestants ont battu le pavé contre le projet de révision. Ils réclament son retrait pur et simple. Au même moment, à Ségou, Koulikoro, Mopti… et à Paris, les populations ont manifesté pour dire NON à cette révision. Occasion pour les manifestants d’exprimer aussi leur colère contre la mauvaise gouvernance du régime en place.
A l’appel du Mouvement « An tè, A Bana ! Touche pas à ma Constitution », une véritable marée humaine a déferlé dans les rues de Bamako pour dire NON à la réforme de la constitution. Des milliers de personnes brandissaient des affiches sur lesquelles on pouvait lire : « Touche pas à ma constitution ! », « Non à la monarchie ! » ou encore « Non à la partition du Mali ! ». En plus de ces slogans, déjà entendus lors des précédentes manifs, d’autres ont fait leur apparition. Les nouvelles trouvailles font allusion à « l'insécurité résiduelle », qualificatif donné à la situation sécuritaire au Mali par la Cour constitutionnelle. Des pancartes indiquaient à cet égard le nombre de morts (civils et militaires) depuis le début de l'année, suivi des mots: « insécurité résiduelle ». De même, des pancartes dénonçaient l’implication de l’avocat français, Marcel Ceccaldi, dans la rédaction du projet de révision de la constitution de 1992.
Habillés de T-shirt et casquettes rouges, signes de leur colère, les manifestants scandaient en chœur : « IBK, carton rouge, on en a marre ! », « Il nous a déçu, on a eu confiance en lui, mais il nous prend pour des incultes ».
« Au lieu de chercher à réviser la Constitution, qu'on assure d'abord la sécurité des Maliens », répétait, sans cesse, une étudiante. Un sentiment largement partagé. Nombre de personnes présentes à la marche s’estiment trahis par le président Ibrahim Boubacar Keita. Des personnalités de divers horizons étaient de la manifestation. Parmi eux, le chef de file de l’opposition politique, l’honorable Soumaïla Cissé, et plusieurs autres leaders politiques et associatifs dont Modibo Sidibé des Fare An ka Wuli, Tiébilé Dramé du Parena, Me Amadou Diabaté du Parena, Mody Diaye de (l’URD),Me Demba Traoré(URD), Madou Diallo (URD) Soumana Sako de la Cnas Faso Hèrè, Oumar Hamadoun Dicko (PSP), Daba Diawara du PIDS, Djibril Tangara, Amadou Thiam d’Adp-Maliba, Souleymane Koné (Fare), et Fatoumata Sako (Pdes), Nouhoum Togo (Pdes). Des leaders d’opinions ainsi que de la société comme Amara Sidibé du mouvement Trop c’est trop, Chouala Bayaya Haïdara Etienne Fakaba Sissoko… ont également pris part au rassemblement.
Des décibels ont également été entendus. Il y avait, en effet, un groupe de rappeurs qui galvanisait la foule.
Tous trouvent inacceptable d’organiser un référendum dans un pays divisé ou encore partiellement occupé, notamment par les groupes armés.
Dans le fond, les manifestants pensent que le nouveau projet accorde « trop de pouvoir au président de la République ». Aussi, certains rejettent la création du Sénat, deuxième Chambre prévue dans la nouvelle mouture de la loi fondamentale. Ils ont dénoncé « le manque de consensus » autour de la tenue du référendum.
Les manifestants ont, à l’occasion, critiqué durement le régime du président Ibrahim Boubacar Keïta, notamment pour la mauvaise gouvernance qu’il a instauré.
Devant la bourse du travail, au milieu d’une foule compacte, Amadou Thiam, 1er vice-président de la plateforme « An tè, A Bana, Touche pas à ma constitution » a réaffirmé la détermination de son mouvement à obtenir le retrait pur et simple du texte de révision constitutionnel. « La marée humaine de ce jour est le témoignage éloquent de la détermination des forces vives du Mali à combattre le mépris, l'arrogance, l'autisme et les tentatives d'instaurer dans notre pays un pouvoir personnel rétrograde », a-t-il clamé.
Cette grande mobilisation, a-t-il ajouté, est aussi un signal fort du peuple en l’endroit des autorités. « La mobilisation de ce jour est un autre signal fort, très fort, un carton rouge au président de la République, au gouvernement et au Ministre de la Réforme de l'État qui sont allés chercher à l'étranger une constitution qu'ils voudraient substituer à celle adoptée par le peuple souverain du Mali au lendemain de la conférence nationale de toutes les forces vives du pays! Leur constitution, la constitution d'IBK et de Tapo n'est la nôtre», a asséné Amadou Thiam.
Il a demandé au gouvernement de respecter les droits démocratiques du peuple malien, à savoir la liberté de réunion, le droit de manifestation, la liberté d'expression et le droit à l'information et de cesser les restrictions. « Cessez de harceler et de museler les radios et télévisions libres qui sont soumises à des sanctions administratives et financières qui n'honorent pas la démocratie. Libérez l'ORTM et mettez fin à l'information à sens unique. Cessez les attaques contre Facebook et les autres réseaux sociaux ! Libérez l'information ! » », a-t-il martelé.
« Nous ne voulons pas de cette révision constitutionnelle, et nous saluons tous ceux qui sont sortis pour montrer leur dévouement au combat » a enchaîné Soumana Sacko, président de la Cnas Faso hère. Il avait, auparavant, d’abord tenu à remercier ironiquement le ministre Kassoum Tapo et le président IBK. « Sans eux, ce rassemblement n’aurait pas pu se faire. Il y a plus de vingt ans, nous sommes sortis pour nous opposer à Moussa Traoré car nous estimions qu’il avait trop de pouvoir. Nous ne voulons plus retomber dans cette époque, s’ils l’entendent et qu’ils font marche arrière tant mieux, dans le cas contraire prenez tous vos responsabilités», a-t-il lancé.
Pour Sako, le referendum ne peut se tenir vu les conditions de sécurité. « Pour parvenir à leurs fins, ils ont osé déclarer que "l'insécurité était résiduelle" et que l'autorité de l'État malien s'exerçait partout, de Kidal à Kayes en passant par Douentza, Mopti, Ténenkou, Macina et Ségou. Ils déforment les faits et chaque jour, la réalité les rattrape.
La guerre d'Anéfis, l'embuscade meurtrière contre nos chers FAMAS à Ménaka, les attaques contre les postes de gendarmerie dans tout le centre, les 100 coups de fouet infligés aux agents municipaux à Korienzé, les tribunaux islamiques, les humiliations subies par les chefs de villages et les notables dans les cercles de Ténenkou et de Youwarou, le drapeau national descendu, plié et rangé à Kouakourou ( Djenné), c'est bien entendu de "l'insécurité résiduelle"!!! », selon l’ancien premier ministre.
Ailleurs, des marches ont eu lieu un peu partout à l’intérieur et à l’extérieur du pays, notamment à Koulikoro, Ségou, Mopti, Paris …
Les manifestants entendent maintenir la pression sur le gouvernement jusque au retrait pur et simple du projet de révision constitutionnelle.
Mémé Sanogo
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