«Après la réconciliation de bérets rouges et bérets verts, quelques centaines de militaires parachutistes communément appelés « bérets rouges » ont quitté dimanche Bamako pour le nord du Mali. Ils doivent intégrer le dispositif militaire malien. Un départ qui signe la fin d'une période de graves tensions au sein de l'armée malienne. Pas d'autorisation de photographier la troupe, pas d'interview, le convoi démarre. On reconnaît des blindés, des engins de terrassement, des véhicules de transport de troupes. Les troupes ? Elles sont également visibles. Ce sont des militaires parachutistes, béret rouge vissé sur la tête. Ce dimanche, ils sont quelques centaines à prendre la direction du nord du pays. Objectif, intégrer le dispositif militaire malien».
Cette nouvelle relayée par notre confrère RFI a été accueillie avec un soulagement légitime par les Maliens. Mieux vaut tard que jamais, peut-on dire. Les bérets rouges maliens, tenus à l’écart du reste de l’armée malienne depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012, reviennent par la grande porte.
Leur apport sera d’autant plus important que la guerre asymétrique, tant redoutée, s’est installée dans le septentrion malien avec ces kamikazes qui explosent tels des pétards un jour de fête.
En effet, rien que samedi dernier, une incursion de djihadistes a causé la mort d’un civil et de quatre blessés du côté des militaires. Ce qui était redouté n’a pas tardé à se faire jour : le Mali est en train de se transformer en un petit Afghanistan avec les tristement célèbres attentats suicides qui y sont légion.
Cela est d’autant vrai que lors de sa dernière interview le jeudi 28 mars sur France 2, François Hollande a réitéré sa décision de procéder à un retrait progressif des troupes françaises du Mali.
Va-t-on vers une réunification de la Grande muette au pays de Soundjata Kéita ? C’est le souhait de tous. En tout cas tout semble indiquer que l’on s’achemine vers la fin de la bataille des couleurs de bérets et le début de la vraie guerre : celle contre les groupes islamistes armés.
Difficile en effet d’imaginer un pays en guerre avec une partie de l’armée qui joue au PMU et à la pétanque dans les artères de la capitale. Elle n'est pas vaine, la formule selon laquelle la force d’une armée, c’est la cohésion au sein de la troupe. La nouvelle est d’autant plus réjouissante qu’au front, l’armée malienne peine à sécuriser les zones conquises.
Le souhait le plus ardent serait que la concorde règne au sein des différentes colonnes et au cours des différentes opérations de ratissage. Sans cohésion, point d’efficacité. Attention aux règlements de comptes entre factions ! Le souhait vaut son pesant de munitions. Rien que le 8 février 2013, les deux régiments s’étaient rentrés dedans. Cet échange de tirs au camp de Djicoroni à Bamako avait fait deux morts et treize blessés. A la grande désolation d’un président intérimaire (Dioncounda Traoré) qui ne savait plus à quel soldat se vouer. Cet énième incident avait encore plus creusé le fossé entre les éléments du camp de Kati (fidèles à Amadou Haya Sanogo) et les bérets rouges (l’ancienne garde du président Amadou Toumani Touré).
Les bérets rouges sont entrés par la grande porte, faisions-nous remarquer plus haut. C’est à eux de mouiller le treillis pour ne pas ressortir par la fenêtre. Aujourd’hui, l’important n’est plus la couleur du couvre-chef, qu’il soit rouge, vert, bleu ou kaki ; l’essentiel, c’est la libération du pays. Taire les divergences est une urgence pour les soldats. L’idéal aurait d’ailleurs été qu’aux bérets rouges et verts vienne se joindre celui qui s’est imposé comme le patron de toutes les couleurs militaires portées au Mali : le capitaine Amadou Haya Sanogo.
Auréolé de sa nouvelle fonction de patron de la réforme de l’armée et jouissant, sans se faire prier, des avantages exorbitants qui lui sont accordés par le gouvernement qui ne tient pas à avoir d'embrouilles avec lui, le capitaine est malheureusement très loin des sables mouvants du désert, préférant faire sa guerre dans les rues de Bamako, sous très bonne escorte.