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Interview exclusive du Dr Oumar Mariko :« Nous, nous sommes d’accords avec un coup d’état qui redresse la démocratie »
Publié le vendredi 1 juin 2012   |  Mali Demain


Oumar
© Autre presse par DR
Oumar Mariko


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Durant deux jours, les organisations et associations membre de la COPAM ont pu tenir une Convention Nationale au CICB pour designer le président de la transition par intérim. Dans cette foulée des événements, nous avions pu rencontrer pour vous un des leaders de ce collectif, Dr Oumar Mariko, Secrétaire Général du parti SADI qui constitue à n’en pas douter une véritable bête noire de ceux-là même qui pensent le manipuler après 1991. En réalité, l’étudiant de la « révolution de mars 1991, a muri et empêche certains de ses « mentors » de dormir. Sans détour, l’homme a accepté à quelques heures avant le meeting du stade « Modibo Kéïta », recevoir notre reporter. Il « tape » droit dans le ballon. Et à l’aise. Entretien.


Mali demain : Vous venez de tenir la Convention Nationale pendant deux jours désignant ainsi le Capitaine amadou Haya Sanogo comme président de la transition. Est ce que en le faisant vous aviez mesuré la gravité de l’acte ?

Dr Oumar Mariko : Nous n’avions posé aucun acte grave. Nous mesurons la portée de l’acte, qui n’a aucune gravité. Nous avions fait une convention au cours de la quelle, il a été question de choisir un président pour gérer la transition. Je crois que pour l’histoire, c’est exactement de la même manière quand le coup d’état a eu le lieu en 1991 par ATT. Le Comité de Nationale réconciliation a été l’organe de coup d’état du président Amadou Toumani Touré et le mouvement démocratique était organisé dans les associations et organisations démocratiques et celles-ci ont dit qu’à la chute de Moussa Traoré on allait créer le Comite du Salut du Peuple. A sa chute, la coordination des associations et le comite du salut du peuple se sont retrouvés pour créer le Comité de Transition et de Salut du Peuple. Cela a été une rencontre civil-militaire qui a aboutit à la création du CTSP. Donc vous voyez que ce n’est pas à peu près dans le même ordre d’idée, ce n’est pas la même chose mais c’est la même méthode. Et nous trouvions que c’est nécessaire que la transition soit effectué par un organe civil militaire qui doit être dirigé par le capitaine Amadou Haya Sanogo, comme la transition du CTSP a été dirigé par le Lieutenant Colonel Amadou Toumani Touré. Je crois que la forme importe peu, voyons simplement le contenu. La première des choses qu’on doit comprendre est qu’on est entrain de faire croire à l’opinion internationale comme si les militaires sont venus prendre le pouvoir et rester, si c’était le cas, nous serions les premiers à les combattre. Mais ce n’est pas le cas. Parlez de cela c’est défoncer une porte déjà ouverte. Les militaires sont conscients de leurs responsabilités dans ce pays et sont venus pour mettre fin à un commandement militaire qui avait trahi toute la lutte qu’ils étaient entrain de mener au nord du Mali. Il se trouve que le commandement militaire est confondu avec le Président de la République, Donc ce dernier ayant chuté, alors il est clair et nécessaire pour les organisations de la société civile et les partis politiques que nous étions contre le régime d’Amadou Toumani Toure qui avait créé l’impossibilité de la manifestation de la démocratie. Alors nous avions salué ce coup d’état et nous, nous retrouvions aujourd’hui autour de la mise sur place des organes de transition. C’est ce qui est important. Ces organes de transition visent à rétablir la démocratie comme ils l’ont dit et restaurer l’état au soir du 22 mars dans leur premier communiqué. Tout le monde le sait, l’état malien est déliquescent, complètement déliquescent et qui n’avait pas le contrôle d’une bonne partie du territoire national. Tout le sait également que les maliens ne croyaient plus aux élections, les maliens étaient convaincus d’une chose, les votes qu’ils font n’avaient aucune commune mesure avec les résultats affichés. Parfois on va dans les bureaux de vote, on sait ce qu’on a voté et par fini, on se rend compte que votre vote n’a même pas existé. Cela est devenu des faits divers. C’est pour cela que je ne comprends la réaction de tous ces partis politiques qui critiquaient tout cela. En fait, ils ne critiquaient pas, ils s’accommodaient de la situation.

Premièrement, il n’ya pas de hasard du tout que la situation se présente comme elle s’est présentée.

Deuxièmement, il ya l’ordre normal des choses qui s’est établi. Donc il n’ya aucune gravité à ce que l’ordre national des choses se mettent en place. La troisième des choses, c’est que les militaires sont venus dans un contexte de nécessité et ce contexte aboutit aujourd’hui à la mise en place des organes de la transition.

« Le coup d’état en lui-même est légitime »

Mali Demain : Quel droit vous vous octroyez ou quelle légitimité vous donnez à la convention nationale pour investir le Capitaine amadou Haya Sanogo ?

