« Le pays est en danger! », entend-t-on dans les rues à Bamako. La faute incombe, sans conteste, au président de la République Ibrahim Boubacar Keïta qui s’illustre par une mauvaise gouvernance, corollaire d’une gestion criblée de scandales financiers qui paralysent le fonctionnement de l’Administration et asphyxient l’économie. Aujourd’hui, et ce depuis 2013, les Maliens triment. Un mal vivre qui se conjugue avec l’insécurité, entretenue par un cafouillage monstre dans la mise en œuvre du processus de paix et surtout une nouvelle montée de tension liée au projet de révision constitutionnelle. Du coup, les préoccupations essentielles des Maliens sont renvoyées aux calendes grecques.
Incapable de changer de cap, malgré les multiples cris de détresse, le président de la République a finalement conduit le Mali dans le gouffre. Rien ne va sur les plans économique, social et sécuritaire. Malgré ce chaos généralisé, IBK et son gouvernement se plaisent dans l’autosatisfaction pour masquer leur échec. Des chiffres de croissances sont « fabriqués » comme des preuves du décollage du Mali, alors que le peuple vit un quotidien infernal. Les prix des denrées de première nécessité ne cessent de grimper et le pouvoir d’achat des Maliens s’effrite au fil des jours. Cherté de la vie, bas niveau de la vie, insuffisance des services sociaux de base…le peuple exaspéré.
La forte demande sociale exprimée à travers des grèves décrétées par différents syndicats en dit long sur ce ras-le-bol général. Nul besoin de rappeler les multiples arrêts de travail enregistrés dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la magistrature… Les chômeurs ou encore des débrouillards (petits commerçants et autres) sont dans un état de dénuement total.
Aujourd’hui, les Maliens envient leurs voisins du Sénégal ou de la Côte d’Ivoire. Dans ces pays, les dirigeants savent identifier les priorités et entreprendre à cet effet des actions. Combien de kilomètres de route, des hôpitaux, des centres de santé, des ouvrages agricole ou énergétique… ont poussé des terres, depuis l’accession de Alassane Dramane Ouattara ? Allez-y savoir. En plus, il fait, comme son homologue du Sénégal, des visites fréquentes de terrain pour connaître les réalités du pays. Ainsi prend-il des initiatives qui impactent positivement la vie des citoyens.
Que de scandales !
Ici, le président a même de la peine à passer 72 heures au pays. Depuis son arrivée au pouvoir, le président Ibrahim Boubacar Kéïta a fait un petit tour à Mopti, Sikasso et Ségou. Puis, plus rien. Le peuple, très déçu, lui en voudrait moins peut-être, s’il avait su borner ses limites avec quelques réalisations d’envergure. Hélas !
IBK a déjà passé trois ans à Koulouba, sans initier le moindre chantier de développement. Il se contente d’achever les travaux de ses prédécesseurs. Ainsi le centre universitaire de Kabala, l’hôpital de Mopti ou encore le palais des sports… ont été inaugurés à grand renfort publicitaire. Ces chefs-d’œuvre sont mis dans son bilan. Et pour cause…
Durant les trois premières années de son règne, la République a été éclaboussée par des scandales aussi graves et humiliants que l’affaire Tomi Michel, celles de l’avion présidentiel et du contrat d’armement. D’autres dossiers liés aux nominations controversées et aux dépenses de prestige du locataire de Koulouba ont aussi été révélés au monde entier. Mais longtemps, les patriotes se souviendront du marché de gré à gré de 69 milliards de FCFA attribué en violation des règles des marchés publics, à un proche de la famille présidentielle, Sidi Mohamed Kagnassy, directeur général de la société Guo-Star Sarl et promu aussitôt après conseiller spécial du président. Avec l’avenant, le marché a finalement porté sur 108 milliards de FCFA. Pire, dans le même contrat, les Maliens apprendront que le ministre des Finances a couvert ce marché par une garantie de 100 milliards de francs CFA. En clair, l’Etat a payé la caution de l’adjudicataire à sa place. Ce qui a provoqué l’ire du FMI et d’autres partenaires techniques et financiers.
Justement, les bailleurs de fonds avaient aussi épinglé l’Etat à cause de l’affaire dite de l’achat d’un nouvel avion présidentiel. En effet, hors de toute inscription budgétaire, 20 milliards de francs CFA (16, 17 ou 21 milliards sont invariablement avancés) ont été sortis des caisses de l’Etat pour acquérir un Boeing 737 non encore immatriculé au nom du Mali, alors même que le pays disposait d’un avion présidentiel (Boeing 727) en bon état et dont l’assurance contractée auprès de l’assureur londonien, Allianz, avait été renouvelée jusqu’en cette année 2015. Pour les Maliens et les bailleurs de fonds, c’est moins l’achat proprement dit de l’avion qui posait problème, que le contexte et les conditions douteuses de son acquisition.
La bombe de la révision constitutionnelle
Il n’en fallait donc pas plus pour irriter d’avantage les bailleurs de fonds, fondamentalement le Fmi qui a saisi les autorités maliennes pour en savoir plus sur la provenance des ressources qui ont été injectées dans le contrat d’armement et l’achat de l’avion présidentiel. Le Fmi a suspendu son aide budgétaire au Mali, imité en cela par la Banque mondiale et l’Union européenne.
Le Bureau du Vérificateur général est commis par le Fmi pour auditer ces affaires, ainsi que la section des comptes de la Cour suprême par le gouvernement malien. Les rapports de ces deux structures de contrôle sont accablants : des surfacturations comprises entre 29 milliards et 38 milliards sont décelées, plaçant à nouveau sous les projecteurs le Mali, en quête de redorer son blason.
A cela s’ajoutent d’autres dossiers aussi encombrant que l’affaire Tomi Michel, le poids de la famille présidentielle dans la gestion du pouvoir ; les coûts de la rénovation de la résidentielle privée et du palais de etc. A ces pratiques qui ont paralysé le Mali et occupé IBK, s’y greffe désormais le projet de révision constitutionnelle. Et l’impasse dans laquelle se trouve l’accord pour la paix et la réconciliation qui a été signé, après cinq phases et un incessant aller-retour Bamako-Alger. Cet accord controversé, et qui s’avère finalement être fantomatique, occupe encore IBK et son gouvernement.
Au même moment, les attentats, les mines antipersonnel, les pertes des soldats de la Minusma, les combats, les attaques et le banditisme résiduel,…côtoient au quotidien les Maliens. Des Maliens de surcroit privé de tout et qui manque de tout, y compris le repas ordinaire. Comme si de rien n’était, l’on continue à entretenir les citoyens dans le mensonge d’Etat, sans qu’aucune initiative digne de ce nom puisse émerger pour rassurer les populations.
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