ALGER - Les autorités de transition en Guinée souhaitent parvenir rapidement à un accord avec l’opposition pour organiser des élections législatives sans cesse reportées grâce à un "facilitateur", selon leur ministre des Affaires étrangères Lonseny Fall.
"Nous sommes déterminés à mettre fin à la transition et à mettre toutes les institutions en place", a déclaré lundi le ministre à l’AFP à l’occasion d’une visite à Alger, la première d’une personnalité de ce rang depuis 2006.
"Je crois que très bientôt nous arriverons à un consensus pour que cette élection puisse enfin se tenir", a-t-il annoncé en soulignant qu’il "y aura un facilitateur et que cette question trouvera une solution".
"Beaucoup d’étapes ont déjà été franchies sur la Ceni (Commission électorale nationale indépendante)", dont un changement de président et une recomposition paritaire.
Parmi les problèmes en suspens, le choix de l’opérateur technique chargé du fichier électoral. L’opposition ne veut pas de la société sud-africaine Waymark qu’elle soupçonne de soutenir le président Alpha Condé.
M. Fall a indiqué que pour résoudre notamment cette dernière question il faudra "simplement maintenant trouver un médiateur, un facilitateur", sur lequel il n’a pas voulu s’étendre.
"Je pense que les négociations sont en cours et que bientôt nous aurons une solution", a déclaré M. Fall.
Entretemps, le président Alpha Condé convie l’opposition à des tête-à-tête, alors que se multiplient les manifestations de rue pour un scrutin libre et transparent. L’une d’elles, fin février, a dégénéré et fait six morts.
Le scrutin, repoussé depuis 2011 et maintenant fixé au 12 mai, risque d’être reporté.
A Alger, M. Fall était porteur d’un message de M. Condé au président Abdelaziz Bouteflika et pour relancer la coopération algéro-guinéenne, au point mort depuis des années.
Ses entretiens avec les dirigeants algériens ont aussi porté sur le Sahara, en pleine visite à Alger de Christopher Ross, l’envoyé spécial de l’ONU sur cette question.
"Nous avons dit qu’il fallait laisser les Nations Unies continuer leur travail afin de trouver une solution à cette question qui empoisonne non seulement la vie de l’Union du Maghreb arabe mais aussi l’Union africaine", a expliqué M. Fall, dans une déclaration claire, tranchant avec une position longtemps calquée sur celle de Rabat qui occupe l’ex-colonie espagnole depuis 1975 et la considère partie intégrante du royaume.
"Nous souhaitons vivement que les principes d’autodétermination soient respectés", a-t-il souligné.
La Guinée de Sékou Touré, d’abord très liée à l’Algérie de Ben Bella, s’est transformée en farouche opposant, sous Houari Boumediene, à l’admission de la République arabe Sahraouie démocratique (RASD) à l’OUA en 1976, alors qu’Alger a toujours soutenu les Sahraouis du Front Polisario.
Conakry et Alger sont aussi impliqués au Mali qui leur est frontalier.
La Guinée, membre de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (Cédéao), participe à la Misma (Mission internationale de soutien au Mali) forte de quelque 6.300 soldats africains.
"Nous avons déjà envoyé une compagnie de 140 soldats guinéens au Mali. Il est possible que nous l’augmentions", a indiqué M. Fall, alors que la Misma doit devenir une mission des Nations unies, plus nombreuse et mieux équipée.