Dr Oumar .Mariko : Tous les partis et toutes les associations ont été invités ainsi que les organisations de la société civile et des confréries, Tout ce monde se retrouvait. C’est déjà une légitimité. Il ne faut pas minimiser la légitimité du coup d’état. Le coup d’état en lui-même est légitime. En réalité notre présence, c’est pour élargir la base de légitimité du coup d’état. Sinon la légitimité est déjà là. Quel est le malien qui n’a pas applaudi ce coup d’état ? Est-ce que, si le coup d’état n’avait pas de légitimité, vous alliez avoir ce déferlement humain ?

Du coup d’état jusqu’à aujourd’hui, nous avions organisé deux marches. Ces marches, bien que censurées à l’ORTM, sont des marches qui ont mobilisé plus qu’on en a jamais espéré qu’on en a jamais vu. Ce déferlant humain est comparable simplement à ce qui s’est passé en mars 1991. Même là encore c’est beaucoup plus. Vous aviez vu Le déferlement d’hommes qui s’est rendu à Koulouba, d’abord pour aller demander à Dioncounda sa démission qui a été demandé par le mouvement « Yèrè woloton ». En fait ce mouvement ne fait pas partie de notre collectif, mais ses militants étaient présents. Qui d’autre peut avoir plus de légitimité que cette convention, qui en fait a élargie la base de légitimité du CNRDRE ?

« La CEDEAO n’a que l’argument du chantage et des menaces »

Mali Demain : Que répondez-vous à la mise en garde de la CEDEAO de vouloir sanctionner toute personne qui entraverait la transition ?

Dr Oumar Mariko : je crois que si les gens de la CEDEAO sont des démocrates, ils doivent écouter le peuple ; ils doivent avoir des arguments pour convaincre. Depuis qu’on est dans cette situation, la CEDEAO n’a que l’argument du chantage et des menaces. Ce qui montre la faiblesse des dirigeants de la CEDEAO. Ils n’ont jamais pu convaincre par l’argumentaire chaque qu’on les prend à défaut d’argument, ils se cachent derrière l’UE ou L’ONU. Ça veut dire que la CEDEAO n’est pas pour l’Afrique, si la CEDEAO n’est pas pour l’Afrique qu’on nous dise clairement que les commanditaires de la CEDEAO se trouvent à Bonn, Paris ou Washington. Si c’était le cas, le Mali doit raviser sa position avec la CEDEAO.

« Je pense que le Mali doit sortir d’une telle organisation »

Je pense que le Mali doit sortir d’une telle organisation. Malheureusement, la CEDEAO au lieu d’écouter les peuples, leurs représentations viennent avec des clichés entre les mains. Leurs émissaires viennent en connaisseur de notre pays en connaisseur du landerneau politique de notre pays et sur cette base là, ils choisissent leurs copains, leurs amis aux postes de commandement, Malheureusement leurs complices, leurs amis qui étaient au pouvoir ne sont pas avec le peuple.

On ne peut pas vaincre un peuple décidé

Ils sont dans une situation extrêmement difficile et ils essaient chaque fois de se cacher derrière la communauté internationale. Encore une fois de plus, je pense qu’on ne peut pas vaincre un peuple décidé, par le chantage. Ces gars de la CEDEAO ont une seule méthode : Diviser pour régner. Par exemple, dans le lot de tous ceux qui ont fait le coup d’état, ils ne prennent le Capitaine Sanogo et lui donne un poste d’ancien chef d’état. Ce qui est ridicule et sans vergogne. Ils le nomment ainsi Chef d’état et le destitue après. En clair, ils le prennent et le donnent un statut particulier d’ancien chef d’état avec des avantages et oublient que Sanogo n’a pas fait le coup d’état seul. Donc tous ceux qui ont fait le coup d’état avec Sanogo ont été carrément ignorés. C’est pour créer des conflits entre Sanogo et ses autres camarades afin qu’ils s’entre-tuent. Après ce « forfait », la CEDEAO sera là pour pouvoir intervenir. Voilà, le chaos qu’ils veulent créer dans notre pays et non sauver le Mali. Donc la CEDEAO peut continuer à faire chanter, ils ne pourront rien contre la volonté du peuple malien.

Mali Demain : A partir du moment où vous avez désigné le Capitaine Président de la Transition, quels sont vos voies et moyens pour l’installer à Koulouba ?

Dr Oumar Mariko : L’installation du Capitaine Amadou Haya Sanogo passe par la démission du Pr Dioncounda Traoré. Nous nous battrons pour qu’il en soit ainsi. Lorsque nous allons obtenir la démission de Dioncounda, alors on va installer le Capitaine Sanogo. Cela veut dire que les mouvements politiques qui vont se faire visent à installer le Capitaine Sanogo.

Ce sont eux qui ont cautionné les fraudes électorales

Mali Demain : Que répondriez-vous au FDR qui est en face de vous et qui est carrément contre votre position ?

