Aujourd’hui la mendicité est un phénomène explosif à Bamako et partout sur le territoire du pays. Les rues et les goudrons fourmillent d’enfants, tenant de boîtes de tomates ou de calebasses en guise de sébiles, faufilant entre les véhicules au risque de se faire écraser.
Des efforts de sensibilisation et sans doute de dissuasion sont en cours par le gouvernement et le Haut Conseil Islamique pour sensibiliser. Faut-il alors interdire la mendicité ? La mendicité est devenue un véritable problème quotidien. En effet, au Mali, de petits enfants de cinq (5) ans et plus, sont confiés à des marabouts connaisseurs de Coran, par leurs parents dans le but de leur apprendre l'Arabe et le livre Saint.
Cette pratique qui devrait consister à faire connaître Dieu à ces enfants, n’est plus dans son assiette d’antan. Elle a totalement perdu sa valeur, et s’est métamorphosée en une source d’exploitation ou de gagne pains pour ces maitres coraniques. On note aussi la mendicité des femmes porteuses de jumeaux. Selon certains, la tradition veut que tout couple riche ou non, promène les jumeaux que le ciel leur a gratifié. La pratique aurait l'avantage de protéger les jumeaux et les petits sous récoltés serviront à leurs besoins. Rien de ce à quoi, nous assistons. Ce sont bien, des enfants loués moyennant commissions versées aux parents biologiques.
Aux côtés de ces mères promeneuses de jumeaux avec l'aval de leurs parents, sur les artères de la capitale, tous les jours, de petits enfants mendiants allongés presque sur les routes livrés à toutes sortes de pratiques, prostitution, prises de tabac, drogue, et pire dans le vol à la sauvette. Les conséquences de ce fléau on va le dire comme ça, sont dangereuses car la mendicité cultive la paresse, l'esprit de délinquance et toutes sortes de manipulations sociales, des dealers en devenir.
Faut-il interdire la mendicité, ou quelles peuvent être les mesures susceptibles facilitant un meilleur recadrage des enfants abandonnés dans les rues ?
Le gouvernement du Mali et le Haut Conseil Islamique sont à la tâche de sensibilisation afin que les marabouts ou les leaders religieux se livrant à cette pratique fassent preuve de sérieux dans l'accompagnent, l'éducation et la protection des enfants dont ils ont la charge. Interpellés par la gravité de la situation, nous avons approché des enfants mendiants, pour pouvoir comprendre les raisons.
Pourquoi mendient-ils, la même et unique réponse. Tous égrènent le même chapelet, notre maitre nous a dit de revenir avec telle somme par semaine, soit par manque de moyens. Mais aux dires d’un vieux mendiant Bakary Traoré, guidé par un enfant de moins de dix (10) ans tenant sa canne : « Je mendie parce que je n’ai pas d’autres choix, voyez vous-mêmes, je suis privé de vue. A part cet enfant, je n’ai plus personne, et il n’a pas assez grandi pour travailler. »Nous lui avons posé une seconde question : Rêvez-vous un jour de ne plus mendier ?
En réponse : « Qui ne rêve pas la sérénité ? Personne ! Tout le monde souhaite qu’un jour quelqu’un te prenne en charge. Et c’est pourquoi, je prie Dieu chaque tous les jours de ne pas me laisser mourir dans la rue la main tendue aux passants! » Après avoir demandé l’avis de certains mendiants, les leaders religieux. Nous rappelant les propos de Chérif Ousmane Madani Haidara, un des leaders religieux qui, s’exprimant lors d’une interview chez nos confrères de la télévision nationale sur le sujet disait que : « Auparavant, les apprenants coraniques, s’adonnaient aux travaux champêtres pour le compte de leurs maitres, et en retour, ils recevaient des bénédictions. Mais aujourd’hui, c' est tout le contraire. Il ne reste que la prière pour nous et pour le pays. »
Moriba Diawara
(Stagiaire)