Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Editorial
Article
Editorial

Edito : Le Mali n’est pas leur priorité !
Publié le jeudi 20 juillet 2017  |  Le Pays
Carte
© Autre presse
Carte du mali
Le pays fait partie de la Communauté économique des États de l`Afrique de l`Ouest (CEDEAO) et de l`Union africaine
Comment


La révision constitutionnelle proposée par l’actuel régime divise le peuple malien. Le consensus est loin d’être trouvé et la tension sur le terrain peut s’interpréter sous plusieurs angles. Deux camps, deux analyses. La première, celle du camp du OUI, c’est-à-dire le gouvernement, le RPM et la Convention de la Majorité Présidentielle qui met la contestation dans un contexte politique. Il pense que ceux qui sont contre sont instrumentalisés par l’opposition politique qui à son tour a un agenda caché : déstabiliser le pouvoir.

Ce camp du NON qui est la plateforme s’oppose au regard de la violation de certains principes fondamentaux dans la procédure référendaire. Il parle d’intégrité territoriale, le renforcement du pouvoir du président de la République… Ces deux points fondamentaux lui sont chers et raison pour laquelle il a sollicité le Président de la République de surseoir au projet, ouvrir un dialogue, ensemble s’attaquer aux priorités telle que recouvrer l’intégrité du territoire et après décider de la nouvelle orientation à donner à la loi fondamentale.



Le concept retrait pur et simple pour lequel il se bat est rejeté par le régime qui s’entête et compte par coup de force appeler le peuple au referendum. Pourquoi un tel entêtement ? Que cache la nouvelle loi ?

L’argumentaire, engagements internationaux, avancé et qui exige la révision constitutionnelle ne tient pas. Mais donnons-leur le crédit que cela soit même vrai. A-t-on parlé d’une date ou une période obligatoire à laquelle le referendum doit avoir lieu ? Non ! Si elle est un pan de l’accord d’Alger, ce document dans son application, aucune de ses étapes n’a fait objet de respect de délai prévu. Le calendrier n’a pas été respecté compte tenu de la réalité sur le terrain. Il y a toujours eu des arrangements comme en témoignent, le MOC, les autorités intérimaires, la conférence d’entente nationale, le DDR, la présence des gouverneurs dans certaines régions. Si ces étapes ont bénéficié de marge pour des raisons rationnelles sur le terrain, alors pourquoi la révision aussi ne peut pas être repoussée car contestée sous la forme, le contenu et le moment indiqué pour cela ?

Faisons attention. L’accord d’Alger, contesté par une partie du peuple, était fièrement brandi par le régime comme la seule voie nous conduisant à la paix et que dès sa signature, le Mali sera libre. Des années après, quel bilan devons-nous tirer ? Que de regret ! Ses conséquences sur le terrain devraient en principe servir de leçon à nos gouvernants. Mais ils sont loin de partager cet état d’esprit et aujourd’hui ils s’agrippent à la même analyse pour la sortie de crise. Ils pensent que la révision constitutionnelle amènera la paix. Ils nous font croire que notre survie en dépend et que le Mali respectera obligatoirement ses engagements internationaux. C’est d’ailleurs ce qui fait mal. Le régime prime les engagements dits internationaux au détriment de ses propres engagements pris envers le peuple malien lors des élections. Donc le peuple malien n’est plus une priorité. Ils ne se battent pas pour ce peuple mais plutôt pour d’autres et eux-mêmes.

Si ce n’est cela je ne vois en quoi solliciter le retrait, s’attaquer aux priorités et enfin engager le processus référendaire après un large consensus pourrait être synonyme d’agenda politique à dessein de déstabiliser le Mali. Au contraire, la partie qui s’agrippe à ce projet, fermant les yeux sur les tristes réalités du terrain, c’est bien elle qui ne songe pas au Mali. Son administration, son armée, ses populations déplacées et réfugiées qu’il faut ramener après stabilisation des zones hors contrôle de l’Etat malien n’est plus un souci prioritaire. Le souci, c’est de faire plaisir certainement à la France et la communauté internationale aux côtés desquelles ils auront leurs miettes.

Le peuple s’est montré passif pour l’accord d’Alger, mais cette fois-ci il ne se laissera pas faire. Si la loi doit passer en l’état actuel, au regret de la situation sur le terrain, les initiateurs devraient d’abord marcher sur les cadavres de millions de maliens. Le message est très clair et s’ils veulent la paix, le retrait pur et simple et l’ouverture d’un dialogue entre maliens en est l’unique solution.

Boubacar Yalkoué

Commentaires