Dr Oumar Mariko : Ce sont eux qui étaient au pouvoir. Ce sont eux qui ont cautionné les fraudes électorales et qui s’apprêtaient encore à designer un Président de la République et à s’accommoder avec celui-ci pour le partage des postes de responsabilités dans les communes, dans le Haut Conseil et dans le Sénat qu’ils s’apprêtaient à mettre en place. Ils avaient déjà aménagé des postes pour eu. Je dirais simplement que ce ne sont pas des démocrates, ni républicains. Ils sont dans le fétichisme de l’anti coup d’état. C’est du fétichisme et du dogmatisme politique et idéologiques qu’ils ont. Il faut voir que le coup d’état au sens large perpétré par AOK et ATT, étaient pour amuser la galerie. Je vois certains partis parmi eux qui étaient foncièrement contre le RACE pour le RAVEC et qui pour avoir eu des portefeuilles ministérielles ont ravisé leurs position pour suivre ATT dans sa volonté de faire avec le RACE. Du coup, ils pensent que tous les arguments qu’ils ont développés contre le RACE tombent pour avoir choisi le camp d’ATT. A vrai dire, je n’ai pas envie de perdre mon temps. Le peuple malien a déjà réglé ses comptes avec eux. Ils ont de nos jours de gros soucis, par ce que s’ils ne sont pas au pouvoir. Et sans cela, ils meurent. S’ils ne sont pas au pouvoir, même accroché à un pouvoir ils meurent comme politique. Donc c’est pour cette raison, ils jasent. Si vous les écoutez, très clairement, vous sentez dans tous leurs langages une certaine manœuvre qui consiste à s’approcher plus du Capitaine Sanogo. Et pour réussir leur coup, il faudra bien que le Capitaine se débarrasse bien de nous autres.

Mais, ils ne comprennent pas que nous autres nous n’avions pas cette démarche, nous ne courons pas derrière le Capitaine Sanogo. Nous, nous suivons une voie et dans cette voie là le capitaine Sanogo a trouvé ses comptes parce que lui aussi avec ses camarades, font partie d’une portion du peuple malien qui s’est retrouvé face à la gestion calamiteuse de l’armée, d’un secteur de l’état malien par ceux qui ont été renversé. Là où ces politiciens ne veulent pas par ce que leurs arguments c’est le mensonge, la calomnie et la désinformation. Des comportements qu’ils ont appris avec leurs maitres étrangers. Voyez vous des gens qui avaient constamment dit que la priorité du Mali étaient les élections, maintenant se rendent compte qu’ils tapaient à côté et invitent les militaires à aller au nord. Ils nous rejoignent car, nous, avions dit que la priorité c’était le nord.

« Ce sont des attitudes très graves voire putschistes contre la démocratie »

L’histoire nous a donné raison. Ils rejoignent notre position, sans pour autant accepter qu’on s’asseye, qu’on parle pour qu’ensemble nous sauvions le Mali. Je ne sais pas comment qualifier leur attitude. Mais, ce ne sont pas des attitudes constructives, qui permettent le développement réel de la démocratie dans notre pays ; ce sont des attitudes très graves voire putschistes contre la démocratie.

Nous, nous sommes d’accords avec un coup d’état qui redresse la démocratie, tout comme nous avions été d’accord avec le coup d’état qui a instauré la démocratie en 1991 et ce coup d’état nous l’avions fait avec eux. Ils sont conscients de leur responsabilité dans la dégénérescence de la situation politique, sociale et économique au Mali. Ils ont peur. Je ne sais pas de quoi ? En tout cas, nous, nous sommes ouverts au dialogue, mais nous ne sommes pas prêts à être dans les conciliabules, dans les petits calculs qui vont à l’encontre de l’intérêt de notre peuple.

Mali Demain : Jusqu’où comptez vous allez dans cette lutte ?

Dr Oumar Mariko : Jusqu’à l’instauration de la démocratie, jusqu’à l’Unité Nationale retrouvée, jusqu’à l’organisation d’élections libres et crédibles et jusqu’à la réparation de certaines injustices. Et tout cela doit se passer dans un délai très bref.

Mali Demain : Votre dernier mot

Dr Oumar Mariko : D’abord merci à vous de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer à travers votre journal et à vous encourager à nous tendre votre micro afin que nous puissions chaque fois édifier notre peuple à qui et surtout aux jeunes du Mali d’une certaine génération plus les adultes de ce pays ont une occasion inouïe à saisir qui a été offerte par les militaires. Elle a été offerte par des militaires, ils doivent la saisir pour approfondir la situation et faire en sorte que les revendications sociales politiques d’ordre éthique qui était à l’ordre du jour au Mali, soit portées pour que nous ayons un autre type de Mali différent de ce qu’on a connu ces 20 dernières années.

Propos recueillis par Benjamin SANGALA

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