Selon plusieurs rapports de presse algériens, Mokhtar Belmokhtar (alias le "borgne") est né le 1er juillet 1972 à Ghardaïa, une province au sud de l'Algérie. Il était un soldat dans l'armée algérienne. Après avoir acquis une expérience militaire en Afghanistan, Il est revenu au sud de l'Algérie et a rejoint un réseau de contrebande qui est finalement devenu une partie du Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC). Des contacts dans la presse algérienne caractérisent Belmokhtar comme un contrebandier et un escroc en premier lieu, profitant du trafic d'armes et de contrebande entre le Mali, le Niger et l’Algérie.
La journaliste d’El Watan, Salima Tlemçani, a couvert les problèmes de terrorisme en Algérie depuis de nombreuses années et elle a d'excellents contacts au sein des milieux sécuritaires algériens. Selon elle, l’alliance entre Belmokhtar et Amari Saïfi donna aux deux dirigeants du GSPC le contrôle du sud de l'Algérie. Tlemçani affirme qu'avec l'aide de Belmokhtar, Saïfi mena le kidnapping de 32 étrangers en 2003 ; ce qui a généré un montant astronomique de 3,7 milliards de F CFA de rançon pour le GSPC et augmenta leur pouvoir au sein de l'organisation terroriste.
Le 23 juin 2007, l'auteur, Hmida Ayachi, considéré par beaucoup comme le principal expert algérien sur les extrémistes islamistes, affirma que le mariage de Belmokhtar avec une touareg malienne lui a valu la loyauté des clans touaregs qui résident près de la frontière algéro-malienne. Cette alliance protégeait son trafic de contrebande. Il semble aussi que Belmokhtar payait AQMI pour lui permettre de continuer son commerce de contrebande tranquillement. Le journaliste Moqadam déclara que Belmokhtar n'était pas d'accord avec les tactiques d’AQMI justifiant le meurtre de civils. L'auteur algérien Ayachi était aussi d'accord avec l'analyse de Moqadam, affirmant que l’accord entre Belmokhtar et AQMI était très fragile pour des raisons idéologiques.
A un moment, Belmokhtar avait utilisé des membres de sa famille pour contacter les services de sécurité de l'Algérie pour essayer de négocier un accord pour qu'il «se repente » en vertu de la Charte de la réconciliation nationale de 2005. Selon un article dans le journal Echourouk, Belmokhtar donna aux autorités algériennes les conditions suivantes de son repentir :
- Immunité contre les poursuites pour lui-même et trois assistants ;
- Autorisation de s'installer sans entraves dans le nord du Mali ;
- Un passeport algérien, à condition qu'il réside avec la tribu Barabsha au Mali, la zone tribale de sa femme ;
- Une garantie qu'aucun mal n’arrivera à sa famille et que son patrimoine ne sera pas confisquée.
Belmokhtar voulait un accord parce qu'il craignait une attaque. Pour cette raison, il refusait de voyager en dehors de sa zone dans la frontière algéro-malienne.
En revanche, l'auteur Hmida Ayachi pensait que l’accord entre Belmokhtar et le gouvernement algérien était de la désinformation fabriquée par le Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS). Belmokhtar avait appelé personnellement l’auteur pour dissiper les rumeurs qu'il cherchait une amnistie. Certaines sources pensèrent que le prétendu accord d'amnistie de Belmokhtar et les démentis avaient un sens logique. Un trafiquant établi comme Belmokhtar voudrait avoir autant d'options que possible à sa disposition. En secret, il essaya de négocier un accord. Mais en même temps, son démenti public lui permit d'éviter les représailles d’AQMI. D'après le journaliste Ikram Ghioua, Belmokhtar cherchait une amnistie parce qu'il était lui-même devenu une cible d’AQMI.
Avoir des informations crédibles sur AQMI et les éléments du GSPC est exceptionnellement difficile, en particulier avec les efforts de désinformation du renseignement militaire algérien. Cela dit, tous les contacts américains caractérisent Belmokhtar comme un brigand plus qu'un combattant idéologique. L'offre de Belmokhtar d’arrêter de lutter contre le gouvernement algérien suggère qu'il n'était pas particulièrement proche du leadership d'AQMI dans le nord de l'Algérie. C’est cette région qui est le plus impliquée dans les attentats terroristes qui affligeaient l'Algérie.
Même s'il n'était pas proche d'AQMI, un opportuniste comme Belmokhtar pouvait décider qu’il était dans son intérêt immédiat d'aider AQMI. Mais il pesait probablement chaque décision avec attention.
Amadou O. Wane
Collaborateur externe,
Floride, Etats-Unis
amadou@amadouwane.com