Pour atteinte à la sûreté intérieure du pays, détention illégale d’armes à feu, assassinat et tentative d’assassinat, vol, association de malfaiteurs, le procureur du Tribunal de première instance de la Commune III, Sombé Théra, vient d’ouvrir une information judiciaire contre plusieurs officiers des forces armées et de sécurité, dont l’ancien chef d’état-major particulier du président ATT, le général Hamidou Sissoko dit Man, et le fils de l’ex-président Alpha Oumar Konaré, Mamadou Lamine Konaré. Un dossier très délicat pour M Théra qui est désormais pris entre la pression de la junte et les impératifs politiques pour la sortie de la crise.
La nouvelle est tombée mercredi soir : le parquet de la Commune III du district de Bamako a décidé d’ouvrir une information judiciaire contre de hauts gradés de l’armée et de la police nationale. Il s’agit notamment du général de brigade Hamidou Sissoko dit Man (ami du président Amadou Toumani Touré, dont il était le chef d’état-major particulier jusqu’au coup d’Etat du 22 mars), le commandant d’aviation Mamadou Lamine Konaré dit « Mala » (fils aîné de l’ancien président Alpha Oumar Konaré et troisième personnalité de la Sécurité d’Etat sous l’ancien régime), les colonels Abdoulaye Cissé, Hamma Abdel Kader Coulibaly et Abdina Guindo (commandant du régiment des commandos-paras des bérets rouges de Djicoroni jusqu’aux événements du 30 avril dernier), les lieutenants Aly Traoré, Mohamed Ismaël Kanouté et Abdoul Wahab Coulibaly, les commissaires de police Adama Siriman Coulibaly dit « Chine » et Ismaël Traoré.
Des hommes politiques aussi ?
Les officiers ainsi cités sont accusés d’atteinte à la sécurité intérieure du pays, détention illégale d’armes à feu, assassinat et tentative d’assassinat, vol, association de malfaiteurs, etc.
Au Tribunal de la Commune III, on se refuse à tout commentaire sur cette action en justice qui renvoie à la « découverte d’armes de guerre dans le domicile de certains responsables militaires et politiques » (présentées à la télé par le directeur national de la gendarmerie) et au présumé « contrecoup d’Etat » du lundi 30 avril dernier, où des affrontements meurtriers ont eu lieu entre les bérets rouges et les bérets verts, fidèles au capitaine putschiste Amadou Haya Sanogo. A ce jour, on ignore encore le nombre exact des victimes.
Pour de nombreux observateurs, il faut s’attendre à de nouvelles interpellations dans les prochains jours. Car, après la « découverte d’armes de guerre » à Bamako, plusieurs leaders politiques avaient fait l’objet d’arrestation. C’était le cas, entre autres, des généraux Kafougouna Koné et Sadio Gassama, l’ex-Premier ministre Modibo Sidibé, Soumaïla Cissé (candidat de l’URD), etc.
La sortie de crise menacée ?
L’ouverture de cette action judiciaire qui intervient seulement dix jours après la signature d’un accord de sortie de crise entre la junte, dirigée par le capitaine Sanogo, et le médiateur de la Cédéao, risque de compromettre le retour au calme Avec l’interpellation des personnalités ci-dessus citées, leur alliance, le FDR opposé au coup d’Etat, risque de sortir de ses gongs et descendre dans les rues comme il l’avait programmé le mardi dernier. D’ailleurs, ses leaders ont demandé aux leaders des ordres religieux de travailler à la libération des prisonniers politiques à l’instar de l’ancien directeur national de la géologie et des mines, Dramane Dembélé, en détention depuis avril suite à une troublante affaire de SMS échangés avec une dame. Ce proche du président de la transition Dioncounda Traoré demeure le seul politique en détention malgré la pression de la communauté internationale. En attendant, le procureur du Tribunal de première instance de la Commune III semble être pris entre deux feux.