Depuis quelques semaines et après avoir été mise en minorité (111 contre 35) lors du vote de la loi portant révision de la Constitution de février 1992, l’opposition malienne fait feu de tout bois pour donner de la voix en s’érigeant tantôt contre le texte, tantôt contre certaines de ses dispositions, contre le président de la République ou encore le principe même de la révision. Le camp présidentiel sort de sa réserve et commence à planter quelques banderilles.
Plus de 90 % des propositions d’amendement de l’opposition ont été acceptées par la majorité parlementaire lors de la plénière précédant le vote du projet de loi. Ces efforts d’implication active et politiquement courtois n’ont pas empêché les têtes de proue de l’opposition d’ester en justice au greffe de la Cour constitutionnelle pour, à chaque saisine, s’entendre rappeler le défaut de moyens légitimes contre le gouvernement qui avait convoqué le collègue électoral dans un premier temps le 9 juillet 2017 avant d’ajourner le vote en raison d’une nouvelle procédure enclenchée par l’opposition que le président IBK compte respecter en raison de son attachement viscéral à la démocratie et à la paix. Une des preuves les plus palpables en est le statut de l’opposition et le financement public de son chef pour 500 millions de F CFA par an.
En effet, au cours de la première semaine de juin 2017, le gouvernement avait adopté un décret portant convocation du collège électoral, ouverture et clôture de la campagne à l’occasion du référendum portant sur la loi n°2017-031/AN-RM du 2 juin 2017 portant révision de la Constitution du 25 février 1992. A ce titre, la campagne électorale était ouverte le vendredi 23 juin 2017 et close le vendredi 7 juillet 2017 à minuit.
C’était sans compter avec la hargne de l’opposition qui ne l’entendait pas de cette oreille. Elle s’est précipitamment mise dans une logique insurrectionnelle en colmatant des alliances surréalistes et en embrigadant d’autres causes au sein de la société civile et des couches vulnérables au prix d’une campagne de sabotage, d’intoxication, de manifestations inappropriées ici et ailleurs illégales et d’inondation des réseaux sociaux dans un dessein de déstabilisation aveugle. Le projet : un vrai scenario catastrophe et nostalgique de la révolution de 1991 afin de conditionner le chaos total.
Longtemps resté dans l’observation et le mutisme réservé mais responsable, le gouvernement qui porte solidairement le projet de révision constitutionnelle avec le président de la République et la majorité a sonné le glas de son silence ce mardi matin au Conseil national du patronat malien à la faveur d’une conférence de presse.
Pour l’occasion, plusieurs ministres et responsables politiques ont fait le déplacement. Il s’agit, entre autres, du ministre Baber Gano, secrétaire général du RPM, des ministres Hamadoun Konaté, Abdramane Sylla, Ndiaye Ramatoulaye Diallo, Mohamed Ag Erlaf, Arouna Modibo Touré, Amadou Koïta, etc.
Sinistres conditionnements
Plusieurs grosses pointures de la présidence de la République étaient également présentes comme le secrétaire général et président de l’Asma, Soumeylou Boubèye Maïga, Boubacar Touré, le chef de cabinet, des députés et élus locaux.
Me Gano a fait l’historique de la crise survenue au Mali depuis 2012 et toutes les initiatives prises par les autorités en vue d’y faire face avec l’ensemble du peuple malien. Au regard des différents développements, il a justifié la révision constitutionnelle afin d’acter les engagements internationaux et souverains du Mali avec comme substance essentielle la régionalisation, la création du Sénat et de la Cour des comptes.
Il a qualifié les agissements de l’opposition de dérives par diffamation, par présomption, bref d’intoxication de l’opinion en investissant la société civile, les milieux religieux de Djenné à Nioro en passant par Bamako ainsi que les jeunes utilisés comme boucliers sur les réseaux sociaux. Au cœur de cette entreprise machiavélique se trouve par exemple le sujet imaginaire de l’homosexualité, une trouvaille abjecte entretenue en vue de heurter la conscience collective.
Le secrétaire politique adjoint du RPM, Abdramane Sylla, a invité la classe politique à gagner la bataille de la vérité contre celle de la manipulation dans un contexte où l’Etat malien, grâce au leadership du président IBK et la mobilisation du gouvernement, parvient progressivement à se réhabiliter sur plusieurs plans dont la croissance économique pendant qu’il était dans l’abime en 2013.
Il a invité l’opposition à faire une introspection responsable de sa gestion antérieure au plan collectif et individuel. "A ce titre, le parti n’écarte pas de publier des notes qui édifieront davantage les Maliens". Pour sa part, "le gouvernement s’investira pour que force revienne à la loi et à la quiétude pour éviter un capharnaüm de désordres chimérique", selon l’ancien ministre Bakary Traoré dit Pionnier.
Le ministre Hamadoun Konaté a égrené l’ensemble des avancées enregistrées dans le cadre de la recherche de la paix depuis les Etats généraux de la décentralisation, les Assises du nord en passant par les engagements préliminaires, la feuille de route, les restitutions aux forces vives du processus, la signature de l’accord, les autorités intérimaires, le Moc, les réformes du secteur de la sécurité, la Loi de programmation militaire, etc.
Analysant la situation sécuritaire d’ensemble, il a souligné qu’aucune belligérance ne mettait aujourd’hui aux prises les parties signataires de l’accord dont la garantie implique également les partenaires techniques et financiers et les pays amis.
A propos de l’insécurité dite résiduelle, M. Konaté a rappelé la stratégie de sécurisation portée par le G5-Sahel pour y faire face avec d’autres partenaires comme la France "même si les victimes civiles comme militaires angoissent au plus haut point le gouvernement".
Le ministre Konaté a condamné énergiquement les dynamiques hostiles basées sur une mauvaise analyse des faits, un paradoxe de responsabilités et le rejet de la sagesse, de la vérité et de la paix. L’opposition, a-t-il conclu, "confond la rue avec les urnes".
Avec cet appel à la mobilisation générale du camp du oui, le RPM et ses alliés entrent pour le bon dans la danse du référendum avec des meetings décentralisés dans toutes les communes du District de Bamako mercredi et jeudi ainsi que partout dans le pays et dans la diaspora.