Un éminent professeur de mathématique nous disait toujours : devant un problème mathématique, la première des choses c’est de pouvoir répondre à la question « que nous demande-t-on ? ». Il ajoutait qu’avec une bonne identification du problème, sa solution était à moitié trouvée.
Certes, les sciences sociales ne sont pas les mathématiques, mais un politique dont l’ambition première est de résoudre les problèmes qui se posent à sa société, a besoin d’une bonne méthode pour atteindre les objectifs pour lesquels il a acquis un mandat de ses concitoyens.
Aussi, la première préoccupation du président élu de 2013, Ibrahim Boubacar Keïta, n’était-elle pas de répondre à la question « que me demande le peuple malien ? »
En répondant à cette question et en l’ayant toujours en tête, les dérives constatées autour de sa gouvernance depuis quatre ans, aurait été minimisées, car il se serait donné les moyens politiques, diplomatiques, humains, matériels et financiers idoines pour atteindre les objectifs fixés.
Ce n’est certainement pas le moment de faire le bilan de la gouvernance IBK, mais force est de constater que le locataire de Koulouba ou de Sébénicoro a désillusionné ses plus fanatiques partisans. L’analyse de sa gouvernance nous amène à nous poser la question de savoir : « est-ce-que le président élu s’est posé la bonne question ?
Dans « Discours sur la méthode » Descartes écrit : « Toute la méthode réside dans la mise en ordre et la disposition des objets vers lesquels il faut tourner le regard de l’esprit. » Est-ce que notre président avait les objets vers lesquels, il faut tourner le regard de l’esprit à fortiori les mettre en ordre de priorité ?
Au commencement était la lutte contre la corruption. L’année 2014, l’an I de la gouvernance IBK a été décrété une année de lutte contre la corruption ! La corruption ce serpent des mers, qui a fait l’objet de tentative d’éradication par tous les régimes depuis la première république. On n’a vu aucune évaluation de cette activité gouvernementale. Au contraire on a assisté à des scandales qui ont éclaboussé des membres du gouvernement et même écorné la présidence de la république.
Sur le plan politique, après avoir critiqué les accords de Ougadougou et après avoir tenu un discours de fermeté vis-à-vis du MNLA, la débâcle de l’armée à Kidal en mai 2014, a contraint IBK à négocier avec ce même MNLA ou sa mue, la CMA.
Après les différentes assises nationales, on a assisté à de longues négociations en Algérie qui ont accouché de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale au Mali issu du processus d’Alger.
Depuis plus de deux ans, nous assistons à sa laborieuse mise en œuvre. Pendant ce temps, d’autres foyers d’insécurité sont nés à travers le territoire national et notamment au centre du pays où l’état est quasi-absent. Au lieu de faire de la lutte contre l’insécurité une priorité, IBK lance son projet de réforme constitutionnelle et fixe la date du referendum. Ce qui met le pays en ébullition. Sa dernière trouvaille, c’est la déclaration des biens des fonctionnaires. Une mesure qui soulève un tollé parmi les magistrats et les agents des services d’assiettes de recouvrement : trésor, douanes, impôts etc. Un autre front s’ouvre.
Toutes ces initiatives nous amènent à nous détourner des problèmes cruciaux non résolus du pays. Et finalement, aucun problème crucial n’a eu de solution ; c’est l’impasse.
Ce qui est sûr, on ne peut pas dire du président qu’il manque de méthode de gouvernance, mais les actions de cette méthode s’apparentent plutôt comme le dit l’américain Herman Melville, dans son célèbre roman Moby Dick, à «des entreprises pour les quelles la vraie méthode est un désordre intentionnel .»