BAMAKO - Un journaliste malien arrêté après la publication d’une lettre ouverte de soldats mettant en cause le capitaine Amadou Sanogo, chef de l’ex-junte, a bénéficié mardi d’une liberté provisoire, avant son procès le 16 avril, a indiqué à l’AFP un de ses avocats.
Un tribunal de Bamako "vient d’accorder la liberté provisoire à mon client Boukary Daou. C’est maintenant officiel", a déclaré à l’AFP cet avocat, Me Cheikh Oumar Konaré.
Boukary Daou, directeur de publication du quotidien privé Le Républicain, avait été arrêté le 6 mars dans la capitale par les services de renseignement, puis inculpé le 18 mars de "publication de fausse nouvelle" et d’"incitation à la désobéissance".
Un responsable du tribunal chargé de l’affaire a confirmé l’information de sa libération.
"Nous avons obtenu deux choses avant d’accorder la liberté provisoire à M. Daou : qu’il ne publie plus l’article incriminé et que ses avocats s’engagent à le représenter partout où besoin sera avant le procès" prévu le 16 avril, a affirmé un responsable de ce tribunal qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat.
L’arrestation de Boukary Daou faisait suite à la publication d’une lettre ouverte au président par intérim Dioncounda Traoré, dans laquelle des "soldats au front" se disaient "révoltés par les avantages accordés" au capitaine Amadou Haya Sanogo, auteur d’un coup d’Etat en mars 2012, installé récemment à la tête d’un comité chargé de réformer l’armée. Ces soldats menaçaient de déserter.
Le putsch 22 mars 2012 avait renversé le régime du président Amadou Toumani Touré et précipité la chute du nord du pays aux mains d’islamistes armés liés à Al-Qaïda, qu’une intervention franco-africaine entamée en janvier a chassés des principales villes de la région.
Après l’arrestation de Boukary Daou, les journalistes de la presse privée malienne avaient déclenché une opération "journées presse morte" de plusieurs jours, suivie d’un boycottage des activités du gouvernement.