Animatrice de l’ONG Association de Coopération et de Recherches pour le Développement (ACORD), Mme Kadiatou Traoré œuvre à l’émancipation et surtout à l’autonomisation des femmes des communes de Zégoua et de Loulouni (cercle de Kadiolo) depuis mars 2009. Elle s’est courageusement battue aux côtés des femmes rurales. Et cela malgré les difficultés (elle restée sur place sans salaires, sans moyens de déplacement…) liées en partie à la crise qui a secoué le Mali à partir de janvier 2012 et qui a provoqué la mise en veilleuse de nombreux projets financés par des bailleurs de fonds.
Grâce donc au courage et surtout à la persévérance de Mme Kadiatou Traoré, la Coopérative des productrices de beurre de karité des communes de Zégoua et Loulouni (COOPROKAZE-LOU) reprend progressivement ses activités de production du beurre de karité.
Le 19 février 2012, l’ambassadrice du Canada au Mali avait lancé un projet au bénéfice de ces femmes rurales. Malheureusement, sa mise en œuvre a été contrariée par le coup d’Etat militaire du 22 mars 2012 qui avait contraint de nombreux Partenaires techniques et financiers (PTF) du Mali à geler leur coopération avec le Mali.
Heureusement que, en mars 2016, des partenaires Espagnols se sont engagés à soutenir ces 24 groupements de femmes pendant 2 ans, donc jusqu’en février 2018. Ils vont ainsi soutenir la formation des productrices et l’équipement des groupements (moulins, aires de séchage…). Déjà quatre moulins ont été offerts à des groupements.
Réputé pour sa qualité irréprochable, ce beurre de karité est fabriqué de façon artisanale et produit dans le respect de l’environnement. Il est extrait par barattage d’amandes de karité bouillie et séchées au soleil et très riche en vitamines (A, D, E et F).
Il est très prisé car la Cooprokaze-lou reçoit les commandes de l’extérieur du pays, notamment en Côte d’voire. «C’est un beurre de très bonne qualité qui s’adapte à tous les usages, de la cuisine à l’utilisation comme cosmétique. C’est un beurre pur et sans aucune odeur. Maintenant, j’envoie de nombreux pots à mes filles et à des amies en France et aux Etats-Unis chaque fois que l’opportunité se présente. Elles en raffolent», souligne une cliente rencontrée à Bamako à notre retour. Malheureusement, elle se heurte souvent à un problème de pots ou d’étiquetage.
Pour rentabiliser cette activité, qui bénéficie déjà à des centaines de femmes rurales et à leurs familles, Mme Kadiatou Traoré souhaite élargir la gamme des produits dérivés du beurre de karité. La coopérative souhaite donc s’investir dans la fabrication des pommades, des savons parfumés aux carottes ou au miel…
«Nous cherchons des bailleurs de fonds pouvant nous aider non seulement à augmenter le prix d’achat du beurre de karité aux productrices, mais aussi à multiplier la gamme de nos produits. La concurrence est rude à cause de la qualité du beurre produit dans la zone. Mais, la transformation du beurre en produits dérivés sur place rapportera plus aux femmes de la zone en termes de valeur ajoutée», souligne Mme Kadiatou Traoré.
Face à une telle requête, les regards se tournent naturellement vers l’ONG Accord, mais surtout vers le gouvernement malien à travers le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille.
Le Fond d’appui à l’autonomisation de la femme et à l’épanouissement de l’enfant (FAFE) doit aussi servir à soutenir et à consolider les acquis de telles initiatives. On se rappelle que, en 2015, le gouvernement malien a mis une enveloppe de 500 millions de francs CFA à la disposition dudit fonds.
Moussa Bolly